Cette histoire raconte comment Esther, une jeune juive parmi les déportés, devint reine de Perse ; comment son cousin et tuteur Mardochée découvrit un complot contre la vie du roi; comment le grand vizir Haman essaya d'exterminer les Juifs; comment Esther intervint, au risque de sa propre vie ; comment Haman fut pendu et les Juifs autorisés à prendre une revanche dont ils célèbrent l'anniversaire à la fête des Pourim, c'est-à-dire des Sorts, en mémoire du tirage au sort par lequel Haman lui-même avait choisi la date de l'extermination.
Ni Esdras, ni Néhémie, ni le Siracide n'en parlent. Qumrân n'a pas livré de fragments de ce livre — c'est le seul qui manque. Par contre 2M 15.36 fait allusion au « jour de Mardochée » ce qui montre que dans la première moitié du Ier siècle avant J.C. la fête existait en Palestine. S'il est vrai que Est 3.8 s'accorde moins avec la tolérance perse qu'avec l'intransigeance persécutrice d'Antiochus IV Epiphane, on peut penser que l'auteur écrivit vers la fin du IIe siècle, c'est-à-dire trois siècles après Xerxès Ier, probablement en Mésopotamie, qu'il semble connaître, alors qu'il se tait sur la Palestine. Le style différent et les contradictions de 9.20-32, font penser à une addition, de même que pour Est 10.1-3. Mais l'addition la plus considérable est celle de la Septante (93 versets en plus des 167 du texte hébreu), dont la fin confirme que le livre hébreu était antérieur au Ptolémée dont il est question (Est grec F. 10-14).
Ces additions de l'Esther grec tendent à rendre plus religieux ce livre qui ne parle jamais de Dieu, où tout semble s'arranger seulement par la force et l'astuce, et qui n'a pas été reçu sans difficulté dans le canon des Ecritures. Cependant 4.14 suffit pour rappeler que le maître de l'histoire n'est pas tel ou tel grand pouvoir humain, mais bien celui qui a choisi le peuple juif; encore agit-il dans l'histoire non pas comme une sorte de magicien mais par les actions de ses témoins.
Si le livre reflète la connaissance de la topographie, de la chronologie et de l'administration de Suse, par contre ce récit n'est pas historique, au sens moderne du mot. A part le roi, les personnages sont inconnus. Le nom étranger de « Pourim », que Est 9.24-26 explique, montre que la fête juive est la reprise d'une fête païenne. On a pensé à la fête babylonienne du Nouvel An où Mardouk, victorieux du chaos, a les Destins entre ses mains ; on a pensé aussi à la lutte des dieux babyloniens Mardouk et Ishtar contre les dieux élamites Hoummân et Vasti; ou au massacre des mages par Darius; ou au carnaval perse... Aucune hypothèse n'est pleinement satisfaisante. On peut estimer qu'il ne faut pas exclure telle ou telle influence, mais que les Juifs, en présence de telles fêtes païennes avec leur mythologie d'une part, et des persécutions qu'ils subissaient d'autre part, se sont demandé ce que ces fêtes signifiaient pour eux et comment elles pouvaient être un moyen de communiquer leur message particulier : comme pour d'autres fêtes juives, ils ont repris le mythe et l'ont inséré dans l'histoire, car, pour l'Ancien Testament il n'y a de connaissance de Dieu qu'à travers l'histoire des hommes au sein de laquelle il a élu et fait vivre son peuple. Ainsi la fête païenne a-t-elle été adoptée mais adaptée comme le fit aussi l'Eglise chrétienne à l'égard du culte du soleil à Noël.
Ce livre montre — déjà ! — des Juifs persécutés. Il montre aussi que la voie d'avenir est en Dieu : l'Ancien Testament affirme qu'il a choisi ce peuple pour faire connaître au monde sa révélation. Ni Haman ni Mardochée ne résolvent rien.
Un jour, Jésus sera pendu au gibet, crucifié à la fois par des Juifs et des païens. Pour que les uns et les autres se convertissent et s'unissent en lui. « C'est lui, en effet, qui est notre paix... Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation... il a tué la haine » (2.14-16).
1 C'était au temps de Xerxès. Ce Xerxès régna sur cent vingt-sept provinces depuis l'Inde jusqu'à la Nubie. [Il s'agit vraisemblablement ici de Xerxès Ier qui régna sur l'empire perse de 486 à 464 av. J.C. Ce roi est aussi connu sous le nom d'Assuérus ; Esd 4.6.]
— des divans d'or et d'argent. les convives mangeaient étendus sur des divans (voir Am 6.4). La signification de plusieurs des mots hébreux employés dans ce verset est incertaine.]
— Médie. voir Est 1.3 et la note.]
— Dans le texte hébreu les mots traduits par le roi dit aux astrologues figurent au début du v. 13. Ils ont été transposés ici dans la traduction pour une plus grande clarté du texte.]
16 Memoukân prit alors la parole en présence du roi et des ministres : « Ce n'est pas seulement le roi que Vasti, la reine, a bafoué, mais tous les ministres et tous les peuples de toutes les provinces du roi Xerxès.