Lettres aux chrétiens persécutés ou affligés

A Robert Stewart

Bénédictions accordées à ceux qui sont retenus dans la fournaise des afflictions.
Piété dans la jeunesse.
Vigilance.
La conversion.
Gloire de Christ.
Sa manifestation dès ici-bas.

Aberdeen, 17 juin 1637

Mon bien cher frère,

Que la grâce, la paix et la miséricorde soient sur vous. Vous êtes mille fois le bienvenu pour partager mes souffrances dans la main du Seigneur ; Dieu veuille vous accorder beaucoup de joie au service de votre nouveau Maître ! Tout ce que je désire, c’est que le Saint-Esprit vous révèle ce qui se passe dans cette demeure. Efforcez-vous d’obtenir quelque preuve de la miséricorde du Seigneur. Par la foi, remettez-Lui toutes choses, soulagez-vous du poids qui vous oppresse. Il peut et veut tout porter pour vous, alors même que l’enfer vous surchargerait.

Je me réjouis de sa venue pour vous et de ce qu’Il vous a sorti de la fournaise. C’est là qu’Il a examiné ce que vous êtes. « C’est pourquoi, voici, je l’attirerai, après que je l’aurai fait aller dans le désert, et je lui parlerai selon son cœur » (Osée 2.14). Que pouvait-il faire de votre cœur, tandis qu’il courait après les délices terrestres ! Mais vienne le moment du froid, de la faim, alors Il attire à Lui en disant : Tu es à moi, parole toute nouvelle ; et ne vous écrierez-vous pas alors : Seigneur Jésus, quel que soit le marché que tu aies fait, je l’accepte.

Il vous est très avantageux d’avoir été arrêté au matin dans votre course vers le ciel, tandis que moi, insensé que je suis, j’ai laissé le soleil monter au méridien avant de frapper à la porte du Seigneur. Profitez des avantages qui vous sont accordés. Aidez-vous des pieds et des mains pour gravir la montagne avec la même activité que si votre heure dernière allait sonner. Prenez garde que vos pieds ne glissent sur le dangereux sentier de la jeunesse. Le diable et les tentations ont sur vous l’avantage de la position ; ils travaillent contre vous, à chaque pas vous pouvez être entraîné. Soyez avide des grâces de Dieu. Faites attention que ce n’est pas toujours la vraie sainteté qui résulte des afflictions, selon ce qui advenait au peuple de Dieu : « Quand il les faisait mourir, alors ils le recherchaient, et se retournaient vers le Dieu fort dès le matin. Mais ils faisaient beau semblant de leur bouche et ils lui mentaient de leur langue » (Psaumes 78.34-36). Une partie de notre hypocrisie consiste à faire de beaux discours à Dieu quand il nous tient sous l’épreuve, et de le flatter jusqu’à ce que nous courions de nouveau à travers champs.

Tandis que vous êtes encore jeune dans la foi, faites-vous une idée nette de ce que vous aimez en Christ. Sont-ce les jours de soleil seulement, et non le passage au travers des grandes eaux ? Il se peut que votre profession de foi ne soit encore qu’un de ces ruisseaux pleins en hiver qui se dessèchent avec les chaleurs de l’été. Ne vous jouez jamais de Christ en aucune façon. Travaillez sans vous lasser à mettre au jour le péché que vous portez en vous, de telle sorte même que vous vous considériez comme un homme perdu, un esclave de l’enfer digne de mort, si Christ n’a pitié de vous et ne vient vous chercher. Repoussez les œuvres anciennes de cette terre de confusion dont vous vous occupiez jadis, et laissez Christ créer en vous un nouvel homme et de nouvelles œuvres. Si sa pluie arrose en vous les racines desséchées de votre plante, si son amour se pose sur les blessures saignantes du péché et sur les larmes qu’Il vous arrache ; si vous désirez mourir pour ce Jésus, seul digne de votre amour, alors Lui, je le sais, ne voilera pas sa face. Sa grâce vous parlera et vous enseignera ce que vous aurez à faire. Une croix sanctifiée est un arbre qui porte des fruits abondants.

Si je disais, d’après ma petite expérience, ce que j’ai trouvé en Christ, on me croirait à peine. Au début de ma conversion, Christ ne me semblait pas mériter la centième partie de ce que je trouve en Lui à cette heure. Et cependant, hélas ! combien mes pensées sont au-dessous de ses mérites ! Parfois, je suis comme troublé, anéanti dans le désir immense d’être en Lui ; genre de peine qui a sa douceur. Sauf la haine de Dieu, il n’est rien que je refuse pour acheter la possession de Jésus ; mais Il n’accepte pas la monnaie des hommes, elle n’a pas cours auprès de Lui. Ce que je possède, c’est la foi, la vérité, les promesses de mon Sauveur, et ces grâces sont telles, qu’elles satisferont pleinement à mes besoins. Quant à la croix, je puis vous assurer que je n’ai rien de plus précieux. Elle est un des degrés de l’échelle de notre pays, Christ est sur le plus élevé, et nous devons tous l’y rejoindre ; mais qu’importe ? la difficulté de la route est nulle pour ceux qui ont hâte de Le rejoindre. Plus la croix est lourde à porter, plus le voyage est facile.

Plût à Dieu que tous les soldats faibles regardassent à Jésus : en admirant sa beauté, ils le verraient bientôt arriver. Les vierges feraient nombre autour de l’Époux et l’embrasseraient de telle sorte qu’Il ne pourrait leur échapper. On ne saurait redire ce qu’Il est, car le Sauveur est l’étonnement du monde ; qui peut louer et parler dignement de Celui dont il a été dit : « Je vis le Seigneur assis sur un trône élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Les séraphins se tenaient au-dessus de Lui, et chacun d’eux avait six ailes ; de deux d’entre elles ils couvraient leur face, de deux autres leurs pieds, et des deux dernières ils volaient. Et ils se criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint, est l’Éternel des armées, tout ce qui est sur la terre est sa gloire » (Ésaïe 6.1-3). Aidez-moi à Le louer, Monsieur. Il me semble Le voir dans le ciel environné d’âmes comme anéanties devant sa gloire. Quand nous comparaîtrons tous en sa présence, au grand jour des rétributions, nous y serons comme étant perdus. On pourra difficilement dire alors quel est celui qui Lui devra le plus, parce que tous auront contracté une dette envers Lui. Si nous avons peu d’amour pour Lui, nous aurons au moins un grand étonnement. Je voudrais vous amener à être affamé du besoin de Le voir et de L’aimer.

Je vous recommande aux richesses de sa grâce. Je prie pour vous, faites-en de même pour moi.

N’oubliez pas les actions de grâce.

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