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Vigouroux – Galates 1

Lettre de saint Paul aux Galates

Introduction

La Galatie était la Gaule de l’Orient. Des Gaulois, ayant quitté leur pays trois siècles avant Jésus-Christ, passèrent d’abord dans le nord de la Grèce, puis, bientôt après, allèrent s’établir en Asie, et se fixèrent aux environs d’Ancyre, où on leur donna le nom de Galates. Assez restreint d’abord, leur territoire s’agrandit peu à peu. Au temps de saint Paul, la Galatie était une province romaine, qui occupait le centre de l’Asie Mineure. L’Apôtre y était venu deux fois, d’abord au commencement de sa seconde mission apostolique, pour y prêcher l’Evangile et y établir la foi, ensuite au début de la troisième, pour compléter et perfectionner son œuvre. C’est peu de temps après, vers 57, pendant son dernier séjour à Corinthe, qu’il écrivit cette Lettre. Elle se rattache ainsi par sa date à son troisième voyage, aussi bien que l’Epître aux Romains et les Epîtres aux Corinthiens, avec lesquelles elle a des rapports visibles. Celles-ci la précédèrent ; et celle-là paraît l’avoir suivie d’assez près.

Les Galates étaient intelligents, d’une grande franchise, mais d’une mobilité d’esprit et d’une impétuosité de caractère qui les exposaient à des démarches irréfléchies et à des déceptions. On venait de faire à l’Apôtre un rapport très inquiétant à leur sujet. On lui apprenait que depuis son passage, des Docteurs judaïsants étaient venus de Jérusalem, et avaient pris sa place en Galatie ; que, sous prétexte de compléter son œuvre, ils altéraient son enseignement et imposaient à ses disciples de nouvelles pratiques, empruntées au rituel judaïque. Peut-être étaient-ce les mêmes qui avaient déjà soulevé les esprits contre lui à Antioche. Au moins prêchaient-ils, aussi hautement qu’on avait jamais fait, la nécessité des œuvres légales et de la circoncision pour les Gentils comme pour les Juifs. « C’est là, disaient-ils, ce qui s’enseigne et ce qui se pratique à Jérusalem, dans l’Eglise-mère, sous les yeux et par les soins des principaux Apôtres. Sans ces observances, on ne fait pas partie du peuple de Dieu et l’on ne peut avoir part aux biens promis à Abraham. »

Les Galates avaient d’abord opposé à cette prédication l’autorité de celui qui leur avait apporté l’Evangile ; mais ces nouveaux venus la récusaient, ou du moins ils disaient qu’elle était loin d’égaler celle des Apôtres de Judée avec lesquels ils étaient en relation, celle de Pierre, de Jacques et de Jean, que le Seigneur avait instruits en personne et à qui il avait révélé tous ses mystères. Ils affirmaient que saint Paul lui-même avait reconnu la supériorité de leurs lumières et de leur pouvoir, et qu’en leur présence, à Jérusalem, il avait dû renoncer à ses principes et se déclarer pour la circoncision. Ebranlés par ces raisons ou séduits par ces artifices, un certain nombre de fidèles semblaient disposés à joindre l’observation des lois de Moïse à la profession de la religion chrétienne.

A cette nouvelle, l’Apôtre prend la plume pour revendiquer son autorité et rétablir la vraie doctrine ; et il écrit, comme d’un seul trait, cette lettre où son caractère se peint avec tant de vivacité, et où respire toute l’ardeur, toute la sollicitude, toute la tendresse de son zèle. Il traite ces prédicants, non comme des hommes de bonne foi involontairement égarés, mais comme des séducteurs, des docteurs de mensonge, qui ne cherchent qu’à surprendre et à asservir les âmes crédules. Pour les fidèles, il les rappelle à lui, les reprend et les encourage tour à tour. Nulle part il n’est plus concis dans ses raisonnements, plus sévère dans ses reproches, plus affectueux dans ses exhortations.

On distingue trois parties en cette Epître : ― 1° La première est apologétique, du chapitre 1, verset 11 au chapitre 2, verset 16. L’Apôtre établit la réalité de son apostolat et la conformité de sa doctrine avec celle de ses collègues. ― 2° La seconde est dogmatique, du chapitre 2, verset 17 au chapitre 5, verset 13. Il montre que la justification est attachée à la foi en Jésus-Christ, non à la loi de Moïse, dont l’observance est superflue et même nuisible ou dangereuse. ― 3° La troisième est morale, du chapitre 5, verset 14 au chapitre 6 : elle a pour objet de corriger quelques abus et d’affermir les esprits dans la foi (L. BACUEZ.)

