chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible de Jérusalem – Osée 1

OSÉE

Introduction au livre d’Osée

Titre.

1 Parole de Yahvé qui fut adressée à Osée, fils de Beéri, au temps d’Ozias, de Yotam, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël.a

a Et également au temps de ses successeurs jusqu’à la fin du royaume du Nord.

I. Le mariage d’Osée et sa valeur symboliqueb

Mariage et enfants d’Osée.

2 Commencement de ce que Yahvé a dit par Osée. Yahvé dit à Osée : « Va, prends une femme se livrant à la prostitutionc et des enfants de prostitution,d car le pays ne fait que se prostituer en se détournant de Yahvé. »

b Dans la ligne des actions symboliques des prophètes, Jr 18.1, c’est ici la vie même d’Osée qui révèle le mystère du dessein de Dieu. Osée a aimé et aime encore une femme qui n’a répondu à cet amour que par la trahison. Ainsi Yahvé aime toujours Israël, épouse infidèle, et après l’avoir éprouvée lui rendra les joies du premier amour et rendra l’amour de son épouse inébranlable et indéfectible (1-3). Déjà sans doute avant Osée, on qualifiait de prostitution le culte que les Cananéens rendaient à leurs idoles, à cause des pratiques de prostitution sacrée qui y étaient associées (Ex 34.15). En imitant leur idolâtrie, Israël se prostitue également (Ex 34.16). Par opposition, Osée est le premier à représenter sous l’image de l’union conjugale les rapports de Yahvé avec son peuple depuis l’alliance du Sinaï, et à qualifier la trahison idolâtrique d’Israël non seulement de prostitution, mais d’adultère. Après lui le thème sera repris par les prophètes Isa 1.21 ; Jr 2.2 ; 3.1 ; 3.6-12. Ézéchiel développe le thème en deux grandes allégories, 16 et 23. La seconde partie d’Isaïe présentera la restauration d’Israël comme la réconciliation d’une épouse infidèle, Isa 50.1 ; 54.6-7, cf. Isa 62.4-5. Il faut peut-être aussi voir les relations de Yahvé et d’Israël sous les images nuptiales du Cantique des Cantiques et du Ps 45. Enfin, dans le NT, Jésus, en représentant l’ère messianique comme des noces, Mt 22.1-14 ; 25.1-13, et surtout en se manifestant lui-même comme l’époux, Mt 9.15, cf. Jn 3.29, montre que l’alliance nuptiale entre Yahvé et son peuple se réalise en plénitude en sa personne. Saint Paul utilisera également ce thème : 2 Co 11.2 ; Ep 5.25-33 ; cf. 1 Co 6.15-17, qui sera finalement repris par l’Apocalypse Ap 21.2. — Les chap. 1-3 forment dans le livre d’Osée une unité nettement définie. On peut les diviser en 3 sections comprenant chacune une partie relative au temps présent, où Dieu reproche à Israël son péché, et une partie annonçant le salut futur, 1.2-9 ; 2.1-3. — 2.4-15 ; 2.16-25 ; 3.1-4 ; 3.5.

c Littéralement « une femme des prostitutions », cf. 4.12 ; 5.4, soit que Gomer ait été dès l’abord connue comme telle, soit plutôt qu’elle se soit révélée telle plus tard.

d Non qu’ils doivent naître de l’adultère, mais parce que leur mère leur transmet sa nature telle mère, tels enfants, Ez 16.44 ; Si 41.5.

3 Il alla donc prendre Gomer, fille de Diblayim, qui conçut et lui enfanta un fils.

4 Yahvé lui dit : « Appelle-lee du nom de Yizréel,f car encore un peu de temps, et je châtierai la maison de Jéhu pour le sang versé à Yizréel, et je mettrai fin à la royauté de la maison d’Israël.

e Les noms qu’Osée reçoit l’ordre de donner à ses enfants sont des noms prophétiques, cf. Isa 1.26.

f Yizréel (« Dieu sème », cf. 2.24-26) est aussi le nom d’une résidence des rois d’Israël. C’est là que Jéhu massacra la femme et les descendants d’Achab (2 R 9.15—10.14). À la différence de 2 R 10.30, Osée condamne cette action.

5 Il adviendra, en ce jour-là, que je briserai l’arc d’Israël dans la vallée de Yizréel. »g

g La vallée de Yizréel, et en particulier Megiddo, au débouché du passage venant du littoral, empruntée par la voie normale de communication entre l’Égypte et l’Assyrie, constitue le champ de bataille classique de la Terre sainte cf. Jg 4.12-16 ; 6.33 ; 1 S 28.4 ; 2 R 23.29. Elle figure le lieu du combat eschatologique Za 12.11 ; Ap 16.16. Mais en même temps sa fertilité, indiquée par son nom même (« Dieu sème »), évoque les promesses de la naissance d’un peuple nouveau, 2.24-25. Ce sera le « jour de Yizréel », 2.2.

6 Elle conçut encore et enfanta une fille. Yahvé lui dit : « Appelle-la du nom de Lo-Ruhamah, car désormais je n’aurai plus pitié de la maison d’Israël pour lui pardonner encore.h

h Ou je n’aurai plus de pitié pour la maison d’Israël ; je la lui retirerai complètement. — Le nom de Lo-Ruhamah signifie « Non-Aimée » ou « Celle dont on n’a pas pitié ».

7 Mais de la maison de Juda j’aurai pitié et je les sauverai par Yahvé leur Dieu. Je ne les sauverai ni par l’arc, ni par l’épée, ni par la guerre, ni par les chevaux, ni par les cavaliers. »i

i Ce verset est très probablement une addition des disciples d’Osée réfugiées en Juda après la chute de Samarie, actualisant pour le royaume du Sud le message adressé au royaume du Nord.

8 Elle sevra Lo-Ruhamah, conçut encore et enfanta un fils. 9 Yahvé dit : « Appelle-le du nom de Lo-Ammi,j car vous n’êtes pas mon peuple, et moi je n’existe pas pour vous. »k

j Le nom signifie « Pas-Mon-Peuple ». Les noms des trois enfants indiquent une sévérité croissante de Yahvé. Cette fois, la rupture est complète.

k Littéralement « Et moi, pas « Je suis » pour vous. » Allusion à la révélation de la signification du nom de Yahvé, Ex 3.14 « Je suis celui qui est ». On voit que pour Osée cette formule a le sens d’une présence protectrice et salutaire du Dieu de l’Alliance (Je suis correspond à mon peuple). Quelques mss grecs ont « Je ne suis pas votre Dieu », leçon facilitante.

chapitre précédent retour chapitre suivant