Le ministère spirituel

I —  Sa nature

Lire 2 Corinthiens 1.

La 2e lettre aux Corinthiens se résume par les mots qui introduisent le chapitre 4 : « C’est pourquoi, ayant ce ministère selon la miséricorde qui nous a été donnée… » Cette épître traite la manifestation de Christ et la nature du ministère spirituel. Elle montre que le ministère naît de l’expérience personnelle et pas simplement d’une vérité statique à communiquer. L’Apôtre l’a réalisé à cause d’une combinaison d’éléments qui l’ont amené au bout de lui-même. En lisant ces chapitres, on trouve des parallèles entre d’un côté, les souffrances elles-mêmes et de l’autre côté, les fruits produits par la souffrance.

Par exemple, le chapitre premier :

Ces parallèles témoignent du parfait équilibre entre les afflictions et leurs compensations innombrables.

Tout cela est à la base du ministère et nous en indique la nature : il n’est pas issu d’une vérité figée mais d’une expérimentation ou expérience. Ce ministère spirituel revêt deux dimensions : une dimension individuelle et une dimension communautaire. Ce qui est une réalité pour un individu l’est aussi pour une communauté de personnes, celle du peuple de Dieu. Leur ministère résulte de l’expérience personnelle ou collective et sa nature est la manifestation personnelle ou communautaire de Christ, au travers des souffrances et des afflictions.

La voie montrée par Paul pour le vrai ministère

Combien l’expérience de Paul était étroitement liée à son enseignement ! Tout l’enseignement contenu dans la première lettre aux Corinthiens se basait sur l’expérience de son auteur. Par exemple, Paul, dans le chapitre 13, nous parle de la transcendance, de la puissance et de la victoire de l’Amour de Dieu. Il résume le tout en disant : « L’amour ne périt jamais » Ce qui signifie que l’amour triomphe toujours et n’échoue jamais.

Dans la 2e épître aux Corinthiens, vous remarquerez à quel point Paul aspire à cet amour divin dans sa propre vie. Il y a beaucoup de références à l’opposition, à l’hostilité et même à la haine des chrétiens de Corinthe à son égard. Un homme avait affiché sa vive hostilité envers Paul et l’église n’avait pas pris parti en faveur de l’apôtre pour rétablir la vérité. Paul avait selon eux écrit une lettre qui les avait rendus honteux et finalement ils ont convoqué une réunion pour discipliner cet homme par un vote majoritaire.

C’est pourquoi Paul leur a dit : Si vous lui avez pardonné, je l’ai fait également en présence de Christ ; soyez miséricordieux avec lui s’il en éprouve des remords. Ils l’avaient discipliné, mais l’assemblée semble avoir été affectée par cet homme qui avait été exposé, et plusieurs références sont faites sur ce qui était dit à Corinthe contre Paul. On disait qu’il était un homme du « Oui » et du « Non ». Certains d’entre nous aurions pu prendre le parti de Paul, d’autres seraient entrés dans l’expérience des Corinthiens. Paul leur avait dit qu’il viendrait les voir mais le Seigneur ne le lui avait pas permis jusque là. Alors, il se disait ici et là : « Il fait une promesse mais il ne tient pas parole ! Il n’est pas fiable ! » En restant à un niveau humain, ce pouvait être légitime. Mais nous devons nous ranger du côté de Paul : il prévoyait dans le Seigneur de faire quelque chose, et chaque fois le Seigneur l’en empêchait. De ce fait, il s’exposait malgré lui à de nombreuses critiques. Si quelque un a un petit reproche à vous faire, il sautera sur une occasion comme celle là pour l’utiliser contre vous.

