John Wesley, sa vie et son œuvre

3.4 Travaux abondants. Nouveaux renforts (1755-1760)

Reconnaissance de Wesley. — Son activité. — Sa sérénité d’âme. — Son économie et sa libéralité. — Aspirations au repos. — Mme Wesley renonce à accompagner son mari. — Les tournées de Wesley. — Première visite a Liverpool. — Visite à Hornby. — Baptême de deux noirs. — Nathanaël Gilbert, le fondateur de la première mission méthodiste. — Wesley à Norwich, il y relève une société en ruines. — Les Cornouailles. — Bristol. — Leeds. — Birmingham. — Manchester. — Un incident à Newcastle. — Whitefield est presque lapidé en Irlande. — Wesley assailli à Carrick. — La guerre de Sept ans. — Descente des Français en Irlande. — Rapports de Wesley avec le général Cavenac. — Il s’occupe des prisonniers français. — Ministres anglicans amis du méthodisme : Baddiley, Goodday, Conyers, Venn, Romaine, Shirley. — John Berridge : ses rapports avec Wesley ; une lettre sur son œuvre. — John Newton : ses commencements. — Auguste Toplady. — Jean de La Fléchère. — L’adresse au clergé. — Relations affectueuses avec Whitefield et ses amis. — Publications hostiles. — Relations du méthodisme avec l’Église anglicane. — Ecrits de Wesley. — Le méthodisme en 1760.

En reprenant le cours de ses travaux interrompus par la maladie, Wesley éprouvait une vive reconnaissance envers Dieu pour la grande œuvre de réveil qui, pendant les quinze dernières années, avait si profondément modifié la situation religieuse de la Grande-Bretagne. Nous trouvons dans son journal de cette époque un passage qui exprime bien ce sentiment :

« Je me suis senti, écrit-il, tout pénétré par le sentiment de la grandeur merveilleuse de l’œuvre que Dieu a accomplie en Angleterre pendant ces dernières années, et, sous l’impression de ces pensées, j’ai prêché sur ce texte : « Il n’a pas fait ainsi à toutes les nations. » (Psaumes 147.20) En effet, nulle part, ni en Écosse ni dans la Nouvelle-Angleterre, Dieu n’a manifesté son bras d’une manière aussi étonnante. La chose paraîtra évidente à quiconque voudra considérer impartialement : 1° le nombre des personnes qui ont été réformées ; 2° la rapidité de l’œuvre chez plusieurs qui ont été convaincus de péché et convertis en quelques jours ; 3° sa profondeur chez la plupart des personnes, dont elle a changé le cœur aussi bien que toute la conduite ; 4° sa clarté, qui permet aux âmes de s’écrier : « Tu m’as aimé et tu t’es donné toi-même pour moi ; » 5° enfin, sa continuité. En Écosse et dans la Nouvelle-Angleterre, des réveils ont éclaté à diverses reprises et ont duré quelques semaines ou quelques mois, tandis que le mouvement méthodiste dure depuis dix-huit ans environ, et cela sans interruption appréciable. Et, par-dessus tout, qu’on veuille bien remarquer ceci que, tandis que le clergé régulier a pris une large part dans les réveils de l’Écosse et de la Nouvelle-Angleterre, c’est à peine si chez nous deux ou trois ecclésiastiques sans importance se sont associés au réveil, avec quelques jeunes gens illettrés ; quant à la masse du clergé et des laïques, elle s’y est opposée de toutes ses forces. Celui qui prendra la peine d’y réfléchir reconnaîtra que c’est bien là une œuvre de Dieu, et qu’en réalité « il n’a pas fait ainsi à toutes les nationsa. »

aJournal, 16 juin 1755.

Wesley avait dépassé le milieu de la vie, sans rien perdre de l’ardeur et de l’activité de la jeunesse. Il parcourait en moyenne cinq mille milles par anb, presque toujours à cheval, et ne se laissant jamais arrêter par la rigueur de la température. Il prêchait deux ou trois fois chaque jour, présidant invariablement un service à cinq heures du matin, en toute saison. Tout en chevauchant à travers les comtés de l’Angleterre, il lisait les ouvrages les plus divers ; théologie, histoire, littérature, science, tout l’intéressait, et il savait admirablement tirer parti de toutes ses lectures ; ses goûts de lettré persistaient, et les classiques de l’antiquité étaient son étude favorite. Jamais peut-être homme ne lut plus que lui ; les notes sur ses lectures, qu’il consignait dans son journal, indiquent un jugement original et généralement sûr.

b – Environ 7 500 kilomètres, ou une moyenne de plus de 20 kilomètres par jour.

