Vers la Sainteté

CHAPITRE XXV

Une paix non interrompue

« En marchant devant Lui dans la sainteté et la justice, tous les jours de votre vie. » (Luc 1.75)

Le Révérend John Fletcher que Wesley considérait comme l’homme le plus saint qui eût vécu depuis les jours de l’apôtre Jean, perdit cinq fois la bénédiction avant d’avoir obtenu définitivement la grâce de la sainteté, et Wesley d’après ses observations déclarait que beaucoup perdaient plusieurs fois cette bénédiction avant d’apprendre le secret de la garder. Si donc parmi ceux qui lisent cet ouvrage il en est qui ont perdu la bénédiction et sont en butte aux assauts de l’ennemi des âmes, si Satan cherche à leur représenter qu’ils n’arriveront jamais ni à posséder la sainteté ni à la garder, laissez-moi les supplier d’essayer encore et toujours. Vous prouvez votre intention et votre réel désir d’être saint, non pas en rendant les armes en face de la défaite, mais en vous relevant de chutes nombreuses et en luttant de nouveau avec une foi et une consécration renouvelées. En le combattant ainsi, vous remporterez certainement le prix et serez à même de le garder jusqu’au bout. La promesse est : « Cherchez et vous trouverez. »

– Mais combien de temps devrai-je chercher ?

– Jusqu’à ce que vous ayez trouvé.

– Mais si c’est pour le perdre ensuite.

– Cherchez de nouveau jusqu’à ce que vous trouviez. Dieu vous étonnera un jour en vous donnant un baptême si puissant de son Esprit que toutes vos obscurités, vos doutes et vos incertitudes s’évanouiront pour toujours ; vous ne retomberez plus désormais, le sourire de Dieu ne se retirera plus de vous et votre soleil ne se couchera jamais.

O frère découragé, sœur abattue, laissez-moi vous presser de regarder à Jésus, de vous confier en Lui de continuer à chercher, vous souvenant que les retards du Seigneur ne sont point des refus.

Jésus est votre Josué qui vous introduira dans la Terre-Promise, et pourra terrasser tous vos ennemis devant vous. Ceux qui se rendent au milieu de la défaite ont encore beaucoup à apprendre tant sur la dureté et la perfidie de leur propre cœur que sur la tendre mansuétude, la longanimité et la merveilleuse puissance de Dieu pour sauver. Il n’est pas dans Sa volonté qu’aucun de ceux qui ont reçu la bénédiction vienne à la perdre ; il est possible de la garder à jamais. Mais comment ?

Un de mes anciens condisciples de la faculté de théologie se rendait un jour à son champ de travail après avoir terminé ses études. Je l’accompagnai à la gare pour lui serrer encore la main et lui dire peut-être un dernier adieu. Il me regarda et me dit :

– Sam, donne-moi un texte qui devienne la devise de ma vie.

J’élevai aussitôt mon cœur vers Dieu pour qu’Il m’éclairât. Or, si vous voulez garder la bénédiction, – c’est une des choses que vous devez faire constamment – élever votre cœur vers Dieu et vous attendre à Lui pour avoir la lumière, non seulement dans les moments critiques et les grands événements de la vie, mais dans les petits et en apparence les plus insignifiants détails. Par la pratique, vous en acquerrez une telle habitude, que cela vous deviendra aussi naturel que de respirer, et ce sera pour votre vie spirituelle un acte aussi important que la respiration pour la vie matérielle. Restez en contact direct avec Dieu si vous voulez garder sa bénédiction. J’en fis l’expérience ce matin-là ; car aussitôt les onze premiers versets du premier chapitre de la deuxième épître de saint Pierre me vinrent à la pensée, non seulement comme devise à donner à mon ami, mais comme une règle tracée à tous par le Saint-Esprit. En la suivant, non seulement nous pourrons garder la bénédiction et être préservés de chute, mais aussi porter des fruits dans la connaissance de Dieu, et obtenir libre accès dans le Royaume de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Prenez-en note, vous tous qui désirez conserver la bénédiction de la sainteté. Vous verrez qu’au verset 4 l’apôtre déclare que pour devenir « participants de la nature divine », il faut fuir « la corruption qui existe dans le monde par la convoitise. » Voilà donc ce qu’est la sainteté : fuir la corruption de nos cœurs et recevoir en échange la nature divine. Or, l’apôtre presse ces saints de se hâter, de « faire tous leurs efforts ». Un homme paresseux et endormi ne peut conserver la bénédiction, ou plutôt, il ne peut l’obtenir. Pour l’obtenir il faut la chercher de tout son cœur. Vous devez creuser comme pour trouver un trésor caché et pour le garder « faire tous vos efforts ». Quelques-uns objecteront : "Une fois sauvée, on l’est pour toujours », mais Dieu ne dit rien de pareil. Il nous engage à veiller, à être sobres, car nous sommes sur le terrain de l’ennemi et ce monde n’est pas ami de la grâce. Si vous aviez pour cent mille francs de diamants dans un pays de brigands, vous veilleriez avec soin sur votre trésor. Or, vous êtes en pays ennemi si vous possédez un cœur pur et « les arrhes de l’esprit » qui sont votre passeport pour le Ciel, votre gage de vie éternelle : veillez donc pour le garder en sûreté.

