On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Epîtres dans le Nouveau Testament, sans doute à cause de leur peu d’importance et de notoriété. Cependant, elles ont été citées de bonne heure comme de saint Jean, par le canon du Muratori, saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien, Origène ; et dès le quatrième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la liste des Livres saints. On convient, du reste, qu’elles ont tous les signes d’authenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n’a eu intérêt à les supposer. C’est le même style et la même époque.
Ni l’une ni l’autre Epître ne contient le nom de saint Jean ; cependant il est impossible d’en méconnaître l’auteur. C’est bien là le vieillard d’Ephèse, bon et doux, mais tout brûlant de zèle pour la foi et ne séparant jamais, dans son esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu’il s’attribue indique l’époque à laquelle ces Lettres furent écrites ; car ce titre semble moins désigner le sacerdoce et l’autorité de saint Jean révérés par toute l’Asie, que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du collège apostolique, tout le respect et toute l’affection dont les Apôtres étaient l’objet. Il vécut jusqu’à la fin du premier siècle.
Dans la première Epître, saint Jean félicite Electe des vertus de ses enfants ; puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques et à leurs doctrines antichrétiennes ; il les exhorte à persévérer dans la pureté de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde, il témoigne à Gaïus la joie qu’il éprouve du bien qu’il entend dire de lui. Il lui recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais esprit de Diotrèphe, évêque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il censure les défauts de cet évêque est remarquable dans l’apôtre de la charité, aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu’il prend d’interdire leur société aux fidèles ; mais elle répond à l’idée que l’Evangile et l’Apocalypse nous donnent de saint Jean, et elle rappelle qu’il accompagnait saint Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaïus devait être un chrétien riche et zélé, et Electe une mère de famille veuve et d’un rang distingué.
Comme Electe signifie élue et que saint Jean parle encore d’une autre Electe, sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné à une Eglise, à celle d’Ephèse, par exemple, ou à celle de Rome, appelée collecta par saint Pierre. Les versets 4 à 7 de la 2e Epître se prêteraient à cette interprétation ; aussi de graves commentateurs ont pris electa pour un qualificatif, et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à qui écrit saint Jean (L. BACUEZ.)
1 L’ancien (vieillard), au bien-aimé Gaïus, que j’aime véritablement. [1.1 Voir 2 Jean, 1, 1.]