Les deux Livres des Paralipomènes ne forment qu'un seul ouvrage, auquel il faut d'ailleurs très probablement rattacher les Livres d'Esdras et de Néhémias, comme on le verra à leur sujet. Le titre hébreu, « les Chroniques », caractérise bien l'œuvre, tandis que la dénomination actuelle, qui vient de la version grecque des Septante, les Paralipomènes (ce qui avait été oublié, omis), suppose une fausse interprétation, car il ne s'agit pas ici de compléments. ♦ Les Chroniques embrassent toute l'histoire, depuis la création d'Adam jusqu'à l'édit de Cyrus, en 538 ; les Livres d'Esdras et de Néhémias poursuivent le récit jusqu'aux réformes de Néhémias, vers 430. On admet communément que l'auteur écrivait vers 300 ; peut-être était-ce un Lévite, mais influencé par le courant prophétique. ♦ Ce livre contient deux grandes parties : I – IX donnent des tables généalogiques qui, d'Adam, aboutissent à la personne de David. X – XXIX racontent le règne de David ; de Saül ne sont mentionnées que la défaite finale et la mort, qui permettent providentiellement à David l'accès au pouvoir ; l'auteur insiste sur les gloires de son règne, au point de ne pas mentionner sa faute ; il rapporte en détail la prophétie de Nathan et montre en David l'organisateur du culte (XXIII – XXVI), ce que n'avait pas noté II Rois. Le IIe Livre des Paralipomènes contient l'histoire de Salomon et des rois de Juda. ♦ L'ouvrage présente un parallélisme général avec les livres historiques antérieurs, surtout ceux des Rois. De fait, c'est bien une compilation de sources nombreuses, les unes non-canoniques, soigneusement indiquées, les autres canoniques, non nommées — car on les reconnaissait aisément, l'auteur les citant généralement ad litteram ; les modifications qu'il y apporte sont, au vrai, un véritable commentaire des livres saints antérieurs, au nom d'une tradition sûre et d'une doctrine parfaitement orthodoxe. ♦ L'étude attentive que l'on a faite de l'ouvrage, durant ces dernières années, permet de préciser cette doctrine, cette idée directrice, qui ont déterminé le choix des documents historiques utilisés : Juda (de préférence nommé Israël), et plus encore David et sa lignée, sont mis en vedette ; silence à peu près absolu sur Saül, rien sur le royaume du Nord — car l'Alliance de Dieu avec David reprend son alliance avec Abraham, celle du Sinaï n'ayant qu'un caractère de transition ; cette Alliance est inviolable et doit s'épanouir dans la théocratie messianique universelle, le Temple de Jérusalem devenant le centre de toutes les nations. Aussi l'ouvrage met-il au premier plan le rôle des prophètes qui, successeurs de Moïse, rappellent aux rois les volontés divines et sont pour ainsi dire la conscience vivante du peuple — tandis que le haut sacerdoce n'apparaît qu'au second rang. ♦ Ainsi donc l'Alliance est à la base même des préoccupations du Chroniste : définitivement scellées avec la lignée davidique, elle doit aboutir à la théocratie, à l'instauration du royaume de Dieu. Mais Israël n'a pas été fidèle à cette vocation : si David, dans un passé déjà lointain, représente l'idéal du roi théocratique, ses descendants, sauf Josias, ont échoué, et c'est pourquoi tant de malheurs doivent purifier le peuple. Les tentatives d'Esdras et de Néhémias semblaient aussi, avec raison, vouées à l'échec, au regard du Chroniste. Il faut donc, en définitive, tourner ses regards vers le Messie annoncé par les prophètes, vers ce Fils de David qui seul réalisera un jour l'idéal théocratique et les promesses divines adressées à son aïeul.
1 Adam, Seth, Énos,
5 Les fils de Japhet sont Gomer, Magog, Madaï, Javan, Thubal, Mosoch et Thiras.
8 Les fils de Cham : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan.
17 Les fils de Sem sont Élam, Assur, Arphaxad, Lud et Aram. Les fils d'Aram sont Us, Hul, Géther et Mosoch.
28 Les enfants d'Abraham sont Isaac et Ismaël.
43 Voici les rois qui régnèrent au pays d'Édom, avant qu'il y eût un roi établi sur les enfants d'Israël : Béla, fils de Béor, dont la ville s'appelait Dénaba.