Doué d’un caractère heureux, il portait allègrement le poids d’occupations si considérables que leur énumération suffit à donner le vertige. Il nous assure que dix mille soucis ne lui pesaient pas plus sur l’esprit que dix mille cheveux sur la tête. Tous les témoignages contemporains s’accordent, en effet, à nous le représenter comme jouissant d’une belle sérénité d’âme qui rayonnait sur tous ceux qui l’approchaient. C’est, en particulier, le témoignage d’un homme fort distingué, Alexandre Knox, qui, sans avoir été son disciple, fut son ami pendant vingt ans : « Son apparence aussi bien que sa conversation, dit-il, exprimaient une joie de cœur habituelle que rien n’eût pu lui donner, si ce n’est une vertu et une innocence conscientes d’elles-mêmes. Il fut, en vérité, le plus parfait exemple de bonheur moral que j’aie jamais vu ; et mes rapports avec lui ont plus fait pour me prouver que la maturité de la piété chrétienne est le ciel sur la terre, que ne l’a fait tout ce que j’ai vu, entendu ou lu ailleurs, si ce n’est dans le volume sacréc. »

cRemarks on the Life and Character of John Wesley, à la suite de la Vie de Wesley de Southey, t. II, p. 209.

Le caractère si aimable et tout ensemble si sérieux de Wesley lui donnait un remarquable ascendant sur ceux avec qui il était en relations. C’était une fête pour tous les membres d’une famille que l’arrivée du grand missionnaire sous leur toit ; il savait mettre tout le monde à l’aise, et réussissait surtout à se faire aimer des enfants, auxquels il témoignait une vive affection.

Sa simplicité et sa frugalité lui permirent d’accepter une existence nomade, qui, par ses privations et ses renoncements quotidiens, eût été impossible à la plupart des hommes. A force d’économie, Wesley avait réussi à subvenir à ses dépenses sans être aucunement à charge à ses sociétés, n’acceptant d’elles que l’hospitalité modeste qu’elles lui offraient dans ses voyages. On calcule qu’il consacra à des œuvres charitables, pendant la durée de sa vie, une somme approximative de 750 000 francs. Sa manière de vivre était si simple, que, lorsque les répartiteurs de l’impôt sur l’argenterie de table s’adressèrent à lui, pensant qu’un homme aussi considérable devait avoir quantité de vaisselle d’argent, il put leur répondre : « J’ai deux cuillers à thé en argent à Londres et deux à Bristol ; c’est là toute l’argenterie que je possède pour le moment, et je n’en achèterai pas davantage tant qu’un si grand nombre de gens manqueront de pain autour de moi. »

Wesley avait accepté la vie missionnaire comme un devoir, et là où était son devoir il savait trouver son plaisir. On rencontre çà et là pourtant dans son journal certaines notes qui indiquent que, s’il n’eût écouté que ses goûts, il se fût fait une vie moins agitée. Pendant un court arrêt dans un village irlandais, il écrit : « Si je ne croyais pas à un autre monde que celui-ci, je ne me laisserais pas ramener dans une grande ville. Avec quelle joie je passerais dans la solitude et la retraite le reste d’une vie occupée ! » Une autre fois, il fait halte dans une petite maison isolée sur la côte romantique du pays de Galles. « Je me suis trouvé là, dit-il, dans un lieu tranquille et solitaire, maxime animo exaptatum meo, que j’ai envié de toute mon âme, où n’arrivait aucune autre voix humaine que celle des membres de la famille. » Il dit ailleurs qu’il passerait volontiers tous ses étés à Newcastle ; « mais, ajoute-t-il, je cherche une meilleure patrie, et c’est pour cela que je suis content d’être errant sur la terred. »

dJournal, 5 juin 1759.

Errant, il continuait à l’être, quoiqu’il fût marié. Mme Wesley l’avait accompagné quelquefois dans les premiers temps de leur union, mais une telle existence n’était pas de son goût ; et l’incompatibilité de plus en plus prononcée de leurs caractères les amena à suivre chacun sa voie. Wesley, n’ayant pas eu la sagesse de suivre l’exemple de-saint Paul en restant célibataire, eut celle d’obéir à son précepte : Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient pas !

Chaque année, il faisait une grande tournée qui le conduisait dans les comtés du nord de l’Angleterre, en Irlande et souvent en Écosse, et qui durait de trois à six mois. Celle de 1758 dura même près de neuf mois. De retour à Londres, où il avait son logement contigu à la chapelle de la Fonderie, il y restait rarement plusieurs semaines de suite, et faisait des visites plus ou moins longues en Cornouailles, à Bristol et dans l’est. Tout le long de sa route, il trouvait maintenant des groupes méthodistes déjà constitués, ou tout au moins des amis disposés à l’accueillir. Il s’écartait volontiers d’ailleurs des chemins déjà parcourus pour visiter de nouvelles localités.

