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Amiot-Tamisier – 2 Corinthiens 1

DEUXIÈME ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS

Il est assez difficile de déterminer la suite des événements entre les deux lettres aux Corinthiens. Voici ce qui semble le plus probable. ♦ Après l'envoi de la première épître, des judaïsants mirent de nouveau le trouble dans l'Église de Corinthe : X, 7 ; XI, 22. Paul y fit alors une courte visite (il annonce ici : XII, 14 et XIII, 1, qu'il va venir pour la troisième fois), dont il garda un assez mauvais souvenir : II, 1. Les intrigues continuèrent après son départ et un représentant de l'apôtre fut gravement offensé : II, 5-10 et VII, 12. Malade à Éphèse (I, 8-9), Paul écrivit alors une lettre sévère qui n'a pas été conservée : II, 3, 4, 9 ; VII, 8-12 (ce n'est pas la Ire aux Corinthiens, dont le ton est bien différent) ; il envoya Tite pour remettre les choses en ordre, et l'offenseur fut puni comme il le méritait, d'accord avec l'ensemble des fidèles : II, 6 ; VII, 7-12. Contraint de quitter Éphèse après l'émeute des orfèvres (Actes XIX, 23-40) et n'ayant pas trouvé Tite à Troas, l'apôtre passa en Macédoine où son disciple le rejoignit, apportant de bonnes nouvelles : VII, 4-7, 13. Il le renvoya à Corinthe pour terminer l'organisation de la collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem : VIII, 16-24. Certains judaïsants cependant persistaient dans une opposition irréductible à l'égard de saint Paul : X, 7 ; XI, 5, 23 ; XII, 11, etc. C'est pourquoi celui-ci, avant de partir pour Corinthe, écrivit notre seconde épître canonique, afin de rétablir son autorité, de ramener la paix, d'inviter à la générosité envers l'Église de Jérusalem, de réfuter les calomnies de ses adversaires et de préparer les esprits à sa visite : XIII, 1. ♦ Cette visite devait durer trois mois : Actes XX, 3. La IIe épître aux Corinthiens a donc été composée en Macédoine, peut-être à Philippes, huit ou neuf mois, ou au maximum deux ans après la première, donc à la fin de 56 ou en 57. Certains critiques ont pensé que le fragment VI, 14 – VII, 1 appartiendrait à la lettre intermédiaire perdue — que les chapitres X – XIII constitueraient une autre lettre — et qu'en outre des interversions se seraient produites. Ces hypothèses respectent l'authenticité paulinienne, mais elles n'ont aucun appui dans les manuscrits, et l'ordre actuel peut se justifier sans subtilités excessives, surtout si on tient compte du tempérament de saint Paul qui multiplie volontiers les digressions. Le plus sage est de s'en tenir à la tradition, d'autant que l'authenticité de l'épître est incontestable. Elle porte indéniablement la marque de son auteur ; aucune ne nous fait mieux connaître l'âme ardente de l'apôtre, ainsi que l'origine divine, les qualités et les épreuves du ministère apostolique.

ADRESSE ET ACTION DE GRÂCES ♦ ÉPREUVES ET SINCÉRITÉ DE L'APÔTRE ♦ POURQUOI IL A MODIFIÉ SES PROJETS DE VOYAGE

1 Paul, apôtre du Christ Jésus, par la volonté de Dieu, et Timothée, notre frère, à l'Église de Dieu qui est à Corinthe, ainsi qu'à tous les saints qui se trouvent dans l'ensemble de l'Achaïe. 2 Grâce à vous et paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ.

3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, 4 qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que nous puissions à notre tour consoler les autres dans toutes leurs afflictions, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu. 5 De même, en effet, que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même, par le Christ, abonde aussi notre consolation. [5. Les chrétiens ne font qu'un avec le Christ : Galates III, 28 ; leurs souffrances sont aussi celles du Christ ; c'est, pour ainsi dire, le Christ qui souffre en eux. Comparer Colossiens I, 24.] 6 Sommes-nous affligés ? C'est pour votre consolation et votre salut. Sommes-nous consolés ? C'est pour votre consolation, qui s'affirme dans votre patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons nous aussi. 7 Nous avons à votre égard un ferme espoir : nous savons que, partageant nos souffrances, vous aurez part aussi à notre consolation.

8 Nous ne voulons pas, frères, vous le laisser ignorer, l'épreuve qui nous est survenue en Asie nous a accablés au dernier point, au delà de nos forces ; nous en étions à désespérer même de conserver la vie. [8. Nous ignorons la nature de l'épreuve à laquelle saint Paul fait allusion, peut-être une maladie grave.] 9 Nous portions en nous notre arrêt de mort ; c'était pour nous apprendre à ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts. 10 C'est lui qui nous a sauvés d'une telle mort et qui nous en sauvera. Oui, nous l'espérons, il nous en sauvera encore à l'avenir. 11 Vous-mêmes y contribuerez en priant pour nous ; ainsi le bienfait obtenu grâce au concours d'un grand nombre de personnes sera pour elles l'occasion de rendre grâces à votre sujet.

12 Ce qui fait notre fierté, c'est le témoignage de notre conscience que nous nous sommes conduits dans le monde, et plus particulièrement à votre égard, avec la sainteté et la sincérité qui viennent de Dieu, sous l'inspiration, non de la sagesse humaine, mais de la grâce de Dieu. [12. L'Apôtre répond au reproche de duplicité que lui adressaient ses adversaires.] 13 Il n'y a pas en effet dans nos lettres autre chose que ce que vous y lisez et comprenez. Et j'espère que vous arriverez à comprendre parfaitement, 14 puisque vous avez déjà commencé de nous comprendre, que vous aurez sujet d'être fiers de nous, comme nous pourrons l'être de vous, au Jour de notre Seigneur Jésus.

15 Dans cette assurance et pour vous procurer une double joie, j'avais formé le projet d'aller d'abord chez vous ; 16 je serais passé chez vous en me rendant en Macédoine, puis de Macédoine je serais revenu chez vous, et vous m'auriez mis sur le chemin de la Judée. 17 Aurais-je, en formant ce projet, fait preuve de légèreté ? Ou bien mes projets seraient-ils inspirés par des motifs humains, de sorte qu'il y ait en moi le oui et le non ? [17-18. Réponse à un nouveau reproche : légèreté et inconstance ; il n'est pas le « oui, oui, non, non » qu'on lui reproche d'être.] 18 J'en atteste la fidélité de Dieu, mon langage avec vous n'est pas oui et non. 19 Le Fils de Dieu, le Christ Jésus, que nous avons prêché parmi vous, moi, Silvain et Timothée, n'a pas été oui et non ; en lui il n'y a eu que oui. [19-20. Il est au contraire le disciple de Celui qui est le Oui par excellence, affirmation et vérité incarnée, en qui toutes les promesses divines reçoivent leur accomplissement.] 20 Toutes les promesses que Dieu a pu faire ont trouvé leur oui en lui ; aussi est-ce par lui que nous disons Amen à la gloire de Dieu. 21 Or, Celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a oints, c'est Dieu, [21. L'onction désigne probablement ici le baptême et le sceau la confirmation, Dieu nous a donné les arrhes de l'Esprit, avant-goût de la gloire céleste. Comparer Éphésiens I, 14.] 22 qui nous a aussi marqués de son sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l'Esprit.

23 Quant à moi, je prends Dieu à témoin sur ma vie que c'est par ménagement pour vous que je ne suis pas revenu à Corinthe. 24 Ce n'est pas que nous prétendions régenter votre foi ; nous voulons seulement contribuer à votre joie ; car, pour la foi, vous tenez ferme.

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