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Vigouroux – Colossiens 1

Lettre de saint Paul aux Colossiens

Introduction

Colosses était une ville de Phrygie, peu éloignée de Laodicée, d’Ephèse et d’Hiérapolis. La foi chrétienne paraît y avoir été prêchée, non par saint Paul lui-même, qui ne se donne nulle part pour l’apôtre des Colossiens, mais par un de ses disciples, Epaphras, qui en devint probablement évêque après la mort d’Archippe. Aussi cette Lettre contient-elle peu de détails personnels.

Ce qu’on y remarque surtout, ce sont les rapports nombreux qu’elle présente avec l’Epître aux Ephésiens. On n’y trouve pas seulement la même doctrine, ce qui serait peu surprenant, mais une série d’idées parallèles, et un grand nombre de pensées et d’expressions identiques.

Cette conformité s’explique par cette considération, qu’ayant été envoyées dans la même occasion, ces deux Epîtres auront été écrites à la même date, sous la même impression, dans le même dessein, pour remédier aux mêmes désordres ou prévenir le même péril. A Colosses comme à Ephèse, le danger qui menaçait l’Eglise avait pour cause les prédications et les manœuvres de docteurs soi-disant chrétiens, mais avant tout judaïsants et déjà quelque peu gnostiques. Sans égaler peut-être la loi à la foi, comme ceux que l’Apôtre avait combattus en Galatie, ils recommandaient les pratiques légales, les fêtes juives, l’abstinence de la chair et du vin. En même temps ils tâchaient de rabaisser l’idée que saint Paul avait donnée du Sauveur. Ils usaient d’artifices pour réduire son rôle dans l’Eglise et dans le monde ; ils disaient que le Fils de Dieu est trop grand pour s’être fait lui-même notre médiateur, que c’est par les anges que notre salut doit s’opérer et que nous devons offrir à Dieu nos hommages. Sur la nature, le nombre, les fonctions des anges, ils avaient une théorie très étendue, très détaillée ; ils se plaisaient à en dire les noms, les variétés, les occupations. Ils parlaient souvent du culte qu’on leur devait. L’Apôtre répudie sans équivoque l’enseignement de ces faux docteurs, et oppose à leurs fantaisies superstitieuses la vraie doctrine chrétienne. Il insiste avec une rare élévation de pensée et une grande ardeur de sentiments sur les principaux dogmes, la divinité du Sauveur, l’universalité de la Rédemption, la nécessité du christianisme pour arriver au salut. Sa Lettre devait être communiquée à l’Eglise de Laodicée, après avoir été lue à Colosses.

Cette Epître a été citée, aussi bien que celle aux Ephésiens, comme un document apostolique, par les Pères les plus anciens, saint Justin, saint Théophile d’Antioche, saint Irénée, Tertullien contre Marcion et Marcion lui-même. Les noms d’Onésime, d’Archippe et d’Aristarque la relient à l’Epître à Philémon, qui devient garante de son authenticité. D’ailleurs l’Apôtre s’y révèle par l’élévation de ses vues, la ferveur de sa foi et l’inégalité de son style. Aussi les doutes récemment émis à cet égard n’ont-ils pas trouvé d’écho.

Outre l’exorde, chapitre 1, versets 1 à 12, et la conclusion, chapitre, 4, versets 7 à 18, on y distingue deux parties : l’une dogmatique, du chapitre, 1 verset 11 au chapitre 2 ; l’autre morale, du chapitre 3 au chapitre 4, verset 6. (L. BACUEZ.)

Saint Paul, après avoir salué les Colossiens, rend grâces à Dieu, et prie pour eux. Jésus-Christ est l’mage de Dieu, le créateur de toutes choses, le chef de l’Eglise, le pacificateur entre le ciel et la terre. Paul ministre de Jésus-Christ et de son Eglise. Mystère de la vocation des gentils.

