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Vigouroux – 2 Maccabées 1

2e livre des Machabées

Introduction

Le second livre des Machabées n’est pas la suite du premier : c’est une œuvre complète en soi et indépendante, quoique racontant en partie les mêmes événements. Elle se divise en deux parties très distinctes, de nature diverse et d’inégale longueur, mais tendant l’une et l’autre au même but. La première, du chapitre 1 au chapitre 2, verset 19, est un simple recueil de documents ; elle contient deux lettres adressées : 1° par les habitants de Jérusalem aux Juifs d’Egypte, pour les inviter à la fête des Tabernacles, chapitre 1, versets 1 à 10a ; 2° par le sanhédrin à Aristobule, précepteur de Ptolémée VI, et aux Juifs d’Egypte pour leur annoncer la mort d’Antiochus III le Grand et quelques autres événements importants ; elle se termine par une invitation à participer à la fête des Tabernacles, du chapitre 1, verset 10b au chapitre 2, verset 19.

2° La seconde partie est l’histoire proprement dite. Après une préface, chapitre 2, versets 20 à 33, dans laquelle il indique qu’il va résumer les cinq livres de Jason de Cyrène, l’auteur raconte en deux sections, voir chapitre 2, verset 23 : 1° les événements de l’histoire juive qui se sont accomplis sous le règne d’Antiochus Epiphane et en particulier ses persécutions, du chapitre 3 au chapitre 10, verset 9 ; 2° les événements qui se rapportent au règne d’Antiochus Eupator, du chapitre 10, verset 10 au chapitre 15. Chacune des deux sections se termine par la mention de l’institution d’une fête, chapitre 10, verset 6 et chapitre 15, versets 36 et 37. Ce livre embrasse une période de quinze ans, de 175 à 161 avant Jésus-Christ, c’est-à-dire de la dernière année ou à peu près de Séleucus IV, mort en 175, à la mort de Nicanor en 161.

Il a été écrit en grec, comme l’atteste saint Jérôme. A part quelques hébraïsmes que l’on rencontre chez tous les écrivains juifs qui ont rédigé leurs ouvrages en grec, le style est pur et, pour le fond, semblable à celui des écrivains profanes du dernier siècle avant Jésus-Christ. La phrase est arrondie, coulante et riche en locutions véritablement grecques.

Des réflexions dont l’auteur parsème son récit, il résulte qu’il n’écrit pas seulement pour raconter, mais aussi pour instruire et édifier. Les deux lettres qu’il rapporte en commençant, dans sa première partie, n’ont pas uniquement pour but de donner une première vue d’ensemble sur les événements qu’il rapportera ensuite plus au long, mais aussi d’exciter les Juifs à la célébration des fêtes religieuses et à l’assistance aux sacrifices offerts en l’honneur de Dieu dans le temple. Faire ressortir la sainteté de la maison du Seigneur est une des choses qu’il a le plus à cœur et comme le but principal de son œuvre ; il exalte le temple par toutes sortes d’épithètes ; il montre les étrangers lui rendant honneur ; il raconte tous les traits qui peuvent en rehausser la gloire et l’éclat ; les deux fêtes instituées par Judas Machabée, en mémoire de la purification du temple et de la victoire sur Nicanor qui avait insulté la maison de Dieu, sont comme le pivot de son récit, car chacune de ses deux parties se termine par la mention de ces jours commémoratifs ; il conclut même son ouvrage, après avoir parlé de la dernière, sans nous faire connaître la fin de Judas. A une époque où les Juifs étaient dispersés partout, il était d’une extrême importance, pour la conservation de leur religion, qu’ils n’oubliassent point la sainteté du temple, qu’ils n’en érigeassent point à l’étranger et qu’ils contractassent l’habitude du pèlerinage à Jérusalem.

L’auteur était un Juif helléniste, qui avait vécu ou vivait à Jérusalem, mais il est d’ailleurs complètement inconnu.

Lettre des Juifs de Judée à ceux d’Egypte, pour leur recommander de célébrer la fête de la nouvelle dédicace du temple. Autre lettre pour les exhorter à célébrer avec eux la fête de la nouvelle dédicace du temple et celle du recouvrement du feu sacré.