Saint Paul salue les Galates. Il leur reproche de s’écarter de l’Evangile qu’il leur a annoncé. Il relève sa mission. Il rappelle ce qu’il a fait avant et après sa conversion.

1 Paul, Apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père, qui l’a ressuscité d’entre les morts ; 2 et tous les frères qui sont avec moi, aux Eglises de Galatie. 3 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu le Père, et par Notre-Seigneur Jésus-Christ, 4 qui s’est livré lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher à ce siècle pervers, selon la volonté de Dieu notre Père, 5 auquel soit (est) la gloire dans les siècles des siècles. Amen. 6 Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés à la grâce du Christ, pour passer à un autre Evangile. [1.6-7 Un autre Evangile. Saint Paul a ici en vue l’Evangile que prêchaient les faux docteurs. C’était au fond celui de Jésus-Christ, auquel ils joignaient la pratique de la loi de Moïse, mais cette addition suffisait, comme le dit l’Apôtre, pour renverser l’Evangile du Christ.]7 Non pas qu’il y en ait un autre ; mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Evangile du Christ. 8 Mais si quelqu’un, fût-ce nous-mêmes ou un ange du ciel, vous annonçait un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! 9 Je l’ai dit, et je le dis encore maintenant : Si quelqu’un vous annonçait un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! 10 Car, en ce moment, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ. 11 Je vous déclare donc, mes frères, que l’Evangile que j’ai annoncé (prêché) n’est pas selon l’homme ; [1.11 Voir 1 Corinthiens, 15, 1.]12 (en effet) car ce n’est pas d’un homme que je l’ai reçu ni appris, mais par la révélation de Jésus-Christ. [1.12 Voir Ephésiens, 3, 3.]13 Vous avez appris, en effet, quelle était autrefois ma conduite dans le judaïsme, comment je persécutais à outrance l’Eglise de Dieu, et la ravageais. 14 Et je surpassais dans le judaïsme bon nombre de ceux de mon âge et de ma nation (contemporains), ayant un zèle plus ardent (zélateur outre mesure) pour les traditions de mes pères. [1.14 Des traditions de mes pères. Voir Matthieu, 15, 2.]15 Mais lorsqu’il plut à celui qui m’a mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, 16 de révéler son Fils en moi, pour que je fusse son évangéliste parmi les nations, aussitôt je ne pris conseil ni de la chair ni du sang ; 17 je n’allai pas non plus à Jérusalem vers ceux qui étaient Apôtres avant moi ; mais je m’en allai en Arabie, et je revins encore à Damas. [1.17 En Arabie. Peut-être le désert d’Arabie, dans les environs de Damas. Le nom d’Arabie désigne la contrée qui s’étend entre l’Egypte, la Palestine, la Syrie, la Mésopotamie, la Babylonie, le golfe Persique et la mer Rouge. ― A Damas. Voir Actes des Apôtres, 9, 2.]18 Ensuite, trois ans plus tard, je vins à Jérusalem pour voir Pierre, et je demeurai auprès de lui quinze jours ; [1.18 Trois ans après sa conversion.]19 mais je ne vis aucun autre des Apôtres, sinon Jacques, le frère du Seigneur. [1.19 Le frère ; c’est-à-dire le cousin. Voir Matthieu, 12, 46.]20 Dans ce que je vous écris, je proteste devant Dieu que je ne mens pas. [1.20 Voici ! Devant Dieu, etc. ; c’est-à-dire prenant Dieu à témoin que je, etc.]21 J’allai ensuite dans les régions de la Syrie et de la Cilicie. [1.21 Syrie. Voir Matthieu, 4, 24. ― Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 6, 9 et 15, 41.]22 Or j’étais inconnu de visage aux Eglises de Judée qui croyaient au Christ ; [1.22 Qui étaient dans le Christ ; c’est-à-dire qui croyaient en Jésus-Christ, qui s’étaient convertis au christianisme. ― De Judée, non compris Jérusalem, capitale de la Judée.]23 seulement elles avaient entendu dire : Celui qui nous persécutait autrefois annonce maintenant la foi que naguère il voulait détruire. 24 Et elles glorifiaient Dieu à mon sujet.

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