Explication du Psaume 51

§ 45. La multitude des compassions de Dieu.

Les mots hébreux dont David se sert, sont remarquables. רב qui signifie beaucoup, une multitude ; on s’en sert pour dénoter une quantité étendue : le mot חֶסֶד est souvent exprimé dans le Nouveau Testament par bienfait ; comme Saint Paul dit (1 Timothée 6.2) : Que les serviteurs doivent être soumis à leurs maîtres fidèles, d’autant qu’ils sont participants du même bienfait de l’Évangile comme eux, c’est-à-dire de la même grâce. Il se tourne aussi quelquefois par le mot de dilection ou d’amour, et l’interprète grec le tourne par miséricorde ; comme dans ce passage Osée 6.6 : Je veux miséricorde et non point sacrifice ; c’est-à-dire, je veux que vous exerciez la bienveillance et la charité les uns envers les autres. Et c’est ainsi qu’il tourne aussi en notre passage, aie pitié de moi, selon ta grande miséricorde (notre français dit, selon ta gratuité) : l’autre terme רָחַם, signifie quand on revêt un esprit clément et bénin, qui ne veut point regarder et avoir égard au péché, mais qui veut le pardonner et l’oublier ; comme en ce passage : J’aurai compassion de qui j’aurai compassion ; c’est-à-dire, je pardonnerai et j’effacerai le péché.

Voyez comment David conjoint admirablement bien ces deux choses ; savoir, que Dieu premièrement a pitié de nous, qu’il nous fait du bien quoique nous ne le méritions pas, et ensuite qu’il nous pardonne nos péchés, lequel pardon nous embrassons par la foi, par la force de l’Esprit de Dieu et en conséquence des promesses. Car si Dieu n’agit avec nous par pure grâce, sans mérite de notre part, il n’y a nulle satisfaction qui puisse valoir, et ainsi nous n’ayons aucun moyen de subsister devant lui. Nos jeûnes, nos œuvres, et tous les Anges même, ne pourraient pas nous donner le salut ; mais le seul moyen de salut qui nous reste, c’est d’avoir recours à la miséricorde, et de chercher auprès de Dieu pardon et grâce, de sorte qu’il ne regarde point à nos péchés et à nos transgressions, mais qu’il les excuse et qu’il agisse avec nous selon la grandeur de ses compassions, sans quoi nous ne sommes pas dignes que Dieu nous donne une heure de vie, ni même une bouchée de pain.

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