chapitre précédent retour chapitre suivant

Segond 21 – Job 1

Job

Correspondant par divers aspects à l’époque des patriarches (19e au 17e siècle av. J.-C.), l’histoire que relate le Livre de Job est située dès les premiers versets en dehors du cadre israélite. Une tradition juive en attribue la paternité à Moïse, mais le texte lui-même — qui évoque le problème posé par la souffrance du juste — ne fournit aucun indice probant permettant d’identifier son auteur, ni même l’époque de sa rédaction.

MISE À L’ÉPREUVE DE JOB 1.1—2.13

Présentation de Job

Ez 14.14, 20 (Gn 6.8-9; Ps 128.1-4)

1 Il y avait dans le pays d’Uts un homme qui s’appelait Job. Cet homme était intègre et droit. Il craignait Dieu et se détournait du mal. [Le pays d’Uts : territoire situé à l’est du Jourdain, qui incluait apparemment Edom, au sud-est d’Israël et de la mer Morte (cf. Lm 4.21), et, plus au nord, la région au sud de Damas; certains situent ce récit dans le Hauran actuel.] 2 Il avait 7 fils et 3 filles. [Il avait : litt. lui furent enfantés.] 3 Il possédait 7000 brebis, 3000 chameaux, 500 paires de bœufs et 500 ânesses. Il avait aussi un très grand nombre de serviteurs. Cet homme était le plus important de tous les nomades de l’est. [Il possédait : litt. sa possession (terme décrivant souvent le cheptel) était. Le plus important : litt. grand par rapport à. Nomades de l’est : litt. fils (ou enfants, idem dans le reste du livre) de l’est, nom donné aux tribus arabes à l’est de la région d’Israël et du Jourdain; certains de ces nomades étaient en fait semi-sédentarisés.]

4 Les fils de Job se rendaient visite les uns aux autres et organisaient, chacun à tour de rôle, un festin. Ils invitaient leurs trois sœurs à manger et boire avec eux. [Les fils de Job : litt. ses fils. Se rendaient… festin : litt. allaient et faisaient un festin maison d’un homme son jour.] 5 Quand les jours de festin étaient passés, Job faisait venir ses fils pour les purifier : il se levait de bon matin et offrait un holocauste pour chacun d’eux. En effet, il se disait : «Peut-être mes fils ont-ils péché, peut-être ont-ils offensé Dieu dans leur cœur.» Voilà ce que faisait toujours Job. [Les jours… passés : litt. ils avaient fait le tour des jours du festin ou les jours du festin avaient fait leur circuit. Faisait venir ses fils : litt. envoyait. Purifier : ou consacrer, litt. sanctifier; il s’agissait d’accomplir une cérémonie leur permettant, d’un point de vue rituel, de s’approcher de Dieu. De bon matin : ou le lendemain. Holocauste : sacrifice qui coûtait le plus à celui qui l’offrait, la victime étant entièrement brûlée; en dehors d’un sacerdoce établi, c’était souvent le fils aîné ou le père de famille qui officiait comme prêtre. Pour chacun d’eux : litt. compte d’eux tous. Péché : terme lié en héb. à la notion d’échec. Offensé : litt. béni (traduit ainsi par Vulg.; euphémisme pour maudit, employé par respect pour le nom de Dieu), texte massor.; Sept. «pensé des choses mauvaises envers». Toujours : litt. tous les jours.]

