La personne de Jésus-Christ, miracle de l’histoire

V. La Théorie de l’invention poétique

La dernière, la moins injurieuse et la plus plausible des fausses théories sur la vie de Jésus est l’hypothèse dans l’invention poétique. Elle peut revêtir deux formes : celle du mythe et celle de la légende. La première se fonde surtout sur les anciens cycles mythiques des dieux et des demi-dieux païens, et la seconde sur les légendes des martyrs et des saints chrétiens au moyen âge.

L’hypothèse mythique a été exposée et appliquée par David-Frédéric Strauss, avec les recherches patientes, la solidité et la profondeur d’un savant allemand ; et l’hypothèse légendaire par M. Renan, avec l’éclat, l’élégance et la frivolité d’un nouvelliste parisien. L’une a été écrite pour les savants, et l’autre pour le peuple ; l’une s’appuie sur la base philosophique d’un panthéisme spéculatif ou logique, et l’autre sur celle d’un panthéisme sentimental ou poétique. La Vie de Jésus de Strauss est à la Vie de Jésus de M. Renan ce que la pesante armure d’un chevalier du moyen âge est à l’uniforme de parade d’un soldat moderne endimanché, ou ce qu’une statue d’airain est à une figurine de cire bien ornée ; mais au fond elles parlent, toutes les deux, des mêmes présuppositions naturalistes, et aboutissent aux mêmes conclusions. Elles sont également hostiles à l’élément miraculeux et surnaturel, et ne laissent subsister du Jésus vivant des Evangiles que l’ombre d’un spectre, un caput mortuum.

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