Bible en français courant – 1 Samuel 1
Premier livre de Samuel
Le prophète Samuel, dont le nom a été donné à ce livre et au suivant, est en fait le dernier des « Juges », ces sauveurs que Dieu donnait à son peuple dans les temps de crise. Il exerce son double ministère, politique et religieux, dans une période de transition (chap. 1—7). Israël ne se contente plus des interventions occasionnelles des « Juges » et aspire à l'institution d'une autorité politique plus régulière. Malgré ses réticences, Samuel doit, à la demande du peuple et sur l'ordre de Dieu, établir un roi en la personne de Saül (chap. 8—10). Très vite pourtant Saül se laisse aller à des infidélités envers Dieu, de sorte que Dieu lui retire son appui (chap. 11—15). Dieu choisit alors le jeune David, qui succèdera plus tard à Saül. David entre au service de Saül et se familiarise ainsi avec la vie de la cour, avant de s'enfuir pour échapper à Saül qui veut le tuer. Les chapitres 16 à 30 montrent la déchéance progressive de Saül et la puissance grandissante de David. Le livre se termine par le récit de la mort de Saül et de ses fils au cours d'une bataille contre les Philistins (chap. 31).
Ce livre nous rappelle que Dieu seul est le vrai roi de son peuple. Dans ce peuple l'autorité légitime ne peut être exercée que par celui qui accepte pleinement d'être lui-même soumis à l'autorité unique de Dieu.
Anne au sanctuaire de Silo
1 A Rama, dans la région montagneuse d'Éfraïm, vivait un Éfraïmite, du district de Soufa, appelé Elcana ; il était fils de Yeroam, lui-même fils d'Élihou, petit-fils de Tohou et arrière-petit-fils de Souf. [a A Rama [...] du district de Souf : d'après l'ancienne version grecque (localité située à 40 km environ au nord-ouest de Jérusalem) ; hébreu A Ramataïm-Sofim (appellation unique de cette localité).] 2 Il avait épousé deux femmes, Anne et Peninna ; Peninna avait des enfants, mais Anne n'en avait pas.
3 Chaque année, Elcana se rendait de Rama au sanctuaire de Silob pour y adorer le Seigneur, le Dieu de l'univers, et lui offrir un sacrifice. Les deux fils d'Héli, Hofni et Pinhas, étaient prêtres du Seigneur à Silo. [b Localité située à 30 km environ au nord de Jérusalem (voir Jos 18.1-10).] 4 Elcana avait l'habitude de donner à Peninna et à chacun de ses enfants un morceau de l'animal sacrifié ; 5 mais à Anne, il donnait une part de choix, car il l'aimait beaucoup, bien que le Seigneur ne lui ait pas accordé d'enfantsc. [c une part de choix : texte hébreu peu clair et traduction incertaine ; autre traduction, d'après l'ancienne version grecque à Anne aussi il ne donnait qu'un seul morceau, bien qu'il l'aimât plus que Peninna ; et pourtant le Seigneur ne lui avait pas accordé d'enfants.] 6 Quant à Peninna, l'autre femme, elle cherchait sans cesse à vexer Anne pour l'humilier de n'avoir pas d'enfant. 7 Et chaque année, lorsque Anne se rendait au sanctuaire du Seigneur, la même scène se répétait.
Une année, comme Anne se mettait à pleurer et ne voulait rien manger, 8 son mari lui demanda : « Anne, pourquoi pleures-tu ? Pourquoi ne veux-tu rien manger ? Pourquoi es-tu si triste ? Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ? »
9 Après que l'on eut mangé et bu aux abords du sanctuaire de Silo, Anne se leva. Le prêtre Héli était assis près du montant de la porte. 10 Anne était très affligée. Tout en pleurs, elle pria le Seigneur 11 en prononçant cette promesse : « Seigneur, Dieu de l'univers, vois combien je suis malheureuse ! Ne m'oublie pas, aie pitié de moi ! Donne-moi un fils, je m'engage à le consacrer pour toujours à ton service ; ses cheveux ne seront jamais coupésd. » [d ses cheveux ne seront jamais coupés : voir Nomb 6.1-21.] 12 Anne pria longuement. Héli l'observait, 13 il voyait ses lèvres remuer, mais n'entendait aucun son, car elle priait intérieurement. Héli pensa qu'elle était ivre 14 et lui dit : « Resteras-tu encore longtemps dans cet état ? Va faire passer ton ivresse ailleurs ! » — 15 « Non, je ne suis pas ivre, répondit Anne. Je suis une femme malheureuse, mais je n'ai pas bu. Je suis ici pour confier ma peine au Seigneur. 16 Ne me considère pas comme une femme de rien. Si j'ai prié aussi longtemps, c'est parce que mon cœur débordait de chagrin et d'humiliation. » 17 Alors Héli déclara : « Va en paix. Et que le Dieu d'Israël t'accorde ce que tu lui as demandé. » — 18 « Et toi, répondit-elle, garde-moi ta bienveillance. » Anne s'en alla et accepta de manger. La tristesse avait disparu de son visage.
19 Tôt le lendemain matin, Elcana et sa famille allèrent se prosterner devant le Seigneur, puis ils retournèrent chez eux, à Rama.
Elcana s'unit à sa femme Anne, et le Seigneur exauça la prière de celle-ci.
Naissance et enfance de Samuel
20 Anne devint enceinte, puis mit au monde un fils. Alors elle déclara : « Puisque je l'ai demandé au Seigneur, je lui donne le nom de Samuele. » [e En hébreu, il y a une certaine ressemblance entre le nom de Samuel et le verbe signifiant demander.]
21 Par la suite, Elcana se rendit de nouveau à Silo avec sa famille pour y offrir au Seigneur le sacrifice annuel et un sacrifice particulier qu'il avait promis. 22 Mais cette fois, Anne n'alla pas avec son mari. Voici ce qu'elle lui avait expliqué : « J'attends que l'enfant soit sevré ; alors je l'amènerai à Silo, je le présenterai devant le Seigneur, et il restera là pour toujours. » 23 Elcana avait répondu : « C'est bien ! Puisque tu le juges bon, reste ici avec lui jusqu'à ce qu'il soit sevré. Que le Seigneur réalise sa promesse. » Anne était donc restée à Rama pour allaiter son fils.
24 Lorsqu'elle l'eut sevré, et bien qu'il fût encore tout jeune, elle l'emmena au sanctuaire du Seigneur à Silo. Elle et son mari avaient pris un taureau de trois ansf, un sac de farine et une outre de vin. [f tout jeune : on allaitait les enfants jusque vers un an, parfois même jusqu'à trois ans. — un taureau de trois ans : d'après un manuscrit hébreu trouvé à Qumrân, et les anciennes versions grecque et syriaque ; texte hébreu traditionnel trois taureaux.] 25 Ils offrirent le taureau en sacrifice, puis ils conduisirent l'enfant auprès d'Héli. 26 Anne dit à Héli : « Te souviens-tu de cette femme qui se tenait un jour ici, non loin de toi, pour prier le Seigneur ? Aussi vrai que tu es vivant, c'était moi. 27 C'est pour obtenir cet enfant que je priais. Le Seigneur me l'a donné. 28 A mon tour, je veux le donner au Seigneur ; pour toute sa vie, il appartiendra au Seigneur. » Alors Samuelg se prosterna devant le Seigneur. [g Samuel : le sujet pronominal de l'hébreu (il) pourrait aussi désigner Héli ; les anciennes versions latine et syriaque ont un pluriel (ils) qui désigne toute la famille.]