Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE I

CHAPITRE XVII
LETTRE DE CONSTANTIN À MARCAIRE ÉVÊQUE DE JÉRUSALEM, POUR LA CONSTRUCTION D'UNE ÉGLISE

Constantin Vainqueur, très-Grand, à Macaire Évêque de Jérusalem.

« LA grâce que le Sauveur nous fait, est si extraordinaire et si admirable, qu'il n'y a point de paroles qui la puissent dignement exprimer. En effet qu'y a-t-il de si admirable que l'ordre de la providence, par lequel il a caché sous terre durant un si long espace de temps le monument de sa passion, jusques à ce que l'ennemi de la piété eût été vaincu, et que ses serviteurs eussent été mis en liberté ? Il me semble que quand on assemblerait tout ce qu'il y a de Savants et d'Orateurs dans le monde, ils ne pourraient jamais rien dire qui approchât de la grandeur de ce miracle, parce qu'il est autant au dessus de toute créance, que la sagesse éternelle est au dessus de la raison. C'est pourquoi je me propose d'exciter tous les peuples à embrasser la véritable Religion avec une ardeur égale à l'éclat des événements merveilleux par lesquels la vérité de la foi est confirmée de jour en jour. Je ne doute point que comme ce dessein là que j'ai, est connu de tout le monde, vous ne soyez très-persuadé que je n'ai point de plus forte passion, que d'embellir par de magnifiques bâtiments, ce lieu qui étant déjà saint a été encore sanctifié par les marques de la passion du Sauveur, et qui a été déchargé par la volonté de Dieu et par mes soins, du poids d'une Idole dont il avait été chargé. Je mets à votre prudence, de prendre les soins nécessaires, pour faire en sorte que les édifices surpassent en grandeur et en beauté tout ce qu'il y a de beau et de grand au reste du monde. J'ai donné charge à notre très-cher Dracilien, Vicaire des Préfets du Prétoire, et Gouverneur de la Province, d'employer suivant vos ordres les plus excellents Ouvriers à élever les murailles. Mandez-moi quels marbres, et quelles colonnes vous désirez, afin que je les fasse conduire. Je serai bien aise de savoir, si vous jugez que l'Église doive être lambrissée ou non. Car si elle doit être lambrissée, on y pourra mettre de l'or. Faites savoir au plus tôt aux Officiers que je vous ai nommés, le nombre des Ouvriers, et les sommes d'argent qui seront nécessaires, et les marbres, les colonnes et les orientements qui seront les plus beaux et les plus riches, afin que j'en sois promptement informé. Je prie Dieu, mon très cher frère, qu'il vous conserve. »

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