Ce fut en 1755 qu’il visita Liverpool pour la première fois. Cette ville, qui est aujourd’hui la deuxième de la Grande-Bretagne, avec plus d’un demi-million d’habitants, était alors dans son enfance. Wesley, qui y passa cinq jours, remarqua qu’en quarante ans elle avait triplé sa population. « Si elle continue à grandir dans la même proportion, dit-il, elle égalera presque Bristol dans cinquante anse. » Ses prévisions devaient être bien dépassées ; la population de Liverpool est près de quatre fois plus considérable que celle de Bristol. Avec cette sûreté de jugement qui lui faisait discerner les points stratégiques importants, Wesley voulut que le méthodisme prît solidement pied dans cette ville, qui avait un si grand avenir. Il y possédait déjà une chapelle et une société. Il y trouva « la population la plus douce et la plus courtoise qu’il eût encore rencontrée dans un port de mer ; elle témoigne, dit-il, de la bienveillance aux juifs, aux papistes et même aux méthodistes. Matin et soir, un grand nombre de personnes sont venues avec empressement écouter la prédication. Plusieurs, à ce que j’ai appris, sont grands amateurs de controverse ; mais j’avais mieux à faire, et je leur ai annoncé « la repentance envers Dieu et la foi en Jésus-Christ ».

eJournal, 15 avril 1755.

En 1757, il s’arrêta, pendant l’une de ses visites dans le nord, à Hornby. Il trouva là des méthodistes que le landlord, ou seigneur du sol, avait expropriés de leurs maisons, pour les châtier de leurs préférences religieuses. Ils ne se laissèrent pas intimider et se construisirent de petites maisons en dehors de la ville, et ils vivaient là ensemble, au nombre de quarante ou cinquante, formant une petite communauté chrétienne très intéressante.

Wesley avait visité pour la première fois en 1748, à Wandsworth près de Londres, une petite société qui, exposée à toutes les fureurs d’une populace sans compassion et à tous les dédains de magistrats sans justice, fut bientôt dispersée. Lorsqu’il revint, dix ans plus tard, dans cette localité, il y fut reçu par un riche planteur des Antilles, nommé Nathanaël Gilbert, qui y faisait un séjour temporaire. Cet homme appartenait à une grande famille anglaise et comptait parmi ses ancêtres le célèbre navigateur sir Humphrey Gilbert, demi-frère de sir Walter Raleigh. Il avait reçu une excellente éducation et avait été président de l’Assemblée législative de l’île d’Antigua, où sa famille était fixée. L’un de ses frères, converti en Angleterre par le moyen de Wesley, lui envoya quelques-uns de ses écrits qui firent sur lui la plus vive impression. Il vint passer deux ans en Europe, principalement afin d’entrer en relations personnelles avec l’homme dont les écrits avaient troublé sa conscience.

Dans la visite que Wesley lui fit en janvier 1758, deux noirs attachés au service de Nathanaël Gilbert furent « profondément réveillés ». En enregistrant ce fait dans son journal, Wesley ajoute : « Le salut ne doit-il pas être connu de toutes les nations ? » Le 29 novembre suivant, il baptisa ces deux enfants de la race africaine. « L’un est profondément convaincu de péché, dit-il, et l’autre se réjouit en Dieu son Sauveur. C’est le premier chrétien africain que j’aie connu. Mais notre Seigneur ne doit-il pas, au temps marqué, posséder ces païens eux-mêmes comme son héritage ? »

« Comme le gland contient le chêne, dit M. Tyerman, ainsi ces simples notes contiennent le germe des œuvres et des succès merveilleux du méthodisme parmi les noirs fils de la ténébreuse Afrique, depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui, non seulement en Afrique même, où des milliers de noirs ont été amenés à la foi, mais surtout aux Antilles, où les conversions se comptent par dizaines de milliers, et aux Etats-Unis, où elles sont au nombre de plusieurs centaines de milliersf. »

f – Tyerman, Life of Wesley, t. II, p. 298.

Ce fut Nathanaël Gilbert lui-même qui commença cette grande œuvre. De retour à Antigua en 1759, il se mit à évangéliser ses esclaves, ouvrit un lieu de culte et fonda une société, qui à sa mort, survenue en 1774, comptait soixante membres.

Nous avons parlé plus haut de James Wheatley, ce prédicateur que Wesley avait dû expulser, quelques années auparavant, à cause de son inconduite, ce qui ne l’avait pas empêché de réussir à se créer à Norwich une Église très nombreuse, pour laquelle une grande chapelle avait été construite. Tout ce mouvement semblait irréparablement compromis par une nouvelle chute de son conducteur, lorsqu’on se décida à charger Wesley de liquider la situation. Il y fit, à diverses reprises, des séjours assez prolongés ; en 1759, il y passa un mois entier, pendant lequel il dut, selon sa propre expression, « tout tirer des cendres ». Il réorganisa une société de plus de six cents membres, établit des classes, exigea que les hommes et les femmes occupassent des places distinctes au culte, et prit des mesures pour que la cène fût administrée avec décence. « Je ne sais pas, écrivait-il à Ebenezer Blackwell, l’un de ses amis, si j’ai jamais eu sur les bras une œuvre aussi critique que celle où je suis engagé en ce moment. J’essaye de rapprocher ceux que James Wheatley avait réunis et que sa conduite a ensuite dispersés. Plusieurs ont un esprit indiscipliné, ayant toujours été habitués à conduire leurs conducteurs, de telle sorte que je me demande s’ils pourront jamais se soumettre à une discipline quelconque. »