Première série d’épreuves

1R 22.19-22; Lc 22.31-32; Jc 1.2-4, 12; 5.11

6 Un jour, les fils de Dieu vinrent se présenter devant l’Eternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux. [Un jour : litt. et il y eut le jour et. Fils : texte massor.; Sept. «anges». Se présenter : ou se tenir. Devant : litt. sur ou contre. Satan : litt. le satan, c.-à-d. l’accusateur ou l’adversaire, texte massor.; Sept. «le diable» (gr. diabolos, litt. calomniateur); Vulg. «Satan».] 7 L’Eternel dit à Satan : «D’où viens-tu?» Satan répondit à l’Eternel : «De parcourir la terre et de m’y promener.» 8 L’Eternel dit à Satan : «As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n’y a personne comme lui sur la terre. C’est un homme intègre et droit. Il craint Dieu et se détourne du mal.» [Remarqué : litt. mis ton cœur sur.] 9 Satan répondit à l’Eternel : «Est-ce de façon désintéressée que Job craint Dieu? [De façon désintéressée : litt. pour rien ou gratuitement; même terme héb. en 2.3; 9.17 et 22.6 (traduit sans raison).] 10 Ne l’as-tu pas entouré de ta protection, lui, sa famille et tout ce qui lui appartient? Tu as béni le travail de ses mains et ses troupeaux couvrent le pays. [Ne l’as-tu… protection : litt. n’as-tu pas clos autour de lui tout autour. Famille : litt. maison. Le travail : litt. l’œuvre. Couvrent : litt. font une brèche (ou débordent) dans.] 11 Mais porte donc la main contre lui, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudira en face.» [Porte… lui : litt. envoie donc ta main. Je suis… face : litt. s’il ne te bénit pas sur ton visage (euphémisme employé par respect pour le nom de Dieu).] 12 L’Eternel dit à Satan : «Voici tout ce qui lui appartient : je te le livre. Seulement, ne porte pas la main sur lui.» Satan se retira alors de la présence de l’Eternel. [Je te le livre : litt. dans ta main. Porte pas la : litt. envoie pas ta. Se retira… présence : litt. sortit d’avec le visage.]

13 Alors qu’un jour les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin chez leur frère aîné, [Alors qu’un jour : litt. il y eut le jour et. Les fils… de Job : litt. ses fils et ses filles. Chez : litt. dans la maison de (idem v. 18).] 14 un messager arriva vers Job et lui dit : «Les bœufs labouraient et les ânesses broutaient à côté d’eux. 15 Des Sabéens se sont jetés sur eux et les ont enlevés. Ils ont tué les serviteurs à coups d’épée et je suis le seul à avoir pu m’échapper pour t’en apporter la nouvelle.» [Des Sabéens : litt. Seba, population traditionnellement située au sud-ouest de l’Arabie. Se sont jetés sur eux : litt. sont tombés. Tué… à coups d’épée : litt. frappé… pour la bouche de l’épée (idem v. 17).] 16 Il parlait encore lorsqu’un autre messager arriva et dit : «La foudre est tombée du ciel, a embrasé les brebis et les serviteurs et les a dévorés. Je suis le seul à avoir pu m’échapper pour t’en apporter la nouvelle.» [Lorsqu’un autre messager : litt. et celui-ci (idem vv. 17, 18). La foudre : litt. un feu de Dieu (cf. Ex 9.23; 1R 18.38; 2R 1.10, 12); la foudre a provoqué un incendie dont les flammes ont dévoré l’enclos, le bétail et ce qui était autour.]

17 Il parlait encore lorsqu’un autre messager arriva et dit : «Des Chaldéens répartis en trois bandes se sont précipités sur les chameaux et les ont enlevés. Ils ont tué les serviteurs à coups d’épée et je suis le seul à avoir pu m’échapper pour t’en apporter la nouvelle.» [Chaldéens : population de Mésopotamie, apparemment d’abord présente dans le nord (Turquie actuelle), puis (dès 1000 av. J.-C.) dans le sud (Irak actuel). Répartis en trois bandes : litt. ont placé trois têtes et.]

18 Il parlait encore lorsqu’un autre messager arriva et dit : «Pendant que tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin chez leur frère aîné, 19 un grand vent est venu depuis l’autre côté du désert et a frappé contre les quatre coins de la maison. Elle s’est écroulée sur les jeunes gens et ils sont morts. Je suis le seul à avoir pu m’échapper pour t’en apporter la nouvelle.» [Jeunes gens : même mot héb. que serviteurs (vv. 15-17).]

20 Job se leva alors, déchira son manteau et se rasa la tête. Puis il se jeta par terre, se prosterna [Se jeta : litt. tomba.] 21 et dit : «C’est nu que je suis sorti du ventre de ma mère, et c’est nu que je repartirai. L’Eternel a donné et l’Eternel a repris. Que le nom de l’Eternel soit béni!» [Je repartirai : litt. je reviendrai là-bas. Repris : litt. pris.]

22 Dans tout cela, Job ne pécha pas, il n’attribua rien d’inapproprié à Dieu. [N’attribua rien d’inapproprié : litt. ne donna pas de chose dégoûtante.]

chapitre précédent retour chapitre suivant