Explication du Psaume 51

§ 48. Ce qu’il faut entendre par : « efface mes péchés. »

En entendant ceci nous croyons au premier abord qu’il n’y a rien de si facile à pratiquer ; mais je vous assure qu’il y a ici de la peine, et qu’il faut du travail pour pratiquer ceci dans l’heure de la tentation. Ah ! ce n’est pas d’une chimère qu’il s’agit, il s’agit du malheur éternel, et c’est pour le salut d’une âme immortelle qu’on combat ; et dans ces moments, on sent non seulement la conscience qui se récrie, et qui ne veut point admettre de miséricorde, mais aussi Satan nous met dans l’Esprit mille pensées de mort à cause des péchés que nous avons commis. Ainsi se dire, se sentir, se reconnaître pécheur et pourtant ne point tomber dans le désespoir, c’est une efficace divine et une opération de la grâce ; mais nous n’éprouverons jamais cette efficace si, comme font nos adversaires, nous voulons exténuer le péché ; mais voici ce qu’il faut faire ; il faut voir la grandeur et la laideur du péché, et le sentir et le confesser tel, mais en même temps se laisser convaincre par le Saint-Esprit que la miséricorde est infinie et inépuisable, comme David le dit : Selon la grandeur de tes compassions, efface mes iniquités.

Il faut remarquer ce mot d’efface, dont David se sert ici et que Saint Paul emploie aussi (Colossiens 2.14) : Il a effacé l’obligation qui était contre nous. Et Saint Pierre (Actes 3.19) : repentez-vous afin que vos péchés soient effacés. Ce terme veut nous faire comprendre que le péché est écrit dans nos consciences avec le burin de fer de la loi ; et David demande que comme on raye, ou on efface une écriture d’une tablette, qu’ainsi ses péchés soient effacés et rayés de sa conscience et de devant les yeux de Dieu ; mais pourtant d’une telle manière que la gratitude et la reconnaissance ne manquent pas de s’en suivre, car le péché et la coulpe sont pardonnés et ôtés d’une telle manière qu’on n’oublie pas d’en rendre ses actions de grâces, comme ceux dont Pierre dit, qu’ils ne marchaient point dans l’avancement en tout bien, qu’ils avaient oubliés que leurs vieux péchés avaient été effacés et que par leur incrédulité et leur ingratitude, ils accumulent de nouveaux péchés ; comme nous voyons aujourd’hui le monde plein d’un mépris déplorable pour l’Évangile de Dieu et de toute justice. Dans de pareils cas, le péché n’est pas effacé, mais il est gravé et empreint de plus en plus dans le cœur.

David donc dans ces paroles entend ces deux choses, que ses péchés soient abolis, ôtés et effacés, et que le Saint-Esprit lui soit donné, afin de pouvoir résister au péché et le détruire. Mais en ce qu’il fait seulement mention de l’effacement et de l’abolition du péché, il veut nous apprendre par là comment nous sommes justifiés ; savoir, par la pure et simple imputation de la justice de Jésus, lorsque par la grâce les péchés sont effacés et que pour l’amour de Jésus, nous sommes reçus en grâce.

Comparez cette doctrine avec les songes creux de la science humaine, vous verrez combien peu ils ont compris et démontré la salutaire doctrine de la rémission des péchés et de la véritable justice.

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