Quelques mois après, lorsqu’il revint à Norwich, Wesley put se convaincre, s’il en avait douté, que ce n’était pas chose aisée que de relever une œuvre qui avait traversé une pareille crise. « Je prêchai, dit-il, à une assemblée nombreuse, mais rude et bruyante. Ils avaient été évidemment fort mal éduqués par leurs précédents conducteurs. Je résolus de les amender ou de les abandonner (to mend them or end them). Dès le lendemain matin, après le sermon, je leur rappelai qu’il n’était pas décent de se mettre à jaser entre eux à peine le service fini, comme s’ils étaient dans un café. J’eus le plaisir d’observer, le dimanche suivant, qu’ils se retiraient chez eux tranquillement et sans bruit. »

Il allait ainsi de ville en ville et de village en village, évangélisant les masses et organisant les sociétés. En 1760, il fit en Cornouailles trente prédications en onze jours, sans parler des visites, et il eut la tristesse de découvrir que, par suite de la négligence des prédicateurs, les membres, qui étaient dix-sept cents à sa précédente visite, n’étaient plus que douze cents. La société de Bristol était tombée de neuf cents membres à un peu plus de la moitié de ce chiffre. Wesley employa plusieurs jours à voir individuellement les membres pour s’enquérir des causes de ce mal. Il remarqua que la prospérité matérielle, à laquelle plusieurs étaient arrivés, amenait souvent avec elle la décadence spirituelle. Il organisa des classes de catéchumènes, destinées à instruire dans les vérités religieuses les enfants des membres ; elles comptèrent dès le commencement quatre-vingts élèves.

A Leeds, il dut tenir tête aux conducteurs de la société, qui lui créaient des embarras par leur esprit querelleur. Il décrit Birmingham comme « une localité stérile, desséchée, désagréable. La plus grande partie de la semence qui y a été semée depuis tant d’années, ajoute-t-il, a été ravagée par les sangliers ; les arrogants, impurs, profanes antinomiens l’ont complètement détruite. Et les renards mystiques se sont donné de grandes peines pour gâter, avec leur nouvel évangile, ce qui restait encore. » Il constatait toutefois, après avoir fait ce triste tableau, que « Dieu semblait avoir une bénédiction en réserve pour cette ville, que beaucoup de gens assistaient à la prédication et que la présence de Dieu était sensible au milieu du petit nombre de ceux qui étaient demeurés fidèles. » Quelques années plus tard en effet, cette société se relevait et prenait un grand essor.

A Manchester, où, grâce à la connivence des autorités, la populace avait fort tourmenté les méthodistes, les choses avaient changé d’aspect, et la fermeté de quelques magistrats avait suffi pour couper court aux velléités de désordre.

En 1759, il trouva dans le circuit de Newcastle environ dix-huit cents membres. Il continuait à prêcher non seulement dans la chapelle de cette ville, mais encore dans les rues. Un jour, après l’avoir fait, il écrivait : « Rien d’étonnant que le diable n’aime pas la prédication en plein air ! Moi non plus, si je m’écoutais, je ne l’aimerais pas. J’aime une salle commode, un coussin confortable, une chaire convenable. Mais que vaudrait mon zèle si, pour sauver une seule âme, je ne foulais pas tout cela sous mes pieds ? » Dans une de ces occasions, comme il prêchait sur les escaliers de la Bourse, on lui jeta de la boue et quelques œufs pourris ; mais une grosse poissonnière, excitée peut-être par la boisson, se mit à côté de lui, le couvrit de sa large personne et, montrant le poing aux assaillants, leur cria : « Si quelqu’un de vous lève la main sur ce petit monsieur, il aura affaire à moi. » Les tapageurs se le tinrent pour dit et furent tranquilles jusqu’au bout du sermong.

g – Tyerman, Life of Wesley, t. II. p. 331.

