Synonymes du Nouveau Testament

7.
Τιμωρία, κόλασις
Vengeance, châtiment

Le premier de ces mots ne se trouve qu’une fois dans le N. T. (Hébreux 10.29), et le second que deux fois (Matthieu 25.46 ; 1 Jean 4.18). Dans τιμωρία, selon son usage classique, c’est le caractère vengeur de la punition qui est la pensée dominante ; c’est le latin « ultio » ; punition, en tant qu’elle satisfait le sentiment de celui qui l’inflige à l’endroit de la justice outragée, qui défend son honneur ou celui de la loi violée. La signification du vocable coïncide avec son étymologie qui est τιμή et οὖρος, ὁράω, la garde ou le protectorat de l’honneur. Dans κόλασις, par contre, la notion qui l’emporte, c’est celle de la punition comme se rapportant à la correction et à l’amélioration de celui qui l’endure (voyez Phil., Leg. ad Cai. ; Joseph. Ant. ii, 6, 8) ; c’est « castigatio ». La plupart du temps κόλασις ; a naturellement un sens plus doux que τιμωρία. Ainsi nous trouvons que Platon (Protag. 323 e) joint ensemble κολάσεις et νουθετήσεις ; du reste, tout son chapitre, du commencement à la fin, est éminemment instructif quant à la distinction entre nos termes : οὐδεὶς κολάζει τοὺς ἀδικοῦντας ὅτι ἠδίκησεν ὅστις μὴ ὥσπερ θηρίον ἀλογίστως τιμωρεῖται… ἀλλὰ τοῦ μέλλοντος χάριν ἵνα μὴ αὖθις ἀδικήσῃ ; le même changement dans les mots qu’il emploie se retrouve encore deux ou trois fois dans le passage. A tout cela on peut comparer un chapitre intéressant dans Clément d’Alexandrie, Strom. iv, 24 ; et encore vii, 16, où ce Père définit κολάσεις comme μερικαὶ παιδεῖαι, et τιμωρία comme κακοῦ ἀνταπόδοσις. Voici la distinction d’Aristote (Rhet. i, 10) : διαφέρει δὲ τιμωρία καὶ κόλασις. ἡ μὲν γὰρ κόλασις τοῦ πάσχοντος ἕνεκά ἐστιν. ἡ δὲ τιμωρία τοῦ ποιοῦντος ἵνα ἀποπληρωθῇ : cf. Ethic. Nic. iv, 5 : Τιμωρία παύει τῆς ὀργῆς ἠδονῆν ἀντὶ τῆς λύπης ἐμποιοῦσα. C’est à ces définitions et à d’autres semblables qu’Aulu-Gelle fait allusion quand il dit (Noct. Att. vi, 14) : « Puniendis peccatis très esse debere causas existimatum est. Una est quæ νουθεσία vel κόλασις vel παραίνεσις dicitur ; cum pœna adhibetur castigandi atque emendandi gratia ; ut isqui fortuito deliquit, atten-tior fiât correctiorque Altéra est quam ii, qui vocabula ista curiosius diviserunt, τιμωρίαν appellant. Ea causa animadvertendi est, cum dignitas auctoritasque ejus, in quem est peccatum, tuenda est ne praelermissa animad-versio contemtum ejus pariât, et honorem levet : idcir-coque id ei vocabulum a conservatione honoris factum putant. » Voir aussi une note qui a sa valeur dans Wyttenbach, Animadv. in Plut. vol. vii, p. 776.

Ce serait pourtant une erreur bien grave que de transférer cette distinction, dans son entier, à ces mots tels que les emploie le N. T. La κόλασις αἰώνιος de Matthieu 25.46, comme c’est clairement déclaré, n’est point une discipline qui serve à corriger, et qui, par conséquent, soit temporaire. Elle ne peut être rien autre que ἀθάνατος τιμωρία (Joseph. B. J. ii, 8, 11), que les ἀϊδίοι τιμωρίαι (Plat., Ax. 372 a), dont le Seigneur menace ailleurs les impénitents pour la fin de leur vie (Marc 9.43-48). Pour prouver que κόλασις avait acquis dans le grec hellénistique ce sens plus sévère et qu’il n’était employé que pour désigner une « punition » ou un « tourment », sans que nécessairement s’y rattachât une pensée d’amélioration par son moyen à l’égard de celui qui l’endurait, nous n’avons qu’à consulter des passages comme les suivants : Joseph. Ant. xv, 2, 2 ; Phil., De Agric. 9 ; Mart. Polycar. 2 ; 2 Maccabées 4.38 ; Sagesse 19.4. La distinction qu’établit Aristote, toutefois, reste debout, en ce que l’on peut reconnaître dans l’usage scripturaire du mot, que dans κόλασις c’est le rapport de la punition à celui qui l’endure qui prédomine, dans τιμωρία, à celui qui punit.

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