1° Cette dernière partie de l'unique Livre des Rois (cf. Introduction à III Rois), débute (I – XIII) par l'activité du prophète thaumaturge Élisée, sous les successeurs d'Achab, dont toutes les entreprises échouèrent ; contre leur despotisme, le mécontentement était général et se traduisit par une révolte militaire qui porta Jéhu au pouvoir, mais aussi par une réaction contre l'influence étrangère et l'idolâtrie : aussi ce soulèvement, animé par Élisée, eut-il la faveur des prophètes et des Israélites fidèles. Cependant les rois de Damas ne cessaient d'accentuer leur pression sur Israël et sur Juda, mais une campagne assyrienne brise leur élan et permet aux deux royaumes de reconquérir les avantages perdus. ♦ 2° XIV – XVII : Israël et Juda connaissent alors une période de renaissance et de prospérité ; mais parallèlement, la corruption des mœurs s'accroît en même temps que l'idolâtrie se développe : l'une et l'autre stigmatisées par les prophètes Amos et Osée. Après le long règne de Jéroboam II (783-743), le royaume du Nord tombe dans l'anarchie. D'ailleurs c'en est fini de l'éloignement des grandes puissances : l'Assyrie, gouvernée depuis 745 par un prince entreprenant, Téglath-Phalasar III, cherche à étendre son hégémonie aux rives de la Méditerranée, ce qui entraînera, de la part de l'Égypte rivale, une opposition diplomatique surtout ; les petits royaumes syro-palestiniens seront les victimes de ces deux géants. C'est ainsi que le roi d'Assyrie, répondant à l'appel d'Achaz de Juda attaqué par Damas et Samarie, soumet ces deux derniers royaumes, et après diverses révoltes, ruine définitivement le royaume du Nord et déporte en Mésopotamie l'élite de sa population (prise de Samarie en 722). ♦ 3° XVIII – XXV : Désormais le petit royaume de Juda est le seul espoir des Israélites fidèles, en un temps troublé où s'affrontent les grands empires. Sous l'influence d'Isaïe et de Michée, Ézéchias (env. 716-687) tente un redressement national appuyé sur une réforme religieuse (expulsion de l'idolâtrie, suppression des hauts-lieux yahvistes pour réaliser l'unité de sanctuaire) ; en politique étrangère, Isaïe lui conseille la non-intervention ; Ézéchias s'éloigne une fois de cette ligne de conduite et participe à une coalition contre les Assyriens : leur roi, Sennachérib, vient en 701 assiéger Jérusalem, dont la délivrance merveilleuse, sans doute par une peste soudaine, atteste l'intervention de Dieu en faveur de ses fidèles. Mais les successeurs d'Ézéchias, séduits par le prestige de l'Assyrie, adoptent une partie de leurs cultes païens : le châtiment qu'appelle ce renouveau de paganisme est retardé par la substitution de Babylone à l'Assyrie (prise de Ninive en 612). A la faveur de ces événements, Josias, s'appuyant sur les prophètes Jérémie, Sophonie, Nahum, et autres, rejette les influences étrangères et entreprend avec ardeur une profonde réforme religieuse ; son zèle est encouragé vers 622, par la « découverte » du Deutéronome dont beaucoup de dispositions n'avaient pas encore été pleinement observées. Mais, après la mort tragique de Josias, l'expansion rapide de la puissance babylonienne précipite les événements ; les successeurs de Josias ne savent pas rester en dehors des intrigues diplomatiques qui s'accompagnent d'un renouveau païen ; mal conseillés par le parti égyptophile, ils se révoltent : après une première défaite, suivie d'une déportation de notables en 597, Jérusalem soutient une deuxième fois un siège terrible de dix-huit mois ; elle est prise en 587 : la ville sainte est pillée, incendiée, et tous ceux qui pourraient avoir quelque influence au pays de Juda sont déportés en Babylonie. ♦ Tout semble perdu, et les événements paraissent contredire les promesses glorieuses formulées autrefois par Dieu. C'est précisément pour mettre en lumière la cause profonde de ces malheurs que l'auteur de ce livre entreprit cet examen de conscience national (cf. Introduction à III Rois). D'autre part, à la même époque, le prophète Ézéchiel, dont notre auteur est sans doute un disciple, répondait à l'angoisse des captifs en leur montrant Dieu toujours présent parmi eux, pour préparer avec le Reste d'Israël la restauration promise : tel serait pareillement, semble-t-il, le but des derniers versets de l'ouvrage (XXV, 27-30), rapportant comment le roi captif Joachin se vit rétabli dans les honneurs dus à son rang : cet exemple ne veut-il pas faire entrer dans les âmes le ferme espoir d'un prochain revirement au profit de tout le peuple d'Israël resté fidèle ?
1 Après la mort d'Achab, Moab se révolta contre Israël.
5 Ceux qu'Ochozias avaient envoyés étant donc revenus, il leur dit : D'où vient que vous êtes revenus ?