Ces années furent relativement paisibles. Quand l’esprit persécuteur se réveillait encore, ses accès n’étaient plus aussi violents qu’autrefois. De temps en temps, les réunions en plein air étaient encore troublées, et l’on menaçait de démolir ou de brûler les maisons où s’assemblaient les méthodistes. En Irlande, les haines politiques et religieuses continuaient à alimenter le fanatisme. Dans une visite qu’y fit Whitefield en 1757, il fut presque massacré à Dublin, parce qu’il avait prié pour le roi et pour le succès des armes de ses alliés. Des centaines de catholiques l’accompagnèrent en lui jetant des pierres. Malgré son chapeau qui lui protégeait la tête, il eut la figure tout ensanglantée. Son chapeau ayant été enlevé dans la bagarre, il put croire que sa dernière heure était venue et que, comme Etienne, il allait « s’élever, par une sanglante immolation, jusqu’en la présence immédiate de son Maître. » Il essaya de se réfugier dans la maison d’un ministre, dont la femme refusa de le recevoir. A la fin, il fut sauvé par quelques amis qui réussirent à le faire entrer dans une voiture. « J’échappai, dit-il, à travers les blasphèmes et les imprécations des papistes qui remplissaient les rues. Les méthodistes, qui pleuraient déjà sur moi, me reçurent avec une affection incomparable ; un chirurgien chrétien pansa mes plaies, et je me rendis ensuite dans un lieu de réunion, où nous chantâmes un hymne de louange à Celui qui apaise le bruit des vagues et la fureur des méchants. Le lendemain matin, je partis pour Portarlington et laissai mes persécuteurs aux compassions de Celui qui a souvent changé les persécuteurs en prédicateursh. »

hŒuvres de Whitefield, t. III, p. 207.

Ce fut aussi en Irlande que Wesley, trois ans après, fut assailli par la populace, mais dans des circonstances moins tragiques et où se mêla même un élément comique. Il revenait, avec deux de ses itinérants, de l’ouest de l’île. Comme il prêchait dans une maison à Carrick-sur-Shannon, un magistrat arriva, une hallebarde à la main, et conduisant une bande précédée d’un tambour. Wesley transporta aussitôt sa réunion dans un jardin situé derrière la maison et plaça ses prédicateurs aux deux extrémités du passage qui y conduisait ; le chef de la bande brisa sa hallebarde sur le bras de la première sentinelle, mais dut rétrograder devant la solidité de la seconde. Il fit alors un détour, escalada le mur extérieur du jardin, et se précipita avec furie sur Wesley en lui criant : « Vous ne devez pas prêcher ici aujourd’hui. — Je n’ai pas l’intention de le faire, lui répondit le prédicateur, car je viens justement de finir. » Plus furieux que jamais, ce singulier magistrat acheva de briser sa hallebarde sur l’un des prédicateurs et se vengea sur le chapeau de Wesley, « qu’il battit et frappa avec une grande vaillance, dit celui-ci plaisamment, mais qu’un monsieur réussit pourtant à arracher de ses mainsi ».

iJournal, 10 juin 1760.

L’excitation qui régnait alors en Irlande s’explique par les tentatives de débarquement des Français. On était alors en pleine guerre de Sept ans, cette guerre désastreuse qui devait amoindrir et ruiner la France. Wesley, toujours ardent patriote, avait offert, en 1756, au gouvernement de lever une compagnie de volontaires et de l’équiper. Il ne fut pas donné suite à cette offre ; mais, quatre ans plus tard, il visita l’Irlande, peu après que l’escadrille de Dunkerque, dirigée par un ancien corsaire nommé Thurot, y avait débarqué un millier de soldats français qui, sous les ordres du lieutenant général Cavenac, s’emparèrent de la ville de Carrickfergus. « C’était un vrai coup de désespoir, dit l’historien Henri Martin, et qui ne pouvait que sacrifier de braves gens. Thurot fut tué et son escadrille fut prisej. »

j – H. Martin, Hist. de France, 1853, t. XVIII, p. 155.

Wesley logea à Carrickfergus dans la maison même où se trouvait Cavenac. « J’ai longtemps conversé avec lui, écrit-il, et j’ai trouvé en lui non seulement un homme de grand sens, mais encore un homme connaissant la religion par le cœur. Je lui demandai s’il était vrai qu’ils avaient eu le dessein de brûler Carrick et Belfast. Jésus Maria ! s’écria-t-il, nous n’avons jamais eu une telle pensée. Il ne saurait entrer dans la tête ou le cœur d’un honnête homme de brûler et de détruire ! » Wesley éprouva une vive admiration pour ce caractère de soldat. « On dirait, écrit-il à son ami Blackwell, que le roi de France a envoyé ces hommes ici pour nous montrer quels officiers il a dans son armée. J’espère qu’il y en a de tels dans l’armée anglaise, mais je n’en ai pas encore vu. » Wesley dit, dans son journal, qu’il eut un long entretien sur la religion avec l’officier français. « Rien, ajoute-t-il, de ce que je lui dis ne parut l’étonner, et il me dit plus d’une fois avec émotion : Mais c’est là ma religion ! Et il n’y a pas de vraie religion en dehors de celak. »

kJournal, 6 mai 1760.