Il y avait encore bien d’autres choses. L’épître nous fait découvrir une hostilité, une forte antipathie, un préjudice contre Paul, mais oh, quelle victoire de l’amour est symbolisée par cette lettre ! L’amour a été éprouvé et a triomphé de l’opposition, de la critique et du préjudice ; c’est ainsi une très bonne chose que d’écrire le 13e chapitre des Corinthiens en concluant que « l’amour ne faillit jamais », mais c’est encore une autre chose que de passer le test de l’amour dans une telle situation et d’en sortir victorieux. Le ministère de Paul devait être conforme à son enseignement. Ce « ministère » n’est pas une affirmation de vérités glorieuses qui ne restent que des mots, mais ce « ministère » est l’expression de Christ issue de la souffrance.

Prenez 1 Corinthiens 15, un grand chapitre sur la mort et la résurrection : il est résumé par cette glorieuse déclaration : « O mort où est ta victoire ? O Tombeau où est ton aiguillon ? » « La mort est engloutie dans la victoire » Maintenant avec tout le zèle et l’enthousiasme qui viennent d’une prise de conscience d’une vérité comme étant la vérité, on peut faire de telles déclarations. La conscience d’un état de fait peut nous entraîner dans une telle emphase. Mais attendez un peu : voyez ce que Paul a rencontré à Éphèse, ce qu’il a dû supporter à Corinthe, une angoisse intérieure au point de dire « nous étions sous une sentence de mort… » Nous lui répondrions : Paul, la mort a été engloutie dans la victoire ! « Nous désespérions même de notre vie », il semblait ne plus y avoir d’issue, sous pression au-delà de toute mesure. C’est le même homme qui proclamait la victoire sur la mort qui s’exprime : la pression était insupportable, la mort planait au-dessus d’eux ; mais pourtant ce n’était pas la fin, car l’Apôtre ajoute : « afin que nous ne nous confiions plus en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts »

En d’autres termes, Paul nous dit : « Nous proclamions que la mort a été engloutie dans la victoire, puis nous avons été plongés dans cette mort et elle nous avait presque engloutis, mais ce que nous disions s’est avéré vrai : le Dieu de la résurrection a délivré, délivre et nous avons placé notre espoir en Celui qui nous délivrera d’une telle mort. » Vous voyez à quel point l’expérience de Paul était en phase avec son enseignement ! C’est une chose d’affirmer quelque chose, c’est autre chose de l’expérimenter et de constater que c’est une réalité ; C’est ce que Paul voulait dire par « ce ministère ».

Cela devrait être pour nous un réconfort extraordinaire, mais aussi une explication et une révélation. On ne devrait même pas être découragé à ce sujet. Si le ministère dont parle Paul ici est celui auquel, toi, moi et le reste du peuple de Dieu sont appelés, tant individuellement que collectivement, alors c’est cela le chemin à suivre : il n’existe aucune « voie royale » pour le ministère. Le ministère n’est pas une question de professionnalisation ou de classes : il est né dans la même angoisse et la même souffrance que Christ a connues et il ne peut pas naître d’une autre manière.

Au début de cette première lettre aux Corinthiens, Paul disait que Dieu a choisi les choses faibles de ce monde et l’expérience le prouve dans une conscience nouvelle issue de la mort où nous portons ce trésor dans des vases de terre ; cette conscience de notre faiblesse est une nouvelle conception, une nouvelle conscience qui a fait dire tout ce que Paul écrit dans sa première épître.

Nous en avons assez dit pour démontrer que le vrai ministère jaillit d’une nouvelle découverte de Christ dans les profondeurs de notre être.

Ce ministère :

… est né d’une nécessaire expérience où Christ, et seulement Christ, est suffisant. Dans tout ceci et bien au-delà, le résultat est un élargissement significatif de la compréhension de Dieu en Christ, manifesté par Lui chez tous les croyants.

Christ, puissance et sagesse de Dieu chez le croyant

Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, nous avons quelques indices et indications sur la manifestation de Christ chez le croyant, je dis bien indices et indications.

