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Grande Bible de Tours – 2 Samuel 1

II ROIS

Le second livre des ROIS ou de SAMUEL raconte l'histoire du peuple de Dieu depuis la mort de Saül jusqu'à la fin du règne de David ; ce qui comprend un espace de quarante ans.

David fait mourir un Amalécite qui se vantait d'avoir tué Saül. Plainte de David sur la mort de Saül et de Jonathas.

1 Après la mort de Saül, David, ayant défait les Amalécites et étant revenu à Sicéleg, y avait passé deux jours.

2 Le troisième jour, il parut un homme qui venait du camp de Saül, les vêtements déchirés, et la tête couverte de poussière. Lorsqu'il fut arrivé près de David, il le salua en se prosternant la face contre terre.

3 David lui dit : D'où venez-vous ? Il répondit : Je me suis sauvé de l'armée d'Israël.

4 David ajouta : Qu'est-il arrivé ? Dites-le-moi. Il lui dit : La bataille s'est donnée ; le peuple a fui ; un grand nombre sont tombés morts, et Saül même et Jonathas, son fils, ont été tués.

5 David dit au jeune homme qui lui apportait cette nouvelle : Comment savez-vous que Saül et son fils Jonathas sont morts ?

6 Le jeune homme répondit : Je suis venu par hasard sur la montagne de Gelboé, et j'y ai trouvé Saül qui s'était jeté sur la pointe de son épée. Comme des chars et des cavaliers approchaient,

7 Il m'aperçut en se retournant, et m'appela. Et quand j'eus répondu : Me voici,

8 Il me dit : Qui êtes-vous ? Je répondis : Je suis Amalécite.

9 Il ajouta : Approchez-vous, et tuez-moi, parce que je suis dans les angoisses de la douleur, et que mon âme est encore tout entière en moi.

10 Et, m'approchant de lui, je l'ai tué ; car je savais qu'il ne pouvait survivre au coup qu'il s'était donné. Et j'ai pris le diadème qui était sur sa tête, et le bracelet qui était à son bras, et je vous les ai apportés, à vous, mon seigneur.

11 Alors David prenant ses vêtements, les déchira, et tous ceux qui étaient avec lui firent de même.

12 Ils furent dans le deuil, pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir, au sujet de Saül et de Jonathas, son fils, et de tout le peuple du Seigneur et de la maison d'Israël, parce qu'ils étaient tombés sous le glaive.

13 David dit au jeune homme qui lui avait apporté cette nouvelle : D'où êtes-vous ? Il lui répondit : Je suis fils d'un étranger, d'un Amalécite.

14 David lui dit : Comment n'avez-vous pas craint de porter la main sur le christ du Seigneur et de le tuer ?

15 Et appelant un de ses serviteurs, il dit : Venez, jetez-vous sur lui. Celui-ci aussitôt le frappa, et il mourut*.

Cet Amalécite, espérant de David une récompense pour avoir eu part à la mort de son ennemi, avait supposé cette histoire ; il reçut, au contraire, le châtiment que méritait une telle imposture. Il se vantait d'un régicide ; il en reçut le prix.

16 David ajouta : Que votre sang* retombe sur votre tête ; car votre bouche a porté témoignage contre vous, en disant : C'est moi qui ai tué le christ du Seigneur.

Votre sang, c'est-à-dire le sang de Saül que vous avez répandu.

17 Or David fit cette lamentation sur la mort de Saül et de Jonathas, son fils,

18 Et il ordonna à ceux de Juda d'apprendre à leurs enfants le chant de l'Arc*, comme il est écrit dans le livre des Justes*, et il dit : Considère, ô Israël, ceux qui ont été frappés, qui sont morts sur tes hauteurs.

C'était probablement le titre de ce bel hymne funèbre, à cause de l'éloge qu'on y faisait de l'arc et des flèches de Jonathas.

Ce livre n'est point venu jusqu'à nous ; c'était apparemment ce qu'on appellerait aujourd'hui des fastes, où l'on enregistrait les actions des grands hommes.

19 Israël, tes guerriers illustres ont été tués sur tes montagnes. Comment les forts sont-ils tombés ?

20 N'allez pas l'annoncer dans Geth, ne le publiez pas sur les places d'Ascalon, de peur que les vierges des Philistins ne s'en réjouissent, de peur que les vierges des incirconcis n'en tressaillent de joie.

21 Montagnes de Gelboé, puissent la rosée et la pluie ne descendre jamais sur vous ! Qu'il n'y ait sur vos coteaux aucun champ dont on offre les prémices, parce que là a été jeté le bouclier des héros, le bouclier de Saül, comme s'il n'eût pas été consacré par l'huile sainte.

22 Jamais la flèche de Jonathas ne manqua son but ; toujours elle était teinte du sang des morts et de la graisse des vaillants ; jamais l'épée de Saül n'a été tirée en vain.

23 Saül et Jonathas, aimables et beaux durant leur vie, n'ont point été séparés même dans la mort ; eux plus rapides que les aigles, eux plus forts que les lions.

24 Filles d'Israël, pleurez sur Saül : il vous ornait de pourpre au milieu des délices ; il paraît d'or vos vêtements*.

Parce qu'il faisait un grand butin.

25 Comment sont tombés les héros au milieu du combat ? Comment Jonathas a-t-il été tué sur tes montagnes, ô Israël ?

26 Je pleure sur toi, Jonathas, mon frère, le plus beau des hommes, plus aimable que les plus aimables d'entre les femmes. Comme une mère aime son fils unique, ainsi je t'aimais.

27 Comment les forts sont-ils tombés ? Comment la gloire des armes a-t-elle été anéantie* ?

Rien de plus touchant que les sentiments de David en apprenant la mort de Saül. Cette mort le délivre d'un persécuteur acharné et le met en possession d'un trône ; et cependant, à la nouvelle qu'il en reçoit, il pleure. Dans l'éloge qu'il fait de ce prince, il relève tout ce qu'il y avait en lui de recommandable, sans jeter le moindre regard sur ses vices. C'est ainsi que la charité ne voit dans le prochain que ce qu'il y a de bon, et détourne les yeux de ce qu'il y a de défectueux.

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