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Bible de Jérusalem – 2 Samuel 1

DEUXIÈME LIVRE DE SAMUEL

Introduction aux livres de Samuel

David apprend la mort de Saül.a

1 Après la mort de Saül, David, revenant de battre les Amalécites, demeura deux jours à Çiqlag.

a Autre tradition sur la mort de Saül. Le récit, qui fait suite directement à 1 S 30, est lui-même composite d’après une forme de la tradition, un homme de l’armée vient annoncer la mort de Saül et de Jonathan ; David et le peuple font le deuil, vv. 1-4 et 11-12. D’après l’autre forme, un jeune Amalécite se vante d’avoir tué Saül et rapporte les insignes royaux, espérant une récompense ; il est exécuté sur l’ordre de David, vv. 5-10 et 13-16.

2 Le troisième jour, un homme arriva du camp, d’auprès de Saül. Il avait les vêtements déchirés et la tête couverte de terre. En arrivant près de David, il se jeta à terre et se prosterna.

3 David lui dit : « D’où viens-tu ? » Il lui dit : « Je me suis échappé du camp d’Israël. » 4 David demanda : « Que s’est-il passé ? Informe-moi donc ! » L’autre dit : « C’est que le peuple s’est enfui de la bataille, et parmi le peuple beaucoup sont tombés et sont morts. Même, Saül et son fils Jonathan sont morts ! »

5 David demanda au jeune porteur de nouvelles : « Comment sais-tu que Saül et son fils Jonathan sont morts ? » 6 Le jeune porteur de nouvelles répondit : « Je me trouvais par hasard sur le mont Gelboé et je vis Saül s’appuyant sur sa lance et serré de près par les chars et les cavaliers. 7 S’étant retourné, il m’aperçut et m’appela. Je répondis : « Me voici ! » 8 Il me demanda : « Qui es-tu ? » Et je lui dis : « Je suis un Amalécite. » 9 Il me dit alors : « Approche-toi de moi et tue-moi, car je suis saisi de vertige, bien que ma vie soit tout entière en moi. » 10 Je m’approchai donc et lui donnai la mort, car je savais qu’il ne survivrait pas, une fois tombé. Puis j’ai pris le diadème qu’il avait sur la tête et le bracelet qu’il avait au bras et je les ai apportés ici à Monseigneur. »

11 Alors David saisit ses vêtements et les déchira, et tous les hommes qui étaient avec lui firent de même. 12 Ils se lamentèrent, pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir à cause de Saül, de son fils Jonathan, du peuple de Yahvé et de la maison d’Israël, parce qu’ils étaient tombés par l’épée.

13 David demanda au jeune porteur de nouvelles : « D’où es-tu ? » Et il dit : « Je suis le fils d’un immigré amalécite. » 14 David lui dit : « Comment n’as-tu pas craint d’étendre la main pour faire périr l’oint de Yahvé ? » 15 David appela l’un des garçons et dit : « Approche et frappe-le ! » Celui-ci l’abattit et il mourut. 16 David lui dit :b « Que ton sang retombe sur ta tête, car ta bouche a témoigné contre toi, quand tu as dit : "C’est moi qui ai donné la mort à l’oint de Yahvé." »

b David s’adresse au mort son sang ne criera pas vengeance (contre David), car il a été justement exécuté, cf. 1 R 2.32.

Élégie de David sur Saül et Jonathan.

17 David fit cette complainte sur Saül et sur son fils Jonathan. 18 Il dit (c’est pour apprendre l’arc aux fils de Juda ; c’est écrit au Livre du Juste)c :

c La lamentation (v. 19-27) accompagnait sans doute les exercices de tir à l’arc, cf. 22, 35. Le « livre du Juste » est un ancien recueil poétique perdu, également cité en Jos 10.13.

19 « Splendeur d’Israël, blessé à mort sur tes hauteurs !
Comment sont tombés les héros ?
20 Ne le publiez pas dans Gat,
ne l’annoncez pas dans les rues d’Ashqelôn,
que ne se réjouissent les filles des Philistins,
que n’exultent les filles des incirconcis !
21 Montagnes de Gelboé,
ni rosée ni pluie sur vous,
champs fertiles,d
car là fut maculé le bouclier des héros !
Le bouclier de Saül n’était pas oint d’huile,

d La nature doit participer à la douleur de David ; l’absence de pluie interdira la fertilité du sol.

22 mais du sang des blessés, de la graisse des héros.
L’arc de Jonathan jamais ne recula,
ni l’épée de Saül ne revint inutile.
23 Saül et Jonathan, aimés et charmants,
dans la vie et dans la mort ne furent pas séparés.
Ils étaient plus rapides que les aigles,
plus forts que les lions.
24 Filles d’Israël, pleurez sur Saül,
qui vous revêtait d’écarlate et de parures,
qui accrochait des joyaux d’or
à vos vêtements.
25 Comment sont tombés les héros
au milieu du combat ?
Jonathan, blessé à mort sur tes hauteurs,e

e Le poème reprend ici l’expression d’ouverture (v. 19), mais cette fois le nom de Jonathan est prononcé.

26 Que de peine j’ai pour toi, mon frère Jonathan.
Tu avais pour moi tant de charme,
ton amitié m’était plus merveilleuse
que l’amour des femmes.
27 Comment sont tombés les héros,
et anéanties les armes de guerre ? »

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