Nous abordons là une phase nouvelle :

« C’est Dieu qui a dit : la Lumière brillera dans les ténèbres (c’est un indice, une indication), a brillé dans nos cœurs pour nous donner la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ. »

Première indice : Christ est la lumière divine pour une création nouvelle.

Il y a une autre indication : quand Moïse a lu la Loi, il a porté un voile sur son visage à cause de la gloire qui brillait ; bien qu’elle n’était qu’une gloire passagère, le peuple ne pouvait supporter de la regarder, car il existait une gloire supérieure qui brillait sur la face de Christ. Quand nous nous tournons vers Christ, le voile est ôté, il n’existe plus.

Deuxième indice : Christ est la gloire d’une alliance nouvelle.

« Nous possédons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’infinie grandeur de la puissance soit attribuée à Dieu et pas à nous. »

Voila encore une autre indication : il ne fait aucun doute qu’en écrivant ceci aux croyants, Paul pensait à la puissante armée de Gédéon, réduite à 300 hommes, pour qu’Israël n’ait aucune raison de se vanter et que la puissance soit attribuée à Dieu et pas à eux. Quel est ce trésor ? La lumière de la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ dans nos cœurs.

Quels furent les vases qui étaient entre les mains des 300 hommes de Gédéon ? Des cruches en argile et une torche à l’intérieur ! Les moyens pour une conquête puissante. La faiblesse contre toute la puissance de l’ennemi ! Quel pouvoir ! Le Saint-Esprit n’hésite pas à nous donner la mesure du pouvoir des Madianites, des Amalécites et des enfants d’Orient. Ils étaient comme le sable de la mer. Trois cents hommes ont triomphé par des trésors dans des vases de terre.

Troisième indice : Christ est l’énergie d’un nouveau type de conquête sur toute la puissance de l’ennemi.

La seconde lettre aux Corinthiens est remplie d’indices, de suggestions et d’indications sur qui est Christ.

Nous allons plus loin pour confirmer ce que nous venons de dire : pour un ministère en puissance plus grande, en plus grande plénitude, Paul avait découvert Dieu dans une nouvelle compréhension de Christ par la souffrance. Toute cette souffrance a comme résultat une nouvelle approche de Dieu en Christ comme puissance, gloire et plénitude du ministère. C’est cela le ministère. Si nous aspirons au ministère, c’est celui du Saint-Esprit. C’est quelque chose de bien plus que d’être debout pour prêcher, donner des adresses, et produire tout ce qui nous occupe. Ce type de ministère est la manifestation personnelle de Christ, résultant d’une approche de Christ dans des lieux sombres et difficiles. Si nous aspirons au vrai ministère, le Saint-Esprit verra que par expérience nous sommes suivis et nous sommes conformes à tout ce que nous disons. La vérité deviendra quelque chose d’intégré et de visible en nous.

Dans cette lettre, Paul dit : « Nous croyons, c’est pourquoi nous parlons ». C’est une autre façon de dire : Nous savons, c’est pourquoi nous rendons témoignage. « Ayant obtenu miséricorde, nous ne perdons pas courage… » Il s’agit d’un ministère qui, sans la miséricorde, nous tuerait. Ayant ce ministère, et ayant obtenu miséricorde, nous ne faiblissons pas. Les deux choses vont de pair. Ce n’est pas insignifiant d’être réellement dans ce ministère. C’est quelque chose qui coûte, mais il y a la grâce de Dieu, et à cause de la grâce de Dieu, nous ne perdons pas pied. Et c’est un autre indice pour l’armée de Gédéon, la Parole dit et poursuit… « accablés, mais déterminés. » Ayant obtenus miséricorde, nous ne perdons pas courage.

Est-il nécessaire de redire encore que ce ministère n’a rien à voir avec une catégorie de personnes appelées ministères ? Nous sommes tous appelés à ce ministère. Ce n’est pas seulement prêcher, c’est une expression personnelle de Christ. À cela nous sommes tous appelés. Que le Seigneur nous donne la force pour ce ministère.

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