1 Les Juifs qui sont dans Jérusalem et dans le pays de Judée, aux Juifs leurs frères qui sont en Egypte, salut et heureuse paix. 2 Que Dieu vous comble de biens, et qu’il se souvienne de l’alliance qu’il a faite avec Abraham, et Jacob, (qu’il se souvienne de, note) ses fidèles serviteurs ; [1.2 De ses serviteurs fidèles étant au génitif (servorum suorum fidelium), représente nécessairement le complément du verbe qu’il se souvienne (meminerit) ; voilà pourquoi dans notre traduction nous avons répété ce verbe.]3 qu’il vous donne à tous du (un) cœur, afin que vous le serviez (l’adoriez), et que vous accomplissiez sa volonté de grand cœur et de plein gré ! (.) 4 Qu’il ouvre votre cœur à sa loi et à ses préceptes, et qu’il établisse (vous donne) la paix ; 5 qu’il exauce vos prières, qu’il se réconcilie avec vous, et qu’il ne vous abandonne pas au temps mauvais ! (.) 6 Et maintenant nous sommes ici, priant pour vous. 7 Sous le règne de Démétrius, l’an cent soixante-neuf, nous Juifs, nous vous avons écrit dans la tribulation et l’accablement qui nous sont survenus pendant ces années, depuis que Jason s’est retiré de la terre sainte et du royaume. [1.7 L’année cent soixante-neuvième du règne de Grecs, la cent quarante-deuxième avant Jésus-Christ. Démétrius II Nicator. Voir 1 Machabées, 10, 67. Jason. Voir plus loin, 2 Machabées, 4, 7.]8 Ils ont brûlé la porte du temple, et ils ont répandu le sang innocent ; et nous avons prié le Seigneur, et nous avons été exaucés ; nous avons offert le sacrifice et la fleur de farine, nous avons allumé les lampes et exposé les pains. [1.8 Ils brûlèrent, etc. Voir 1 Machabées, 1, verset 39 et suivants ; 6, verset 49 et suivants. Nous offrîmes, etc. Comparer à 1 Machabées, 4, verset 56 et suivants.]9 Célébrez donc maintenant la fête des tabernacles (de la scénopégie) au mois de Casleu. [1.9-10 La date qui est donnée au commencement du verset 10, l’an 188 de l’ère des Séleucides, est celle de la lettre contenue dans les versets 1 à 9 et non celle de la lettre, qui commence dans le verset 10, aux mots : Le peuple, etc. Cette seconde lettre ne porte pas de date.][1.9 La scénopégie, voir 1 Machabées, 10, 21. Comparer à 2 Machabées, 10, verset 6 et suivants. Casleu. Voir 1 Machabées, 1, 57.]10 L’an cent quatre-vingt-huit. Le peuple qui est à Jérusalem et dans la Judée, le Sénat et Judas, à Aristobole, maître (précepteur) du roi Ptolémée, de la race des prêtres sacrés, et aux Juifs qui sont en Egypte, salut et santé (prospérité). [1.10 L’année cent quatre-vingt-huitième ; la cent vingt-troisième avant Jésus-Christ. Judas, eu égard au temps, ne saurait être Judas Machabées, mais ce pourrait être Judas l’Essénien, prophète célèbre dont parle Josèphe (Antiq., livre XIII, chapitre XIX). Salut (salutem), etc. Voir 1 Machabées, 10, 18. Aristobule, précepteur du roi Ptolémée VI Philométor (181-246), est le philosophe péripatéticien de ce nom qui dédia à Ptolémée VI son exposition allégorique du Pentateuque.]11 Délivrés par Dieu de grands périls, nous lui rendons de magnifiques actions de grâces, pour avoir pu combattre contre un tel roi. [1.11 Contre un tel roi : Antiochus Sidètes, selon la plupart des interprètes, ou Antiochus Epiphane suivant quelques-uns. Ou plutôt Antiochus III le Grand (222-187) qui, d’après le récit des auteurs profanes, périt massacré par les habitants d’une ville de Perse dont il voulait piller le temple. Les Romains, après l’avoir complètement battu à Magnésie, lui avaient imposé un lourd tribut qu’il était hors d’état de payer. Voir 1 Machabées, 8, 6-7.]12 Car c’est lui qui a fait sortir de Perse ceux qui ont combattu contre nous et la ville sainte. [1.12 De Perse. Les Juifs, du temps de l’auteur de ce livre, comprenaient sous le nom de Perse, tout le pays situé au-delà de l’Euphrate. Le mot de Perse ne se lit pas dans le texte grec ; il se trouve seulement au verset 13.]13 Car lorsqu’il était en Perse en qualité de chef, avec une immense armée, il périt dans le temple de Nanée, trompé par les conseils des prêtres de Nanée. [1.13 Nanée, déesse des Perses, la Diane des Grecs.]14 En effet, (Car) Antiochus vint en ce lieu avec ses amis, comme pour habiter avec elle (pour épouser la déesse) et pour recevoir de grandes sommes d’argent à titre de dot. [1.14 Avec ses amis. Voir 1 Machabées, 2, 18.]15 Et les prêtres de Nanée, lui ayant montré cet argent, et lui-même étant entré avec un petit nombre des siens dans l’intérieur du temple, ils fermèrent le temple 16 après qu’Antiochus y eut pénétré ; ensuite, ouvrant une porte secrète du temple et jetant des pierres, ils frappèrent le chef et ceux qui étaient avec lui, et ils les coupèrent en morceaux (déchirèrent membre par membre) ; puis, leur ayant tranché la tête, ils les jetèrent dehors. 