Les Livres d'Esdras et de Néhémias, ainsi dénommés d'après le personnage principal qui fait le centre d'intérêt de chacun d'eux, sont la dernière partie de l'œuvre du Chroniste, cet auteur inspiré qui écrivait aux alentours de l'an 300 av. J.-C. (cf. Introduction à I Paralipomènes). Non seulement, en effet, la finale de II Paralipomènes (XXXVI, 22-23) ne s'achève qu'au début du Livre d'Esdras, mais encore ces deux derniers livres présentent les mêmes caractères de style, de procédés littéraires et d'idées que les précédents. Notons seulement : le grand nombre de documents cités (plus de la moitié du texte) ; l'affectation de donner aux rapatriés de Juda le nom d'Israël ; l'idée que l'Alliance fondamentale d'Abraham reste confiée à la maison de David ; le fait que la restauration est dirigée par Zorobabel ou Néhémias, alors que les prêtres passent à l'arrière-plan, y compris Esdras, quand ils ne se rangent pas parmi les opposants. ♦ Des renseignements fournis surtout par les papyrus découverts depuis cinquante ans en Haute-Égypte, à Éléphantine (colonie militaire juive qui fut en relations épistolaires avec Jérusalem, vers la fin du Ve siècle av. J.-C.), permettent de mieux comprendre et ordonner les livres que nous étudions : Esdras fut à Jérusalem probablement en 458-457 ; Néhémias n'y séjourna que de 445 à 433 pour la première fois, et il ne semble pas que les deux personnages s'y soient rencontrés. ♦ Le Livre d'Esdras contient deux parties : 1° I – VI : reprenant l''édit de Cyrus de 538, l'auteur raconte le premier retour des rapatriés et la reconstruction du Temple, sous la direction de Zorobabel, petit-fils du roi Joachin (I Paralipomènes III, 17-19), assisté des prophètes Aggée et Zacharie ; malgré des difficultés nombreuses, l'œuvre est achevée en 515, et l'on peut en célébrer la Dédicace. ♦ 2° Les chapitres VII – X utilisent un rapport d'Esdras, qui comprenait aussi Néhémias VIII et peut-être IX : Esdras, secrétaire pour les affaires juives à la cour de Perse, reçoit d'Artaxerxès Ier mission d'aller à Jérusalem et d'y proclamer la Loi de Moïse comme loi d'État pour la communauté juive. Esdras se rend donc dans la ville sainte, accompagné d'une nouvelle caravane de Sionistes (VII – VIII) — c'est ici qu'il faudrait placer chronologiquement Néhémias VIII : Esdras proclame et lit la Loi de Moïse, lors de la fête des Tabernacles, donnant ainsi sa charte au judaïsme. Puis, après diverses mesures de réforme (IX – X), Esdras dut retourner à la cour de Perse : on ne nous dit plus rien de son activité, l'auteur ne précise même pas quelle fut l'efficacité des mesures de réforme. Le Chroniste, ayant signalé cette restauration religieuse, dont l'importance devait être si grande, décrit ensuite dans le Livre de Néhémias, la restauration nationale.
1 La première année de Cyrus, roi de Perse, le Seigneur, pour accomplir la parole qu'il avait prononcée par la bouche de Jérémie, toucha le cœur de Cyrus, roi de Perse, qui fit publier dans tout son royaume cette ordonnance, de vive voix et par écrit :
5 Alors les différents chefs des familles de Juda et de Benjamin, les prêtres et les Lévites, et tous ceux dont Dieu toucha le cœur se préparèrent à s'en retourner pour bâtir le temple du Seigneur, qui était dans Jérusalem.