On désigne sous ce titre trois Epîtres de saint Paul à ses disciples de prédilection. Deux sont adressées à Timothée et une à Tite. On les nomme pastorales, parce qu’elles traitent de sujets relatifs au saint ministère, en particulier du choix, des devoirs et des vertus des pasteurs.
Timothée avait suivi saint Paul dans une grande partie de ses voyages, et reçu de lui diverses missions, en Macédoine, en Grèce, à Philippes, à Thessalonique, à Corinthe. Il lui était aussi attaché qu’un fils peut l’être à son père ; néanmoins, l’Apôtre l’avait placé à la tête de l’Eglise d’Ephèse, pour se conformer à une révélation du ciel. Quant à Tite, il l’avait aussi élevé à l’épiscopat, après plusieurs missions, et l’avait chargé spécialement d’achever son œuvre dans l’île de Crète, en y organisant le ministère ecclésiastique.
La date de la seconde Epître à Timothée ne paraît pas douteuse. On la rapporte aux derniers temps de la vie de l’Apôtre. L’Epître elle-même nous apprend qu’il est à Rome, prisonnier pour la foi, qu’il a passé récemment à Troas, à Milet et à Corinthe, qu’il n’a plus à ses côtés qu’un seul disciple, saint Luc, et qu’il s’attend à une mort prochaine.
Pour les deux autres Epîtres, il ne paraît pas possible d’en fixer la date d’une manière précise. Néanmoins on a lieu de croire qu’elles sont à peu près de la même époque et qu’elles ont été écrites peu de temps avant la dernière captivité de l’Apôtre. Ce qui le fait penser, c’est l’analogie frappante et toute exceptionnelle qu’elles ont avec la seconde à Timothée, pour le fond comme pour la forme. Non seulement l’auteur y traite des mêmes sujets, mais il est placé au même point de vue, il a les mêmes préoccupations, il voit l’Eglise dans le même état. Mêmes périls pour la foi ; même goût des nouveautés dans les fidèles ; mêmes défauts dans la prédication ; les avis et les recommandations sont presque identiques. C’est aussi le même style, plus pur, plus coulant et moins chargé d’hébraïsmes qu’à l’ordinaire : ce sont les mêmes locutions et souvent les mêmes termes, qu’on lit dans chacune de ces Epîtres, et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Aucune d’elles ne ressemble à un traité dogmatique ou polémique. Ce sont des Lettres proprement dites, des communications affectueuses, des instructions toutes pratiques, telles que l’âge de l’Apôtre, sa dignité et ses relations avec ses disciples le mettaient en position de leur en adresser. Convaincu qu’ils ne demandent qu’à connaître ses sentiments pour entrer dans leurs vues, il leur écrit au courant de la plume, sans se préoccuper d’ordre ni de méthode. Les préceptes, les exhortations, les maximes, les pressentiments, les détails intimes arrivent pêle-mêle et se pressent sur le papier comme dans son esprit. Aussi serait-il difficile d’en faire un résumé ou une analyse proprement dite.
Ajoutons que diverses informations, fournies par ces Lettres mêmes, ne permettent guère de leur fixer une place dans la partie de la vie de saint Paul que les Actes nous retracent. Ainsi, dans la première à Timothée, on voit que, lorsqu’il écrivit, l’Apôtre venait de quitter Ephèse pour se rendre en Macédoine, qu’il avait laissé à son disciple le soin de cette Eglise et qu’il espérait l’y rejoindre bientôt. Or, ceci n’a pu avoir lieu au moment où les Actes nous montrent saint Paul quittant Ephèse pour passer en Europe ; car alors Timothée le devançait en Macédoine et l’Apôtre n’avait pas l’intention de revenir à Ephèse. A ce moment d’ailleurs, saint Paul ne fait encore que prédire l’apparition des faux Docteurs dont il expose et combat les principes dans les deux Lettres à Timothée. De même quand il écrit à Tite : il vient de passer dans l’île de Crète, où il l’a laissé. Il ne saurait être ici question de son passage en Crète avec le vaisseau qui l’emmenait captif à Rome : comment eût-il pu dire qu’il se proposait de passer l’hiver à Nicopolis ? On ne voit donc pas où placer cette Epître, sinon dans l’intervalle de ses deux captivités, intervalle dont nous ignorons le détail, mais qui n’a pas été imaginé pour soutenir l’authenticité de ces écrits et durant lequel nous sommes fondés à croire qu’il parcourut de nouveau l’Orient, après avoir évangélisé l’Espagne.
Quelques auteurs objectent le jeune âge de Timothée, à l’époque où fut écrite la première Epître, saint Paul lui recommandant de faire respecter sa jeunesse. Mais il faut tenir compte de l’âge avancé de l’Apôtre, qui se qualifie de vieillard et qui avait au moins une soixante d’années, de l’habitude où il était de parler à Timothée comme à son disciple, et de la pratique commune au premier siècle de n’appliquer aux fonctions pastorales que les hommes qui touchaient à la vieillesse. (L. BACUEZ.)
Dans cette Epître, le dessein de saint Paul est d’avertir l’évêque d’Ephèse des principaux devoirs attachés à sa charge, et de l’animer à les bien remplir, chapitre 3, verset 15. Dans ce but, il indique brièvement à Timothée les obligations les plus graves de l’épiscopat. Il lui dit : ― 1° Comment il doit instruire son peuple et combattre les mauvaises doctrines, chapitre 1, versets 1 à 20. ― 2° Avec quel soin il doit s’acquitter de la prière publique et des exercices du culte divin, chapitre 2, versets 1 à 15. ― 3° Comment il doit choisir ses coopérateur, chapitre 3, versets 1 à 16. ― 4° Quel zèle il doit avoir pour se sanctifier lui-même, chapitre 4, et pour maintenir la discipline dans son Eglise, chapitres 5 et 6. A ces instructions, qui conviennent à tous les pasteurs, se mêlent des exhortations et des avis personnels, avec certains détails sur la vie de l’Apôtre. (L. BACUEZ.)
1 Paul, apôtre de Jésus-Christ par ordre de Dieu notre sauveur, et de Jésus-Christ notre espérance, [1.1 Voir Actes des Apôtres, 16, 1.]