Cette malheureuse guerre amena en Angleterre de nombreux prisonniers français. Wesley visita ceux qui étaient internés à Knowle, près de Bristol, et il en trouva onze cents couchés sur la paille, couverts de haillons et exposés à périr de froid. Le soir même, il prêcha à Bristol sur ce texte : « Tu n’opprimeras point l’étranger, car vous savez ce que c’est que d’être étranger, parce que vous avez été étrangers au pays d’Egypte » (Exode.23.9). Une collecte faite immédiatement s’éleva à 450 francs, somme qui, le lendemain, monta à 600 francs, avec lesquels Wesley acheta des vêtements qu’il distribua aux prisonniers. Une lettre de lui dans les journaux provoqua des dons semblables, qui apportèrent quelque soulagement à de grandes misères. L’année suivante, il visita de nouveau ces prisonniers et prit l’initiative d’une seconde quête en leur faveur. Il n’est pas douteux qu’il s’occupa aussi de leurs intérêts spirituels ; il eut parfois l’occasion de leur prêcher, notamment à Bedruth, en Cornouailles.

[Journal du 24 novembre 1760. Vingt ans plus tard, Wesley montrait à nos compatriotes prisonniers cette même compassion. « J’ai prêché, écrit-il le 6 octobre 1779, à Winchester, où il y a 4 500 prisonniers français. J’ai été heureux de m’assurer qu’ils sont abondamment fournis de bonne nourriture et qu’ils sont traités, à tous égards, avec une grande humanité. »]
[Journal du 18 septembre 1757. Wesley raconte, à cette date, un incident touchant qui honore ces Français. « Il y a quelques jours, dit-il, quelques centaines d’Anglais, qui ont été prisonniers en France, débarquaient à Penzance. Plusieurs traversèrent Redruth, en s’en retournant chez eux. Ils étaient dans la plus misérable condition. Personne ne leur montra plus de compassion que les Français, prisonniers eux-mêmes ; ils leur donnèrent de la nourriture, des vêtements et de l’argent et leur dirent : « Nous voudrions faire davantage, mais nous n’avons pas grand’chose ici à nous. » Quelques-uns qui avaient deux chemises en donnèrent une à des Anglais qui n’en avaient pas. Un jeune garçon français, voyant passer un garçon anglais à moitié nu, l’appela, ôta son habit et le lui mit. »]

Pendant la période où nous sommes parvenus, le méthodisme acquit de nouveaux partisans dans les rangs du clergé anglican. William Baddiley faisait dans le comté de Derby une œuvre analogue à celle de Grimshaw dans le Yorkshire, formant des sociétés et employant à les diriger de simples laïques. Thomas Goodday, de Sunderland, ouvrait sa chaire à Wesley et lui écrivait de touchantes lettres pour réclamer ses directions et ses prières. Richard Conyers, vicaire de Helmsley, déploya un grand zèle pour l’instruction des enfants et pour la conversion de ses paroissiens. Henry Venn, curate de l’église de Saint-Matthieu, à Londres, était l’un des chauds partisans du Réveil, auquel il devait rendre bien des services. William Romaine, fils d’un protestant français réfugié, apporta au mouvement l’éclat de sa science de théologien et de ses talents de prédicateur. Walter Shirley, recteur de Loughrea, en Irlande, était parent de la comtesse de Huntingdon, qui le mit en rapport avec les chefs du méthodisme, auxquels il s’associa avec zèle. Martin Madan, parent du poète Cowper, avait été converti par le moyen de Wesley et allait devenir l’un des prédicateurs les plus populaires de l’Église d’Angleterre.

Un ministre anglican avec lequel Wesley eut beaucoup de rapports et qui lut l’une des figures les plus originales du Réveil, ce fut John Berridge, vicaire d’Everton. Il avait quarante ans et était pasteur depuis bien des années lorsqu’il fut converti en 1756. A partir de ce moment, il devint un infatigable prédicateur du pur Évangile. Aidé d’un pasteur du voisinage, du nom de Hicks, qu’il amena à la foi, il embrassa dans son zèle apostolique les comtés de Bedford, Cambridge, Essex, Hertford et Huntingdon. Dans ce vaste rayon, il prêcha de lieu en lieu, pendant plus de vingt ans, une moyenne de dix à douze sermons par semaine, malgré les évêques qui voulaient l’obliger à se renfermer dans sa paroisse. Sa prédication originale faisait la plus vive impression sur ses auditeurs, qui accouraient de loin pour l’entendre. Pendant la première année qui suivit sa conversion, il reçut la visite d’un millier de personnes qui venaient s’enquérir de la voie du salut, et on évalue à quatre mille le nombre des personnes réveillées par son moyen pendant le même temps. Il dépensa sa fortune et vendit même son argenterie, pour employer de nombreux prédicateurs laïques et louer des salles dans lesquelles ils prêchaient.