1 Paul, Apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et Timothée, notre frère, [1.1 Timothée se trouvait alors auprès de Paul à Rome. Peut-être est-ce lui qui écrivit l’épître sous la dictée de l’Apôtre (voir Colossiens, 4, 18).]2 aux saints et fidèles frères dans le Christ Jésus, qui sont à Colosses. [1.2 Aux saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.]3 Que la grâce et la paix soient sur vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. Nous rendons grâces à Dieu, Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, ne cessant pas de prier pour vous, 4 ayant été informés de votre foi en Jésus-Christ, et de la charité que vous portez à tous les saints, 5 à cause de l’espérance qui vous est réservée dans le ciel, et dont vous avez eu connaissance par la parole de vérité de l’Evangile. 6 Il est parvenu jusqu’à vous, comme il est aussi dans le monde entier, où il porte des fruits et grandit, comme parmi vous, depuis le jour où vous (l’) avez entendu et connu la grâce de Dieu, conformément à (dans) la vérité, [1.6 Dans la vérité se rapporte à connu : d’après des renseignements vrais (verset 7), par opposition aux erreurs des faux docteurs.]7 selon que vous en avez été instruits par Epaphras, notre bien-aimé compagnon de service (dans le service de Dieu), qui est pour vous un fidèle ministre de Jésus-Christ, [1.7 Dans le service de Dieu. Comparer à Colossiens, 4, 7. ― Epaphras était de Colosses et l’un des premiers qui avaient prêché l’Evangile dans cette ville. Il fut prisonnier avec saint Paul à Rome.]8 et qui nous a aussi fait connaître votre charité toute spirituelle. [1.8 Toute spirituelle ; c’est-à-dire produite uniquement par l’inspiration du Saint-Esprit.]9 C’est pourquoi, nous aussi, depuis le jour où nous l’avons appris, nous ne cessons pas de prier pour vous, et de demander à Dieu que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, [1.9 En toute sagesse, etc., ou avec toute sagesse ; en vous donnant toute sagesse, etc.]10 pour marcher d’une manière digne de Dieu, lui plaisant en toutes choses, portant des fruits en toute sorte de bonnes œuvres, et croissant dans la connaissance (science) de Dieu ; 11 fortifiés à tous égards par la puissance de sa gloire, pour manifester toute patience et longanimité, en même temps que la joie ; [1.11 Par la puissance de sa gloire, pour sa puissance glorieuse. Nous avons déjà fait remarquer que les Hébreux, aussi bien que les Grecs et les Latins, employaient fréquemment le substantif au lieu de l’adjectif, pour donner plus de force à l’expression.]12 rendant grâces à Dieu le Père, qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, 13 qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé (du Fils de sa dilection), [1.13 La puissance des ténèbres, de Satan. ― Le royaume du Fils de son amour, de son Fils bien-aimé, par opposition au royaume détesté de Satan.]14 en qui nous avons la rédemption, par son sang, et la rémission des péchés. 15 C’est lui qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature ; 16 car en lui toutes choses ont été créées dans le ciel et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances : tout a été créé par lui et pour lui, [1.16 Voir Jean, 1, 3.]17 et il est avant tous, et toutes choses subsistent en lui. 18 C’est lui aussi qui est le chef du corps de l’Eglise ; lui est les prémices (le principe), le premier-né d’entre les morts, afin d’être en toutes choses le premier (la primauté de) ; [1.18 Voir 1 Corinthiens, 15, 20 ; Apocalypse, 1, 5.]19 car il a plu à Dieu que toute plénitude résidât en lui ; [1.19 Au Père. Le contexte prouve que ces mots sous-entendus. Voir le verset 12.]20 et il lui a plu de réconcilier par lui toutes choses avec lui-même, soit celles qui sont sur la terre, soit celles qui sont dans le ciel, en établissant la paix par le sang de sa croix. 21 Et vous qui étiez autrefois des étrangers et des ennemis, par (vos penchants et) vos œuvres mauvaises, 22 il vous a réconciliés maintenant par la mort de (son Fils en) son corps charnel, pour vous faire paraître devant lui saints, sans tache et irrépréhensibles, 23 si toutefois vous demeurez fondés et affermis dans la foi, et inébranlables dans l’espérance offerte par l’Evangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature qui est sous le ciel, et dont moi, Paul, je suis devenu le ministre. 24 Maintenant je me réjouis dans mes souffrances pour vous, et ce qui manque aux souffrances du Christ, je le complète dans ma chair pour son corps, qui est l’Eglise, [1.24 La passion de Jésus-Christ, considérée en elle-même, n’a rien d’imparfait, rien qui demande qu’on y supplée. Le Sauveur a parfaitement accompli l’œuvre de la réconciliation, et il n’a rendu l’esprit sur la croix qu’après avoir dit que tout était consommé. Mais si l’on l’envisage par rapport à l’homme, il en est autrement. Jésus-Christ en souffrant pour nous n’a pas prétendu nous dispenser de souffrir, de porter notre croix, d’expier nos fautes par la pénitence ; puisque, au contraire, il nous en a fait un commandement. Aussi saint Pierre nous a-t-il avertis que le Sauveur a souffert pour nous donner l’exemple, afin que nous suivions ses traces (voir 1 Pierre, 2, 21). On peut donc dire en ce sens, qu’il reste encore à Jésus-Christ quelque chose à souffrir, non dans sa personne, mais dans ses membres.]25 dont je suis devenu le ministre, selon la charge que Dieu m’a donnée relativement à vous, pour que j’annonce pleinement la parole de Dieu, 26 le mystère qui a été caché aux (dès l’origine des) siècles et aux générations, mais qui maintenant a été manifesté à ses saints, [1.26 Le mystère, le dessein de racheter l’humanité déchue par Jésus-Christ.]27 auxquels Dieu a voulu faire connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les Gentils (nations), à savoir, le Christ en vous, (pour) l’espérance de la gloire. [1.27 Quelles sont les richesses de la gloire messianique, du règne glorieux, de l’éternelle béatitude, de ce mystère, contenue dans ce mystère (comparer à l’espérance de l’Evangile, verset 23), fruit de l’incarnation et de la mort du Fils de Dieu, que les fidèles ont dès maintenant en espérance, et qu’ils posséderont en réalité après le second avènement de Jésus-Christ.]28 C’est lui que nous (vous) annonçons, reprenant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin que nous rendions tout homme parfait en Jésus-Christ. 29 C’est aussi à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi.

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