L’apôtre dit : « Joignez à votre foi la vertu. » Vous avez dû faire acte de foi en « les plus grandes et les plus précieuses promesses » pour obtenir cette bénédiction, mais vous aurez encore autre chose à ajouter à votre foi pour la conserver. Le mot « vertu » vient d’un vieux mot latin qui signifie courage, et c’est probablement ce qu’il signifie dans ce cas. Il vous faut du courage pour conserver cette bénédiction.

Le diable rôdera autour de vous comme un lion rugissant, le monde vous tiendra rigueur, vous exclura, vous mettra à mort peut-être. Vos amis vous prendront en pitié ou vous maudiront, vous prédiront toutes sortes de calamités, et parfois votre propre chair criera en protestation. Alors, vous aurez besoin de courage. On prétendait autrefois que je perdais la raison, et cela semblait presque vrai, si intense était mon désir de connaître toute la volonté de Dieu à mon égard. On me disait que je me perdrais dans le fanatisme, que je finirais mes jours dans un asile, que je détruirais ma santé et resterais toute ma vie un invalide, inutile tourment à moi-même et fardeau pour mes amis ! L’évêque lui-même dont l’ouvrage sur la sainteté avait bouleversé mon âme jusqu’en ses profondeurs, après que j’eus obtenu cette bénédiction, me pressa de très peu parler de la chose, puisque cet enseignement devenait une cause de division et de trouble. (J’appris dans la suite qu’il avait lui-même perdu la grâce de la sanctification.) Le diable me tenta jour et nuit, avec mille tentations spirituelles auxquelles je n’avais point songé et à la fin excita contre moi un mauvais sujet qui me fit presque sauter la cervelle, si bien que pendant des mois entiers je demeurai dans un tel état de prostration physique que la rédaction d’une simple carte postale m’épouvantait et m’enlevait le repos de la nuit. Je m’aperçus alors qu’il fallait du courage pour conserver cette « Perle de grand prix », mais, – alléluia à jamais ! – « le Lion de la tribu de Juda », mon Seigneur et Sauveur est aussi plein de courage que de force, d’amour que de compassion. Dans le Livre d’encouragement et d’instruction qu’Il nous a laissé, Il a dit : « Fortifie-toi et prends courage. » Il le déclare ailleurs d’une manière plus énergique encore par ces mots : « Ne t’ai-je pas donné cet ordre : « Fortifie-toi et prends courage. » C’est donc un ordre positif auquel nous sommes tenus d’obéir. Souvent Il le répète, et soixante-douze fois, Il a dit : « Ne crains point », ajoutant pour nous montrer que nous n’avons rien à craindre « car je suis avec toi ». Gloire à Dieu ! S’Il est avec moi, pourquoi craindrais-je ? Et pourquoi craindrais-tu, toi aussi, mon camarade ?

Mon petit garçon a grand’peur des chiens ; la crainte semble innée chez lui ; mais quand il me tient la main, il passerait crânement à côté du plus gros chien du pays. Dieu a dit :

« Car je suis l’Éternel ton Dieu
Qui fortifie ta droite,
Qui te dis : Ne crains rien,
Je viens à ton secours.
Ne crains rien, car je suis avec toi.
Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu,
Je te fortifie, je viens à ton secours,
Je te soutiens de ma droite triomphante. »
(Esaïe 41.10)

Jésus, ce même Jésus qui est mort pour nous, dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le Ciel et sur la terre… Et voici je suis toujours avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Pourquoi donc craindre encore ?

Le diable s’y connaît pour tromper et ruiner les âmes, mais rappelez-vous que Jésus est « l’Ancien des jours. » D’éternité en éternité Il est Dieu, et Il a mis toute Sa sagesse, toute Sa puissance, tout le courage de Sa divinité à la disposition de notre foi et de notre salut et certainement ceci devrait nous remplir de courage. Êtes-vous abattu et effrayé ? Prenez courage et dites hardiment avec le roi David qui plus qu’aucun de nous avait des raisons de s’inquiéter et de s’effrayer :

« Dieu est pour nous un refuge et un appui,
Un secours qui ne manque jamais dans la détresse ;
C’est pourquoi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée
Et que les montagnes chancellent au cœur des mers. »

(Psaumes 46.2-3)

Une des expériences de David m’a été d’un grand secours. Il eut un jour à fuir loin de Saül qui le poursuivait pour lui ôter la vie. Il se retira au pays des Philistins où il demeura dans un village que le roi lui donna. Alors les Philistins prirent les armes contre Saül et David se joignit à eux. Mais les Philistins craignant que dans la mêlée, il ne se tournât contre eux, le renvoyèrent. Lorsque David et ses hommes retournèrent chez eux, ils trouvèrent que des ennemis étaient venus et avaient détruit et brûlé leur ville, emporté leurs biens, et emmené captifs leurs femmes et leurs enfants. Fous de douleur ces hommes parlèrent de lapider David. Il y avait certes de quoi s’effrayer, mais la Bible dit : « David reprit courage en s’appuyant sur l’Éternel, son Dieu. » Lisez vous-même ce récit et voyez de quelle manière merveilleuse Dieu l’aida à rentrer en possession de tout ce qu’il avait perdu. (1 Samuel 30)

Pour moi, je suis résolu à rester plein de courage. Dieu m’a délivré de toutes mes frayeurs, et de celles de mes amis. Il a mis en déroute mes ennemis. Il s’est montré plus fort que mes adversaires, et Il m’a mis à même par Sa puissance, par Sa bonté et Son amour infinis, de marcher devant Lui dans la sainteté depuis plus de vingt ans.

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