Quoique calviniste, Berridge demanda à Wesley de le visiter. Celui-ci répondit à cet appel et vit avec admiration l’œuvre magnifique qui s’accomplissait par le ministère du vicaire d’Everton. Il remarqua avec surprise que, dans ce réveil commencé spontanément, avaient reparu « ces violents symptômes extérieurs » qui avaient fait tant de bruit au commencement du Réveil et qui avaient disparu ailleurs. Il ajoute : « J’ai souvent observé que ces symptômes se manifestent plus ou moins au commencement des grands réveils ; cela est arrivé dans la Nouvelle-Angleterre, en Écosse, en Hollande, en Irlande et dans plusieurs parties de l’Angleterre ; mais, au bout de quelque temps, ces phénomènes diminuent, et l’œuvre se poursuit dans le calme et le silence. Ceux qu’il plaît à Dieu d’employer dans son œuvre doivent être absolument passifs à cet égard ; ce n’est pas à eux, mais à Dieu, de choisir les conditions dans lesquelles s’accomplit son œuvrel. » Berridge lui écrivait le 16 juillet 1759 :

lJournal, 6 août 1759.

« M. Hicks et moi avons prêché dans les champs depuis un mois, et la puissance du Seigneur accompagne merveilleusement la parole. Près de vingt villes ont reçu plus ou moins l’Évangile, et de quelque côté que nous allions nous recevons de nouvelles invitations. La parole est partout comme un marteau qui brise la pierre. Les gens tombent à terre, pleurent amèrement et sont dans un combat si grand que cinq ou six hommes peuvent à peine les tenir. Il est merveilleux de voir comment la crainte du Seigneur frappe même les pécheurs non réveillés. Quand nous entrons dans un nouveau village, les gens nous regardent, rient et se moquent beaucoup ; mais quand nous avons prêché soir et matin, et qu’ils ont entendu les gémissements des pécheurs blessés, ils semblent aussi alarmés que si les Français étaient à leurs portes. Aussitôt que trois ou quatre dans un village ont reçu des convictions, nous leur demandons de se réunir deux ou trois soirées par semaine, ce qu’ils font avec empressement. Tout d’abord, ils se bornent à chanter ; ensuite ils lisent et prient ensemble, et la présence du Seigneur est au milieu d’eux. Laissez-moi vous mentionner deux faits. A Orwell, dix personnes ont été réveillées dans une nuit, simplement pour avoir entendu chanter des hymnes. A Grandchester, près de Canterbury, la semaine dernière, il en a été de même pour dix-sept personnes. »

Dans cette même année 1758 où Wesley se lia d’amitié avec Berridge, il fit connaissance aussi de John Newton, l’auteur de Cardiphonia et d’hymnes admirables. Converti à l’Évangile à la suite d’une jeunesse aventureuse et désordonnée, il n’entra qu’en 1764 dans les rangs du ministère anglican. Mais il s’occupait déjà activement d’évangélisation à Liverpool, où il était simple commis de douane. C’est là que Wesley le connut et l’apprécia à sa valeur. « Son cas est très particulier, écrivait-il. Notre Église exige que ses ministres soient des hommes de savoir et, pour cela, qu’ils aient une éducation universitaire. Mais combien ont une telle éducation, sans être plus savants pour cela ! Cela ne les empêche pas de recevoir l’ordination, tandis qu’un homme d’une culture éminente, aussi bien que d’une conduite sans reproche, ne peut pas la recevoir parce qu’il n’a pas été à l’université ! C’est là une pure farce ! Qui voudrait croire qu’un évêque chrétien se laissera arrêter par une aussi pauvre objectionm ! » Wesley eût désiré voir cet homme si admirablement qualifié, et que les évêques repoussaient du ministère officiel, entrer dans les rangs de l’itinérance. Si Newton n’eût écouté que son cœur, il eût accepté l’invitation qui lui fut faite ; mais il avait une santé délicate, qui ne lui permettait pas de courir les grands chemins par tous les temps, et il avait des charges de famille qui le firent reculer devant les privations qui étaient le lot des prédicateurs méthodistes. Les difficultés qui s’étaient d’abord opposées à son admission dans les ordres furent enfin levées, et l’Église anglicane compta dans son clergé l’un des hommes qui l’ont le mieux servie en travaillant à ramener la vie dans son sein.

mJournal, 20 mars 1760.

C’est à la même époque aussi que Wesley entra en relation avec Auguste Toplady, qui, après avoir été converti, à l’âge de seize ans, en entendant prêcher dans une grange un prédicateur laïque, fit ses études au collège de la Trinité à Dublin. Les lettres pleines de piété et de respectueuse affection que l’étudiant adressait alors à Wesley annonçaient le futur ministre fidèle et zélé, mais ne faisaient guère prévoir le controversiste acrimonieux qui devait, quelques années plus tard, mettre une étrange passion dans la défense du méthodisme calviniste.

C’est à cette branche du Réveil, qui avait pour chefs Whitefield et lady Huntingdon, que se rattachèrent plus ou moins ouvertement la plupart des ecclésiastiques que nous venons de mentionner. Celui dont il nous reste à parler fit exception et fut le bras droit de Wesley.

