Vision du monde spirituel – Quelques mots pour l'édition française

Quelques mots pour l'édition française
par le pasteur G. Secretan

On n'attend pas que j'ajoute rien aux préfaces de l'Évêque anglican de Simla et de l'Archevêque Söderblom. L'un et l'autre ont vu le Sâdhou Sundar Singh et ont observé sa belle nature d'assez près pour pouvoir parler en connaissance de cause des « Visions du monde spirituel ». Je ne fais que répondre à l'aimable invitation de Mlle D. Fröhlich en écrivant ces quelques lignes d'introduction. Comme elle a édité la traduction allemande de ce livre, et comme elle fait partie de l'Assemblée générale de la Mission Suisse au Sud de l'Afrique, il est naturel qu'elle lance la traduction française.

Quand Les Visions parurent en anglais, en 1926, le Comité suisse de secours pour la Mission aux Indes, qui avait publié d'autres ouvrages du Sâdhou, renonça à faire traduire celui-ci parce que l'enthousiasme pour son auteur eût fait accepter au pied de la lettre certaines de ses affirmations. Aujourd'hui, on le lira avec une profonde édification. Les méditations sur le ciel, la nature du monde spirituel, sur l'avenir de l'âme, son bonheur, ses rapports avec Dieu sont une force et une joie. Nous renonçons trop souvent à y penser, parce que nous craignons de nous aventurer dans l'inconnu sous la direction de l'imagination seule ; notre christianisme, orienté avec raison vers les réalisations pratiques, s'interdit ce que l'on considère comme des rêveries téméraires. N'est-ce pas lui enlever beaucoup de son essor ? Dans les périodes tragiques de l'Église persécutée, il en était autrement ; les visions de l'Apocalypse, celles de certains martyrs, de sainte Perpétue, par exemple, au IIIe siècle, ou des Camisards, dans les Cévennes, au XVIIIe, tant d'autres encore, montrent que Dieu vient au secours des siens en soulevant le voile de l'invisible quand ils sont pressés au delà de leurs forces. Sans entrer dans une étude sur la nature des visions du Sâdhou, nous souvenant d'ailleurs qu'il a hésité à les livrer au public, et eût voulu les garder pour lui, nous pensons que les disciples du Christ sont maintenant dans une période douloureuse où des méditations de ce genre sont devenues une vraie bénédiction. Notre Seigneur lui-même n'a-t-il pas fortifié les douze en leur annonçant qu'ils verraient le ciel ouvert ? (Jean I.51). Dans le feu des tentations, du doute, de la souffrance, n'avons-nous pas besoin de voir les anges de Dieu monter et descendre sur les fidèles ?

Ce petit livre renouvellera les richesses spirituelles reçues en Suisse en mars 1922 par la tournée d'évangélisation inoubliable du cher frère venu des Indes qui s'appelait le Sâdhou Sundar Singh. Après avoir délivré son message comme un prophète, il a pris place maintenant dans la grande nuée de témoins où la foi est changée en vue, l'espérance en réalité.

Le Sâdhou a disparu du milieu de nous dans l'été de 1929, à l'âge de 39 ans, lors de son dernier voyage d'évangélisation au Tibet. Parti de Sabathu, le 18 avril, il n'est pas revenu.

De nombreuses recherches ont été faites dans ces régions neigeuses ; deux missionnaires anglais ont suivi sa route jusqu'à un col de plus de cinq mille mètres, mais en vain. Nous nous rappelons son sourire radieux lorsque, dans la chapelle de Marterey, à Lausanne, il disait : « Si vous apprenez ma mort au Tibet, ne vous affligez pas, mais dites : Il est arrivé ! »

Notre Seigneur n'a-t-il pas donné l'assurance à ses brebis que personne ne les ravirait de sa main ? (Jean 10.28.)

Lausanne, 1er octobre 1936.

G. Secretan, pasteur.

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