Les deux livres des Maccabées ne font pas partie des livres canoniques juifs et ont donc été considérés comme apocryphes par saint Jérôme, puis par les protestants. Pourtant ils ont été cités et estimés par les Pères et ils apparaissent dès le IVe siècle dans les listes canoniques. Luther lui-même regretta que 1 Maccabées soit considéré comme apocryphe.
Leur titre vient du surnom de Maccabée donné au héros principal, Judas, puis à ses frères.
Les deux livres des Maccabées sont presque les seuls à nous renseigner sur l'histoire du peuple élu à l'époque hellénistique, alors que la Judée est vassale des souverains séleucides qui règnent à Antioche. Le premier couvre la période qui va de l'avènement d'Antiochus Epiphane (175 avant J.C.) à l'avènement de Jean Hyrcan (134 avant J.C.) ; le second lui est en partie parallèle : il commence à la fin du règne de Séleucus IV (prédécesseur d'Antiochus Epiphane) et se termine déjà avec la mort de Nikanor, général du roi Démétrius Ier, vaincu par Judas Maccabée, soit une quinzaine d'années plus tard.
Le thème des deux livres est semblable : grâce au secours divin, Judas Maccabée et ses frères reconquièrent l'autonomie nationale et la liberté du culte qu'avait tenté d'anéantir Antiochus Epiphane (175-164).
Tous deux nous ont été transmis en grec, mais le premier a été écrit en hébreu. Le texte figure dans trois grands manuscrits : Sinaïticus (où la partie correspondant à 2 Maccabées est malheureusement perdue), Alexandrinus et Venetus, et dans une trentaine de manuscrits moins importants, mais qui conservent parfois un texte plus ancien (ainsi dans la vieille traduction latine et dans la recension de l'exégète Lucien, vers 300 après J.C.).
L'historien Flavius Josèphe a paraphrasé 1 Maccabées dans les Antiquités Judaïques et parfois son texte nous vient en aide, mais il n'a pas connu 2 Maccabées.
1 Maccabées est une trilogie qui narre les hauts faits de Judas Maccabée et de ses frères Jonathan et Simon. Ce dernier est le fondateur de la dynastie juive des Hasmonéens. Après une introduction sur Alexandre le Grand et ses successeurs et sur la tentative d'Epiphane d'imposer les mœurs et les cultes helléniques à la Judée, nous assistons à la révolte du prêtre Mattathias et de ses fils.
Le troisième, Judas Maccabée, s'impose comme chef et mène la lutte durant six ans, de 166 à 160. D'abord contre Lysias (gouverneur de Transeuphratène, alors qu'Antiochus Epiphane fait campagne en Perse) puis contre Bakkhidès (gouverneur nommé par Démétrius Ier, 162-150, et soutenu par le grand prêtre Alkime) et contre le général Nikanor. Judas meurt glorieusement en combattant Bakkhidès.
La deuxième section met en scène Jonathan, avec qui les manœuvres politiques l'emportent sur les opérations militaires. Il sait habilement tirer profit des compétitions pour le trône de Syrie. En 152, il est nommé grand prêtre par Alexandre Balas. En 145 il est reconnu par Démétrius II et confirmé par Antiochus VI ; mais Tryphon, un général syrien qui va s'emparer du trône des Séleucides, le prend par traîtrise et le met à mort avec Antiochus VI (142).
Simon prend la relève et connaît une série de succès. Nommé grand prêtre et ethnarque par Démétrius II, qui a repris le pouvoir, il fortifie les villes de Judée, prend Joppé, Gazara, la Citadelle de Jérusalem (juin 141), et obtient l'autonomie politique. En 139, Antiochus VII confirmera la Charte qu'avait octroyée Démétrius II, mais se retournera ensuite contre Simon qui, trop âgé, confie alors le commandement à son fils Jean (Hyrcan).
Le livre s'achève sur le récit de l'assassinat de Simon et de deux de ses fils par son gendre Ptolémée et renvoie à un livre des Annales pour le récit du pontificat de Jean Hyrcan, successeur de son père. (Flavius Josèphe a utilisé ces Annales.)
L'auteur, un juif de Palestine, imite le style des anciens livres historiques (notamment dans les passages en vers, qui sont un véritable florilège de citations bibliques), et le texte grec reflète un original sémitique, presque sûrement hébreu. Il a composé son livre après 134, mais avant la prise de Jérusalem par Pompée en 63 avant J.C. — vraisemblablement vers 100 avant J.C. Centré sur la nation juive, l'auteur fait preuve d'un certain conservatisme ; les perspectives eschatologiques et messianiques sont absentes et il s'intéresse avant tout au Temple et à la Loi qu'il ne dissocie d'ailleurs pas de l'Alliance.
C'est en observant la Loi et en rejetant, même au prix de leur vie, les coutumes païennes que les Juifs bénéficieront des bienfaits de l'Alliance, et si, par respect, Dieu n'est pas nommé, c'est bien du « Ciel » que vient la victoire. Partisan des Hasmonéens, l'auteur de 1 Maccabées semble pourtant étranger aux querelles qui opposaient les Pharisiens aux Sadducéens et au pouvoir. Il parle en termes élogieux de la secte des Assidéens, mais ne fait pas allusion à celle des Esséniens qui en est issue. Cette piété sans fanatisme en fait donc un témoin authentique des valeurs permanentes de l'ancienne Alliance.