Jean de La Fléchère était né en 1729 à Nyon, en Suisse, d’une famille de vieille noblesse savoisienne. Venu en Angleterre en 1752 comme précepteur, il y fut amené à une foi vivante, principalement par le moyen des méthodistes. Il entra en relation avec Wesley en 1755, et leur affection mutuelle ne cessa de grandir jusqu’au jour où la mort les sépara. Encouragé par son ami et poussé par un vif sentiment intérieur, il entra dans le ministère de l’Église établie, et, comme pour bien marquer, dès la première heure, le caractère de son futur ministère, le jour même où il reçut les ordres dans la chapelle royale de Saint-James, à Londres, il alla assister Wesley qui donnait la Cène aux membres de la Société dans la chapelle de Snowsfields. Trois ans après, il devenait vicaire de la paroisse de Madeley, en Shropshire, et dès lors, tout en faisant, dans sa paroisse même, une œuvre bénie, il s’associa pleinement au mouvement méthodiste et en devint l’un des chefs les plus influents et le meilleur théologien. La noblesse de son caractère, la sainteté de sa vie et l’étendue de ses talents lui assurent une place à part au milieu de cette pléiade d’hommes de Dieu qui réveillèrent l’Église de la Grande-Bretagne.

Le concours d’hommes de la valeur de ceux que nous venons de nommer consolait Wesley des dédains que lui prodiguait la masse du clergé. Il ne renonçait pas encore cependant à l’espoir de le rallier au Réveil. Dans ce but, il lança en 1756 une Adresse au clergé, manifeste éloquent destiné à réveiller les conducteurs de l’Église dont l’inertie et l’opposition l’attristaient. Cette tentative demeura inutile, et le clergé persévéra dans son attitude de défiance et d’hostilité.

Cette main d’association qu’il tendait aux pasteurs de l’Église anglicane, il l’offrait encore plus cordialement à ses frères du méthodisme calviniste. « M. Whitefield est venu me visiter, écrivait-il le 5 novembre 1755 dans son journal ; nous ne songeons plus à disputer maintenant ; nous nous aimons l’un l’autre, et, la main dans la main, nous nous unissons pour travailler à la cause de notre commun Maître. » Wesley se rencontrait fréquemment avec les chefs du méthodisme calviniste ; un jour même, il prêcha devant eux chez lady Huntingdon, et leur administra la Cène ; parmi les communiants qui reçurent les symboles sacrés des mains de Wesley se trouvaient Whitefield, Madan, Romaine, Venn, Griffith Jones et d’autres.

Cette union des chefs du mouvement était d’autant plus nécessaire que les adversaires les réunissaient dans les mêmes attaques. Chaque année voyait éclore de nouvelles publications contre eux. L’année 1760 fut particulièrement féconde à cet égard. Le théâtre même les prenait à partie, et, cette même année, une comédie de Foote, the Minor, qui les tournait en ridicule, fut représentée à Londres. L’auteur en fit une seconde intitulée le Méthodiste, qui ne fut pas représentée.

Pendant ces mêmes années, Wesley fut aux prises avec de graves difficultés au sujet des relations du méthodisme avec l’Église anglicane. Nous y reviendrons dans un chapitre spécial. Mais ce qu’il convient de dire ici, c’est que ces débats amenèrent entre les deux frères un certain refroidissement. Charles eût voulu que le méthodisme demeurât dans la sujétion de l’Église établie, même quand celle-ci était représentée par des ministres indignes. John, sans songer à briser avec l’Église, entendait cependant ne pas sacrifier l’avenir de son œuvre à de vains préjugés ecclésiastiques. Les deux frères continuèrent néanmoins à travailler ensemble, mais Charles renonça à l’itinérance et se consacra au pastorat au sein de la société de Londres.

Parmi les nombreuses publications de Wesley, mentionnons ses Notes sur le Nouveau Testament et son Traité sur le péché originel, en réponse au Dr Taylor, deux ouvrages qui comptent parmi les meilleurs de leur auteur. En même temps qu’il écrivait pour le public, il entretenait une correspondance active avec une foule de gens qui réclamaient ses conseils. Il suffira de mentionner en passant la curieuse correspondance théologique, qu’il eut en 1755 avec Richard Thompson concernant la doctrine de l’assurance et celle qu’il eut, l’année suivante, sur la perfection chrétienne, avec le Dr Dodd, qui devait plus tard finir sa vie sur la potence.

En 1760, le méthodisme, après moins d’un quart de siècle d’existence, avait pris pied dans presque tous les comtés de l’Angleterre ; il avait quatre-vingt-dix prédicateurs itinérants travaillant sous la direction de Wesley, de nombreux lieux de culte et des adhérents par milliers. Et sa sève, loin d’être épuisée, se préparait à se répandre dans de nouvelles branches et à produire de nouveaux fruits.

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