Le caractère canonique et inspiré de cette épître est, comme pour tous les livres de l'Écriture, un dogme de foi, défini au XVIe siècle par le concile de Trente. ♦ L'authenticité, c'est-à-dire l'attribution à l'apôtre saint Pierre, est plus difficile à établir. On ne trouve pas avant le IIIe siècle d'allusion certaine à l'épître. Origène la reconnaît à cette époque comme l'œuvre de l'apôtre ; après lui, les grands docteurs grecs du IVe siècle adoptent la même attitude. L'historien Eusèbe hésite, Saint Jérôme, par contre, est formel en faveur de l'authenticité. ♦ Si l'on interroge le texte lui-même, on constate qu'il se donne indubitablement comme étant de Pierre : I, 1, 16-18 ; III, 1. Par ailleurs, il présente de notables différences de style et de vocabulaire par rapport à la première épître ; saint Jérôme attribuait la rédaction des deux lettres à deux secrétaires différents. Cette solution qui maintient l'origine apostolique est peut-être la plus raisonnable, étant donné que l'authenticité immédiate, tout en gardant une sérieuse probabilité, n'est pas susceptible d'une démonstration certaine. Des commentateurs catholiques se contentent d'une authenticité dérivée et croient que la seconde épître a été rédigée après la mort de Pierre par un de ses disciples, qui reproduit son enseignement et emprunte son nom. Le fait que le livre de la Sagesse, écrit au dernier siècle avant notre ère, se donne comme l'œuvre de Salomon montre qu'une telle pseudonymie n'est pas incompatible avec le caractère inspiré de l'Écriture. ♦ L'auteur paraît avoir fait de notables emprunts à l'épître de saint Jude. Il s'adresse aux chrétientés d'Asie Mineure pour les mettre en garde contre de fausses doctrines, consistant moins en une gnose systématique qu'en des tendances licencieuses qui prétendaient justifier de graves désordres moraux et les accorder avec l'Évangile. Pierre est sans doute à Rome ; il pressent sa mort prochaine (I, 14), ce qui donne comme date de rédaction 64 ou 67, suivant celle à laquelle on s'arrête pour son martyre. Ceux qui voient dans l'épitre l'œuvre postérieure d'un disciple la retardent jusque vers 70 ou 80. ♦ Elle insiste sur la certitude de la parousie et du jugement qui l'accompagnera : I, 11, 19 ; III, 3-4. Elle met en valeur le caractère prophétique de l'Ancien Testament : I, 19-21 ; II, 5 ; III, 6 — la divinité du Christ Rédempteur et son règne éternel : I, 11 ; II, 1, etc. — la transcendance de la vie surnaturelle : I, 4. Elle mentionne l'existence d'une collection des épîtres pauliniennes, considérées dès cette époque comme faisant partie de l'Écriture, au même titre que l'Ancien Testament : III, 16.
1 Siméon-Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont reçu comme nous le don précieux de la foi, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ. [1. Siméon, au lieu de Simon : forme aramaïsante qui se retrouve dans Actes XV, 14. Prix inestimable du don de la foi ; comparer Romains I, 17. Le Christ est appelé : notre Dieu et Sauveur, comme dans Tite II, 13 (comparer Romains IX, 5 ; I Timothée III, 16 ; Hébreux I, 8-9). Plus loin (I, 11 ; II, 20 ; III, 2, 18), saint Pierre va lui donner le titre de Seigneur et Sauveur : le sens est le même ; Seigneur doit s'entendre comme dans Philippiens II, 11.]
3 Aussi bien, sa divine puissance nous a fait don de tout ce qui contribue à la vie et à la piété, par la connaissance [parfaite] de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu.
12 Voilà pourquoi j'aurai à cœur de vous rappeler constamment ces vérités, bien que vous les connaissiez et que vous y soyez fermement attachés. [12-15. Saint Pierre met d'autant plus d'insistance dans ses exhortations que son âge avancé lui fait estimer prochain son martyre (littéralement, l'abandon de la tente terrestre, le départ), annoncé jadis par le Sauveur (Jean XXI, 18-19), ou, selon d'autres, parce qu'il a reçu sur ce point une révélation spéciale.]
16 Ce n'est pas, en effet, sur la foi de fables habilement inventées que nous vous avons fait connaître la puissance et l'Avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ; c'est pour avoir vu de nos yeux sa majesté. [16-18. Les promesses divines qui auront leur plein accomplissement lors de la parousie sont garanties par la transfiguration, anticipation de l'avènement glorieux du Sauveur.]