1 Après qu'Alexandre, fils de Philippe, Macédonien sorti du pays des Kettiim, eut battu Darius, roi des Perses et des Mèdes, et fut devenu roi à sa place, tout d'abord sur l'Hellade, [— Kettiim (ou Kitiens, voir 1 M 8.5, en hébreu Kittim) : ce terme désignait d'abord les habitants de Chypre (voir Gn 10.4), puis des îles et rivages de la mer Egée (voir aussi Jr 2.10 et la note). Ici, il désigne les Macédoniens (voir 1 M 8.5).
— Hellade : la Grèce proprement dite, mais aussi les côtes d'Asie Mineure colonisées par les Grecs.]
3 Il poussa jusqu'au bout du monde et prit les dépouilles d'une multitude de nations. La terre se tut devant lui. Son cœur s'exalta et s'enfla d'orgueil ; [— la terre se tut : voir 7.50 ; 9.57 ; 11.38,52 ; 14.4 ; Jg 3.11 ; 5.31 ; 8.28.
— Son cœur s'exalta... 1 M 16.13 ; Ez 28.2,5,17 ; 2 Ch 25.19 ; 26.16 ; voir Dt 17.20.]
10 Il sortit d'eux un rejeton impie : Antiochus Epiphane, fils du roi Antiochus, qui, après avoir été otage à Rome, devint roi en l'an cent trente-sept de la royauté des Grecs. [— otage à Rome : il faisait partie des otages que son père, Antiochus III, dut livrer selon le traité d'Apamée (188 av. J.C.), voir 2 M 8.10 et la note. Son neveu Démétrius le remplaça en 176 av. J.C.
— l'an cent trente-sept de la royauté des Grecs : en 175 av. J.C. — lelivre des Maccabées compte les années à partir du début du règne de Séleucus Ier, c'est-à-dire à partir d'octobre 312 av. J.C.]
16 Quand il vit son règne affermi, Antiochus projeta de devenir roi d'Egypte afin de régner sur les deux royaumes. [— Antiochus voudrait rétablir à son profit l'unité de l'empire d'Alexandre (voir 1 M 1.6 ; 1.8 et la note).]
21 Entré dans le sanctuaire avec arrogance, il prit l'autel d'or, le candélabre de lumière et tous ses accessoires,
25 Il y eut grand deuil sur Israël partout dans le pays.
26 Chefs et anciens gémirent,
jeunes gens et jeunes filles dépérirent,
et la beauté des femmes s'altéra. [— Chefs et anciens gémirent Lm 1.4 ; 2.10.
— jeunes gens et jeunes filles dépérirent Am 8.13 ; Lm 1.6,18 ; 4.7-8.]
27 Le nouveau marié entonna une lamentation,
et l'épouse assise dans sa chambre fut en deuil.
28 La terre trembla à cause de ses habitants,
et toute la maison de Jacob fut revêtue de honte.
29 Deux ans après, le roi envoya un percepteur dans les villes de Juda ; il vint à Jérusalem avec une armée imposante. [— Deux ans après : voir 1 M 1.20 et la note ; mais le calcul est approximatif : c'est au printemps 167 av. J.C. que l'armée fut envoyée d'Antioche.
— percepteur : c'est la traduction du grec, mais le texte hébreu original devait porter « chef des Mysiens », voir 2 M 5.24. Les deux expressions sont très semblables en hébreu. Il s'agirait donc d'Apollonius (voir 1 M 3.10-12).]
36 Cela devint une embuscade pour le sanctuaire
et un adversaire maléfique pour Israël en tout temps.
37 Ils répandirent du sang innocent autour du sanctuaire
et ils souillèrent le lieu saint.
38 Les habitants de Jérusalem s'enfuirent à cause d'eux,
et la ville devint une colonie d'étrangers,
elle devint étrangère à sa progéniture,
et ses propres enfants l'abandonnèrent.
39 Son sanctuaire fut dévasté comme un désert,
ses fêtes se changèrent en deuil,
ses sabbats en dérision,
son honneur en mépris. [— sanctuaire dévasté 1 M 2.12 ; 4.38 ; Ps 74.3-7 ; voir Lm 5.18.
— fêtes changées en deuil 1 M 9.41 ; Am 8.10 ; Lm 5.15 ; voir Lm 1.4.]
40 A la mesure de sa gloire fut son déshonneur,
et sa grandeur fit place au deuil.
41 Le roi ordonna que, dans tout son royaume, tous ses peuples n'en forment qu'un
54 Le quinzième jour de Kislew en l'an cent quarante-cinq, le roi construisit l'abomination de la dévastation sur l'autel des holocaustes, et dans les villes de Juda alentour on éleva des autels. [— Kislew en l'an cent quarante-cinq : fin décembre 167 av. J.C.
— l'abomination de la dévastation, dont parle aussi Daniel (Dn 9.27 ; 11.31 ; 12.11 ; Mt 24.15 par.), est l'autel de Zeus Olympien (voir v. 43 et la note).
— autels : voir la note sur 2 M 10.2.]