Le livre de Job commence par un récit (chap. 1 et 2) : Job est à la fois un homme irréprochable et comblé par la vie. Pourtant, s'il est fidèle à Dieu, n'est-ce pas par intérêt ? Or le voilà privé de tout : ses biens, ses enfants, sa santé. Au fond de sa souffrance restera-t-il fidèle à Dieu ?
Mais qui est Dieu ? S'il est juste, pourquoi ce malheur frappe-t-il Job ? Trois hommes veulent convaincre leur ami que sa souffrance est nécessairement la punition d'une faute qu'il a dû commettre. Ainsi s'engage le grand débat qui occupe, sous la forme d'un poème, la partie centrale du livre, la plus longue (chap. 3—31). Les trois amis développent les arguments traditionnels, tandis que Job conteste violemment leur point de vue et leur oppose un fait : l'injustice de la condition humaine. Il se révolte contre l'image de Dieu que défendent ses amis, et répète qu'il est innocent.
Un nouveau personnage entre alors en scène : c'est Élihou (chap. 32—37), qui entreprend à son tour de réfuter Job. Selon lui Dieu enverrait la souffrance à l'homme pour l'avertir, et de toute façon personne ne peut lui demander de rendre des comptes.
Enfin Dieu intervient lui-même (38.1—42.6). Mais au lieu d'apporter une réponse à la question posée, c'est lui qui interroge. Job reconnaît alors son erreur : il a parlé de Dieu sans savoir vraiment qui est Dieu.
Le livre s'achève en revenant à la forme du récit (42.7-17). Dieu affirme que seul Job a correctement parlé de lui ; il rend à Job le double de ce qu'il avait perdu.
Qui est vraiment Dieu ? Cette question reste discrètement présente dans tout le livre. Question singulièrement actuelle en notre siècle qui remet en cause tant de convictions assurées ! Certes le livre de Job semble surtout nous dire qui Dieu n'est pas. Il peut nous aider ainsi à détrôner les idoles (les fausses images) de Dieu que nous continuons à nous forger. Il nous invite à ne plus confondre Dieu lui-même avec l'idée que nous avons de lui. Finalement, en ruinant nos idées préconçues, il nous aide à faire place nette pour accueillir l'étonnante nouveauté de l'Évangile.
1 Il y avait une fois au pays d'Ous un homme du nom de Joba. Cet homme était irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l'écart du mal. [a Le pays d'Ous doit être probablement situé sur le territoire des Édomites, au sud-est de la mer Morte (voir Lam 4.21). — Job : ce nom pourrait être symbolique : le persécuté.]
4 De temps en temps, ses fils se rendaient chez l'un ou l'autre d'entre eux, à tour de rôle, pour y faire un bon repas. Ils invitaient alors leurs trois sœurs à manger et boire avec eux.
6 Or un jour que les anges de Dieu venaient faire leur rapport au Seigneur, le Satan, l'accusateur, se présenta parmi eux, lui aussi.
Alors l'accusateur se retira hors de la présence du Seigneur.
13 Un jour que les enfants de Job étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné,
16 Le premier messager n'avait pas fini de parler qu'un autre arriva pour annoncer : « La foudre est tombée du ciel sur les troupeaux de moutons et sur tes domestiques, et elle a tout consumé. J'ai été le seul à pouvoir m'échapper pour t'en avertir. »
17 Il n'avait pas fini de parler qu'un autre arriva pour annoncer : « Des Chaldéensd ont formé trois bandes, qui se sont jetées sur les chameaux et les ont enlevés, passant tes domestiques au fil de l'épée. J'ai été le seul à pouvoir m'échapper pour t'en avertir. » [d des Chaldéens : nomades du désert, probablement originaires du nord-est de l'Arabie.]
18 Il n'avait pas fini de parler qu'un autre arriva pour annoncer : « Tes enfants étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné,
20 Alors Job se leva, il déchira son manteau, se rasa la têtee et se jeta à terre, le front dans la poussière ; [e manteau déchiré, tête rasée : sur ces marques de tristesse et de deuil voir Jér 41.5 et la note ; voir aussi au Vocabulaire DÉCHIRER SES VÊTEMENTS.]
« Je suis sorti tout nu du ventre de ma mère,
je retournerai nu au ventre de la terre.
Le Seigneur a donné,
le Seigneur a repris.
Il faut continuer de remercier le Seigneur. »
22 Dans tous ces malheurs Job ne commit ainsi aucune faute ; il ne dit rien d'inconvenant contre Dieuf. [f Autre traduction : En parlant ainsi Job ne commit aucune faute ; il n'attribua à Dieu aucune action indigne.]