17 Que Dieu soit béni en toutes choses, lui qui a livré les impies ! 18 Devant donc célébrer le vingt-cinquième jour du mois de Casleu, la purification du temple, nous avons jugé nécessaire de vous en avertir, afin que vous célébriez vous aussi la fête des tabernacles (le jour de la scénopégie), et la fête (le jour) du feu qui fut donné lorsque Néhémie, après avoir rebâti le temple et l’autel, offrit les sacrifices. [1.18 Devant donc, etc. Voir le verset 9. Le jour du feu, etc., c’est-à-dire, la fête de la découverte du feu sacré au temps de Néhémie.]19 Car lorsque nos pères furent emmenés en Perse, ceux d’entre les prêtres qui craignaient Dieu prirent le feu qui était sur l’autel, le cachèrent secrètement dans une vallée, où il y avait un puits profond et sec, et ils l’y préservèrent, de sorte que ce lieu est demeuré inconnu à tous. [1.19 En Perse, c’est-à-dire, en Chaldée. Voir le verset 12. D’après une tradition, le puits profond serait le puits appelé aujourd’hui Bir Eyoub, ou puis de Job, à l’endroit où la vallée d’Hinnom se joint avec la vallée du Cédron.]20 Or après que beaucoup d’années se furent écoulées, et qu’il plut à Dieu de faire envoyer Néhémie (en Judée) par le roi de Perse, il envoya les petits-fils de ces prêtres qui avaient caché le feu, pour le chercher ; et comme ils nous l’ont raconté, ils ne trouvèrent pas le feu, mais une eau épaisse. [1.20 Il plut (placuit) est précédé de et ; mais cette particule est ici purement pléonastique ; elle ne sert qu’à marquer l’apodose. Bien qu’elle ne puisse s’exprimer en français, elle a le sens de alors, dans ce cas, ce cas supposé. Néhémie fut envoyé par le roi de Perse Artaxerxès Longuemain. Voir l’Introduction au second livre d’Esdras.]21 Il (Le prêtre Néhémie) leur ordonna de puiser et de lui en apporter ; et le prêtre Néhémie (il) ordonna d’arroser avec cette eau les sacrifices qui avaient été apportés, le bois et ce qu’on avait mis dessus. 22 Lorsque cela eut été fait, et que le temps arriva où le soleil, qui était auparavant caché dans un nuage, se mit à luire, il s’alluma un grand feu, de sorte que tous furent dans l’admiration. 23 Cependant tous les prêtres étaient en prière, tandis que (jusqu’à ce que) le sacrifice était (fût) commencé ; Jonathas commençant, et les autres répondant. [1.23 Jonathas (Jonathan), grand prêtre du temps de Néhémie, voir 2 Esdras, 12, 11.]24 Et Néhémie priait en ces termes : Seigneur Dieu, créateur de toutes choses, terrible et fort, juste et miséricordieux, qui êtes seul un bon roi, 25 seul excellent, seul juste, tout-puissant et éternel, qui délivrez Israël de tout mal, qui avez choisi nos pères et les avez sanctifiés, 26 recevez le sacrifice pour tout votre peuple d’Israël, gardez votre héritage (portion, note) et sanctifiez-le. [1.26 Votre portion, votre héritage, votre peuple Israël.]27 Rassemblez ceux des nôtres qui sont dispersés, délivrez ceux qui sont esclaves des gentils, et regardez ceux qui sont méprisés et détestés, afin que les nations sachent que vous êtes notre Dieu. 28 Affligez ceux qui nous oppriment et qui nous outragent avec orgueil ; 29 établissez votre peuple dans votre lieu saint, selon que Moïse l’a dit. [1.29 Voir 2 Machabées, 2, 18. Comme a dit Moïse. Voir Deutéronome, 30, verset 3 et suivants.]30 Cependant les prêtres chantaient des hymnes, jusqu’à ce que le sacrifice fût consumé. 31 Et après que le sacrifice eut été consumé, Néhémie ordonna que l’on répandît ce qui restait de l’eau sur des (les) grandes pierres. 32 Dès qu’on l’eut fait, il s’y alluma une flamme ; mais elle fut consumée par la lumière qui brilla de l’autel. [1.32 Il s’y alluma, sur les pierres arrosées d’eau (voir verset 31).]33 Lorsque la chose fut connue, on rapporta au roi de Perse qu’au lieu où les prêtres qui avaient été déportés avaient caché le feu, on avait trouvé une eau dont Néhémie et ceux qui étaient avec lui avaient purifié les sacrifices. 34 Le roi, après avoir considéré la chose et l’avoir soigneusement examinée, bâtit là un temple, pour certifier ce qui était arrivé. [1.34 Au lieu de fît bâtir en ce même lieu un temple, le grec porte : il rendit ce lieu saint, sacré, inviolable.]35 Et, l’ayant vérifié, il donna aux prêtres de grands biens et des présents de divers genres, qu’il leur distribuait de sa propre main. 36 Néhémie appela ce lieu Nephthar, c’est-à-dire, purification ; mais il est nommé par plusieurs Néphi. [1.36 Néphi est probablement une corruption de Nephthar ; le grec lit Nephtaeï. Le mot Nephthar paraît être lui-même une corruption de Nechphar, dérivé du verbe hébreu câphar, dont on trouve (voir Deutéronome, 21, 8), la forme niccaphêr, pour nithcaphêr, qui signifie il a été expié.]

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