La tradition attribue trois lettres à l'apôtre Jean, bien que son nom n'y soit jamais mentionné. La première de ces lettres ne nous donne aucune indication sur son auteur ni sur l'identité de ses destinataires. Elle laisse cependant apparaître certains aspects de la situation des communautés chrétiennes auxquelles elle était adressée. Comme beaucoup d'autres communautés de la deuxième moitié du premier siècle, elles étaient exposées à l'influence de mouvements spirituels ou religieux qui s'écartaient de la vraie foi chrétienne. C'est pourquoi l'auteur vise un double but dans sa lettre :
— encourager ses lecteurs à vivre dans une communion réelle avec Dieu et son Fils Jésus-Christ, ce qui doit se traduire par la pratique de l'amour fraternel ;
— lutter en même temps contre une fausse doctrinea qui compromet la fidélité à l'Évangile.
L'introduction de la lettre (1.1-4) définit le but poursuivi par l'auteur : fortifier la communion que les croyants doivent avoir avec Dieu et Jésus-Christ, ainsi que la communion fraternelle des uns avec les autres. Pour cela ils doivent rester fidèles au témoignage de ceux qui ont vu et entendu Jésus-Christ. L'auteur invite ses lecteurs à vivre dans la lumière, car Dieu est lumière. Dans ce but, ils doivent pratiquer le commandement de l'amour (1.5—2.17). Après quoi l'auteur annonce l'apparition de grands adversaires du Christ, des menteurs qui nient que Jésus soit le Christ (2.18-29). Puis il rappelle ce qui caractérise les véritables enfants de Dieu : la vie juste qu'ils mènent, l'amour qu'ils ont les uns pour les autres, la fidélité à Jésus-Christ (3.1-24). Après avoir montré comment distinguer l'erreur de la vérité (4.1-6), l'auteur revient une fois encore sur le thème de l'amour : appartenir à Dieu, c'est aimer, car Dieu est amour (4.7-21). Il termine en décrivant la foi victorieuse et en résumant les points importants de sa lettre (5.1-21).
Cette lettre apporte une image claire de la vie chrétienne authentique. Elle nourrit la réflexion des chrétiens en les aidant à écarter les erreurs séduisantes et en les encourageant à mieux lier foi en Jésus-Christ et amour du prochain. [a Cette fausse doctrine part de l'idée que le monde matériel est mauvais en soi, et qu'il n'est donc pas possible que le Christ, le Fils de Dieu, soit devenu un être humain (on établissait une distinction entre le Jésus terrestre et le Christ, qui serait resté un être purement spirituel). Le salut serait alors lié à une connaissance supérieure de Dieu ; il réclamerait qu'on soit libéré de toute préoccupation concernant la vie dans le monde ; il serait sans rapport avec l'amour du prochain et même avec toute règle morale. Voilà le genre d'erreurs qu'il s'agissait de combattre.]
1 Ce qui existait dès le commencementb, nous l'avons entendu, nous l'avons vu de nos propres yeux, nous l'avons regardé et nos mains l'ont touché : il s'agissait de la Parole qui donne la vie. [b Comparer 2.13 ; Jean 1.1.]
5 Voici le message que nous avons entendu de Jésus-Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière et il n'y a aucune obscurité en lui.
8 Si nous prétendons être sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous.