Les cinq poèmes qui composent le livre des Lamentations ont pour thème la chute de Jérusalem en 587/6 av. J.-C., vue du côté des vaincus. Sous les coups de l’armée de Nabuchodonosor, le temple a été détruit ; une partie de la population a été exilée à Babylone, et Juda a cessé d’être un royaume indépendant. Le recueil s’enracine ainsi en un point précis d’une histoire particulière, lieu d’autant plus sensible que le malheur frappait de plein fouet ce que les Judéens considéraient depuis longtemps comme l’objet de l’élection et de la protection divines : le temple de Jérusalem et la dynastie royale de David. Cependant il atteint à l’universel par sa description de la souffrance humaine et la méditation sur son sens.
Les plus désespérés
sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels
qui sont de purs sanglots,
écrivait Alfred de Musset. Pour n’être pas désespérées (au contraire, et c’est essentiel !), les Lamentations ne sont pas moins parmi les plus beaux chants du monde.
L’émotion contenue s’approfondit et se communique. Le poète douloureux des Lamentations a plié ses sentiments, malgré leur violence, à la discipline d’une forme étonnamment contraignante. D’où leur réussite artistique et la tension spirituelle qui s’en dégage.
Les quatre premiers poèmes (chapitres 1–4) appartiennent à un genre stéréotypé : celui de la complainte, élégie ou lamentation funèbre – ce qui correspond au titre habituel de l’ouvrage. Les pleureuses, lors des cérémonies de deuil, chantaient les mérites du disparu et l’immensité de la perte ; souvent elles lançaient en hébreu un ’eik(a) ! (Comment !) exprimant à la fois stupeur et affliction. Ainsi se lamente David à la mort de Saül et de Jonathan : Comment ! Des héros sont tombés ! (2S 1.19). C’est ce que font ici le chapitre 1, où Jérusalem apparaît sous les traits d’une veuve effondrée, le chapitre 2, qui décrit les détails de la catastrophe comme autant de châtiments divins, et le chapitre 4, sur la douleur du peuple affamé.
Le rythme de la lamentation (qina en hébreu) se caractérise par sa dissymétrie, le second stique du vers comportant moins de syllabes accentuées que le premier. Boiteux, en quelque sorte, avec une chute du ton, il est bien fait pour exprimer la tristesse, la détresse intériorisée. Les quatre premiers chapitres s’y soumettent presque tout au long.
Ce n’est pas tout. Ils sont aussi alphabétiques. Les 22 versets commencent chacun par une lettre différente, reconstituant l’alphabet hébreu de 22 lettres – ’eika fournit ainsi la première (’aleph). Le chapitre 3, sans ’eika, où la complainte se fait plus individuelle, est triplement alphabétique : les trois premiers versets commencent par ’aleph, les trois suivants par beth, etc. Le chapitre 5, prière instante (ramène-nous !), n’est pas une qina et n’est pas alphabétique, mais il contient lui aussi 22 versets (22 distiques), ce qui fait un total de 7 x 22 pour le livre entier : ce chiffre a probablement valeur symbolique.
Une symétrie calculée apparaît. On l’a parfois repérée à l’intérieur d’un chapitre (p. ex., le deuxième et l’avant-dernier versets du chapitre 1 se correspondent), mais surtout dans le livre globalement considéré : les poèmes 1 et 5 résument le désastre, les poèmes 2 et 4 le détaillent, et le chapitre 3, triple et central, montre l’homme de Dieu reprenant espoir et se remémorant que la fidélité du SEIGNEUR n’est pas épuisée, que sa compassion n’est pas à son terme (3.22).
A ce point, la thérapie par l’œuvre d’art est dépassée ; le travail du poète se fait exercice spirituel.
« Le poète » ? Pourquoi ne pas dire Jérémie, selon la coutume ? La version grecque de l’Ancien Testament (LXX), suivie par la Vulgate latine (Vg), attribue les Lamentations à Jérémie et les joint à son livre. Dans la Bible hébraïque, les poèmes sont séparés du livre prophétique et constituent, parmi les Ecrits, l’un des cinq Rouleaux (Megilloth) ; on le lit en effet au cours d’une des cinq solennités annuelles, le 9 du mois d’Ab, où l’on commémore à la fois la destruction du premier temple par le roi de Babylone (587 av. J.-C.) et celle du second temple par Titus (70 apr. J.-C.). Pourtant la tradition juive voit en Jérémie l’auteur, ainsi que l’attestent les targums (Tg : traductions et paraphrases en araméen pour la lecture dans les synagogues), le Talmud et l’historien Flavius Josèphe.
Plusieurs aujourd’hui rejettent cette attribution. Pour eux, l’auteur, témoin oculaire du malheur de Jérusalem (comme Jérémie), est resté anonyme. Jérémie n’aurait pas été, plaident-ils, l’homme d’une poésie aussi apprêtée. Surtout, on l’imagine mal, lui qui avait dénoncé l’illusion de l’alliance égyptienne (Jr 37.5ss), avouer avoir attendu en vain le secours de ce côté (Lm 4.17) ; lui qui savait la faiblesse du falot Sédécias et le sort qui l’attendait (Jr 24.8), l’appeler celui qui était notre vie, l’homme qui avait reçu l’onction du SEIGNEUR avait conféré l’onction (Lm 4.20) ; lui qui avait proclamé le principe de la responsabilité individuelle (Jr 31.29-30), revenir au schéma de la culpabilité collective (Lm 5.7). Quelqu’un est allé jusqu’à parler de Lamentations « contre Jérémie ».
D’autres rétorquent que le prophète a bien composé, dans les règles, une complainte sur la mort de Josias (2Ch 35.25). Au chapitre 4 des Lamentations, estiment-ils, Jérémie ne parlerait pas en son nom propre, mais au nom de la nation ; une fois le malheur advenu comme il l’avait prédit, il éviterait de se désolidariser de ses concitoyens. En Jérémie 31, l’insistance sur la responsabilité individuelle est liée à la promesse de la nouvelle alliance ; cela n’exclut pas la dimension collective du châtiment de 587/6. Jérémie fait bel et bien de l’apostasie des pères la cause de ce châtiment (Jr 16.11), en y ajoutant aussitôt le péché de sa propre génération (Jr 16.12) ; le poète des Lamentations fait de même (5.16). Positivement, il y a des ressemblances nombreuses et frappantes de style et de phraséologie entre les Lamentations et Jérémie. On peut remarquer, par exemple, la proximité de 1.2, de tous ceux qui l’aimaient, personne ne la console, avec Jr 30.14 ; de 1.16 et 2.11, les larmes intarissables, avec Jr 9.9 et 17 ; de 4.21, à toi aussi on passera la coupe (de la condamnation), avec Jr 49.12, visant également Edom. Le poème central du chapitre 3 est tout proche des « confessions » de Jérémie (voir l’introduction à Jérémie), et les versets 53ss pourraient même évoquer un épisode particulier de sa biographie (Jérémie dans la citerne, cf. Jr 38).
Le message du livre se découvre d’abord dans l’attitude et la démarche mêmes du poète. Sous le choc de la catastrophe, qui a frappé toutes les catégories de la population et provoqué des scènes insoutenables (4.10), celui-ci ne se laisse pas engloutir par sa souffrance ; il ne reste pas prostré, anéanti de stupeur ; il ne se dissout pas dans l’apitoiement sur soi. Il assume, il discerne, il prie.
Il assume les responsabilités de son peuple et appelle ses compatriotes à faire de même. Il discerne dans la ruine la punition des crimes : la nation de Juda est châtiée parce qu’elle a failli à sa vocation de nation sainte et de peuple élu. Elle a bafoué la sainteté du Dieu dont elle porte le nom. Le malheur est le fruit de la révolte, de la désobéissance, de l’incrédulité, du péché. Il faut avoir le courage de le reconnaître (3.39n).
Justement, si cette vérité est reconnue, le châtiment mérité recèle une ultime grâce, une grâce de recommencement ou de renouvellement. On peut et on doit y entendre un appel divin à la confession et à la conversion (3.40), qui fait rebondir l’espérance.
Cette espérance trouve son fondement dans la nature même de Dieu, fondement que la pire des catastrophes ne peut ébranler. Dieu est extraordinairement présent dans le livre des Lamentations, 49 fois nommé (YHWH lu le SEIGNEUR, 32 fois ; le Seigneur, 14 ; le Très-Haut, 2 ; Dieu [El], 1). Sa souveraineté s’affirme avec force (3.37s), en même temps que sa justice : c’est pourquoi l’oppression de l’ennemi s’interprète comme la main de Dieu pesant sur son peuple pour exécuter ses jugements. Mais sa compassion et sa fidélité n’en sont pas moins certaines, ainsi que son désir de consoler les humains meurtris par leur faute (3.22ss). Si le SEIGNEUR doit parfois faire figure d’adversaire implacable à cause du péché de son peuple, car ce n’est pas volontiers qu’il afflige les humains et qu’il leur cause du chagrin (3.33, texte capital sur la relation de Dieu au mal), son dessein reste de faire grâce. Même le changement radical et authentique qu’il exige vient de lui ; c’est lui qui en prend l’initiative dans le cœur des siens : Ramène-nous à toi, SEIGNEUR, et nous reviendrons (5.21).
En vérité, que Jérémie soit ou non l’auteur des Lamentations, ces poèmes de courage, de lucidité et de foi ne sont pas des « jérémiades » !
Pleureuses égyptiennes, sur une fresque tombale.
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'aleph א
1 Comment !
Elle est assise solitaire,
cette ville si grande !
Elle est devenue comme une veuve !
Elle, si grande parmi les nations,
princesse sur les provinces,
elle est astreinte à la corvée ! [Comment ! Cette interjection (hébreu 'eika), qui sert souvent à introduire les complaintes (cf. Es 14.4n), constitue le titre du livre dans la Bible hébraïque. La première lettre de chaque verset du chapitre correspond à l'ordre traditionnel des 22 lettres de l'alphabet hébreu (cf. 2.1n ; 3.1n ; Ps 25.1n). Sur l'ensemble, cf. 2R 24–25. – assise solitaire : la même expression hébraïque est traduite par habiter seul en Lv 13.46 ; le même verbe hébreu signifie habiter et s'asseoir, être assis ou siéger au v. 3 ; 2.10 ; 3.6,28,63 ; 4.12,21 ; 5.19. – grande : autre traduction nombreuse, c.-à-d. (très) peuplée. – veuve : c.-à-d. sans soutien ; cf. 5.3 ; Dt 27.19 ; Baruch 4.12 : « Que personne ne se réjouisse si je (Jérusalem) suis veuve et abandonnée de beaucoup. J'ai été rendue déserte à cause du péché de mes enfants... »]
beth ב
2 Elle passe la nuit à pleurer,
ses joues ruissellent de larmes.
De tous ceux qui l'aimaient,
personne ne la console ;
tous ses amis l'ont trahie,
ils sont devenus ses ennemis. [Elle passe... Ps 6.7. – ceux qui l'aimaient v. 19 ; cf. Jr 3.1 ; 30.14 ; Os 2 ; Za 13.6. – console v. 9,16s,21 ; cf. Es 12.1 ; 40.1 ; Ps 69.21 ; 71.21 ; 86.17 ; Ec 4.1 ; Lc 2.25 ; Jn 14.16+. – ennemis : cf. 2R 24.2.]
gimel ג
3 Juda est exilée, affligée
et durement asservie ;
elle est assise parmi les nations
et elle ne trouve pas le repos ;
tous ceux qui la poursuivaient l'ont atteinte
au milieu des détresses. [affligée ou opprimée, humiliée ; cf. Es 48.10 (adversité). – durement asservie : autre traduction victime d'un terrible esclavage ; cf. Ex 1.14 ; Es 14.3. – repos 5.5 ; cf. Rt 1.9 ; 3.1. – ceux qui la poursuivaient : autre traduction ses persécuteurs ; cf. v. 6n. – détresses : le mot hébreu correspondant (metsarim, traduit par angoisses en Ps 116.3) est peut-être une allusion à l'Egypte (hébreu Mitsrayim), lieu de la première servitude d'Israël (Ex 1–15) et alliée inutile contre Babylone (cf. Es 31.1) ; on y a aussi vu une allusion au nom du conquérant babylonien Nabuchodonosor (en hébreu Neboukadnetsar).]
daleth ד
4 Les chemins de Sion sont en deuil,
car on ne vient plus aux rencontres festives.
Toutes ses portes sont dévastées,
ses prêtres gémissent,
ses jeunes filles sont en proie au chagrin,
et elle-même est dans l'amertume. [en deuil Jr 14.2. – aux rencontres festives : pèlerinages annuels au temple de Jérusalem, où le peuple venait à la rencontre (même mot en Ex 27.21) de son Dieu ; voir aussi v. 15n ; 2.6ns. – portes Es 3.26. – dévastées v. 13n. – jeunes filles : litt. vierges (même terme v. 15), aussi v. 18 ; 2.10,21 ; 5.11. – en proie au chagrin : LXX a lu emmenées. – amertume : mot habituellement associé à la mort ; cf. 1S 15.32 ; Rt 1.13,20 ; Ec 7.26.]
hé ה
5 Ses adversaires ont pris le dessus,
ses ennemis sont tranquilles ;
car le SEIGNEUR lui a causé du chagrin
à cause de ses nombreuses transgressions ;
ses enfants sont partis en captivité
devant l'adversaire. [adversaires : hébreu tsar (cf. v. 20n), où certains ont vu une allusion à Nabuchodonosor, en hébreu Neboukadnetsar, le destructeur de Jérusalem. – ont pris le dessus : litt. sont à (la) tête ; cf. Dt 28.44.]
waw ו
6 Sion la belle a perdu
tout son éclat ;
ses princes sont devenus comme des cerfs
qui ne trouvent plus de pâture,
et qui s'en vont, privés de force,
devant le chasseur. [Sion la belle (litt. la fille de Sion, c.-à-d. Jérusalem personnifiée comme une jeune fille ; de même 2.1,4,8,10,13,18 ; 4.22 ; cf. v. 15n ; 2.15n ; 4.21n ; voir Es 1.8n) a perdu tout son éclat : litt. tout son éclat est sorti ; cf. Ez 10.18-22 ; 11.22s. – le chasseur : litt. celui qui poursuit, poursuivant ou persécuteur, cf. v. 3.]
zaïn ז
7 Jérusalem se souvient,
aux jours de son affliction et de sa vie errante,
de tout ce qu'elle avait de précieux
aux jours de jadis.
Quand son peuple est tombé aux mains de l'adversaire,
sans personne pour la secourir,
ses adversaires l'ont vue,
et ils ont ri de sa disparition. [affliction / vie errante 3.19. – ce qu'elle avait de précieux v. 10s ; 2.4n ; cf. les autres emplois du même terme hébreu en 1R 20.6 (ce qui a de la valeur) ; Ez 24.16,21 (délices). – ils ont ri : cf. Ps 13.5 ; 35.19 ; 38.17. – disparition : terme de la même racine que le mot sabbat.]
heth ח
8 Jérusalem a multiplié ses péchés,
c'est pourquoi elle est devenue une souillure ;
tous ceux qui la glorifiaient la méprisent
en voyant sa nudité ;
elle-même gémit
et recule. [une souillure : le terme évoque la souillure des règles, de même au v. 17n ; cf. Lv 12.2n ; 15.19ss ; Ez 7.19n. – nudité Es 47.3 ; Ez 16.37.]
teth ט
9 Son impureté est sur sa robe ;
elle n'a pas songé à son avenir.
Elle est tombée dans une déchéance inouïe,
et personne ne la console.
Regarde mon affliction, SEIGNEUR,
car l'ennemi triomphe ! [Son impureté : litt. son impureté dans son bas (de robe). – elle n'a pas songé : autre traduction elle ne s'est pas souvenue. – son avenir ou sa fin, sa suite ; cf. Dt 32.29 ; Es 47.7n ; Ps 73.17. – Regarde v. 11 ; 2.20 ; 3.59 ; 5.1. – triomphe : litt. grandit ou se grandit.]
yod י
10 L'adversaire a étendu la main
sur tout ce qu'elle avait de précieux :
elle a vu pénétrer dans son sanctuaire
les nations auxquelles tu avais défendu d'entrer
dans ton assemblée. [précieux v. 7+ ; cf. 2R 24.13 ; Es 64.10. – les nations... : cf. Dt 23.4s ; Ez 44.7-9 ; Ac 21.28.]
kaph כ
11 Tout son peuple gémit,
il cherche du pain ;
ils ont donné tout ce qu'ils avaient de précieux pour manger,
afin de ranimer leur vie.
Regarde, SEIGNEUR, vois
comme je suis méprisée ! [pain Jr 52.6 ; cf. Dt 28.51. – afin de ranimer leur vie ou leur être, leurs forces ; de même aux v. 16,19 ; sur le terme hébreu correspondant, voir Gn 1.20n.]
lamed ל
12 Qu'il n'en soit pas ainsi pour vous tous qui passez votre chemin !
Regardez et voyez
s'il est une douleur pareille à ma douleur,
au traitement qu'on m'a fait subir !
Le SEIGNEUR m'a causé du chagrin
au jour de sa colère ardente. [Qu'il n'en soit pas ainsi... : Vg a lu, sans la négation : O vous tous qui passez... ; cf. 2.15. – s'il est une douleur... : cf. 2.13 ; Dn 9.12 ; 12.1 ; Mt 24.21. – au traitement... : cf. v. 22 ; 2.20 ; 3.51n. – jour... ardente 2.1,4,21s ; 4.11 ; Ez 7.19 ; So 2.2s ; Ps 110.5 ; Jb 20.28 ; Pr 11.4 ; Rm 2.5 ; Ap 6.17.]
mem מ
13 D'en haut il a lancé un feu dans mes os,
il les piétine ;
il a tendu un filet sous mes pieds,
il m'a fait reculer ;
il m'a laissée dévastée,
je suis sans cesse souffrante. [dans mes os : cf. 3.4 ; Es 38.13 ; Ps 31.11 ; 51.10. – il les piétine : traduction incertaine ; autres possibilités : il le commande (le feu ?) ; il les soumet (les os ?) ; ils ont été détruits ; il (le feu) y est descendu. – filet Ps 9.16+. – reculer v. 8. – dévastée : cf. v. 4 ; 2S 13.20 ; Es 54.1 (délaissée). – sans cesse : litt. tout le jour. – souffrante : cf. v. 20,22 ; 2.18s ; 5.17 ; ici, ce terme rappelle peut-être aussi (cf. v. 8n) l'indisposition des règles, comme en Lv 15.33 ; 20.18.]
noun נ
14 Sa main a lié le joug de mes transgressions ;
elles se sont entrelacées,
elles me sont montées à la gorge ;
il a fait vaciller ma force ;
le Seigneur m'a livrée
à des mains contre lesquelles je ne peux tenir. [joug : cf. Dt 28.48 ; Jr 27.2–28.14. – il a fait vaciller (litt. trébucher) ma force : cf. Ps 31.11 ; Né 4.4.]
samek ס
15 Le Seigneur a repoussé tous les puissants guerriers
qui étaient avec moi ;
il a convoqué contre moi une rencontre festive
pour briser mes jeunes gens ;
le Seigneur a foulé au pressoir
Juda la jolie. [a repoussé... : autre traduction a entassé (comme des gerbes à la moisson ; cf. Jr 50.26 où figure un verbe très proche) tous mes puissants guerriers (ou indomptables, voir Gn 49.24n) en mon sein. – rencontre festive : cf. v. 4n ; 2.6s,22. Ici l'expression s'applique au rassemblement guerrier des ennemis de Jérusalem. – foulé au pressoir : cf. Es 63.1-6 ; Jl 4.13 ; Ap 14.19s. – Juda la jolie : litt. la vierge de la fille de Juda ; cf. v. 6n ; 2.2,5,13 ; voir aussi Jr 8.21 ; 18.13 ; 31.4,21 ; Am 5.2.]
‘aïn ע
16 C'est sur eux que je pleure ;
mes yeux fondent en larmes,
car il est loin de moi, le consolateur,
celui qui pourrait ranimer ma vie.
Mes fils sont atterrés,
parce que l'ennemi a été le plus fort. [je pleure : cf. Jr 8.23 ; 9.17 ; 13.17. – consolateur v. 2+. – ranimer ma vie : autre traduction me rendre des forces ; cf. v. 11n. – atterrés ou dans la dévastation.]
pé פ
17 Sion a tendu les mains,
et personne ne la console ;
le SEIGNEUR a dépêché contre Jacob
les adversaires qui l'entourent ;
Jérusalem est devenue
une souillure au milieu d'eux. [personne... v. 2+. – le SEIGNEUR a dépêché... : autre traduction le SEIGNEUR a donné des ordres contre Jacob à ses adversaires d'alentour ; cf. Ps 42.9n. – une souillure : autre traduction une femme souillée (par ses règles) v. 8n.]
tsadé צ
18 C'est le SEIGNEUR qui est juste :
j'ai été rebelle à ses ordres.
Ecoutez, je vous prie, vous tous, peuples,
et voyez ma douleur !
Mes jeunes filles et mes jeunes gens
sont allés en captivité. [juste : cf. Jr 12.1 ; Ps 51.6. – j'ai été rebelle : cf. v. 20,22 ; 3.42 ; 5.16. – ses ordres : litt. sa bouche. – jeunes filles : litt. vierges ; cf. v. 4,15.]
qoph ק
19 J'ai appelé ceux qui m'aimaient,
et ils m'ont trompée.
Mes prêtres et mes anciens
ont expiré dans la ville,
alors qu'ils cherchaient de quoi manger
afin de ranimer leur vie. [ceux qui m'aimaient v. 2+ ; voir 4.17n. – ranimer... v. 11n.]
resh ר
20 SEIGNEUR, regarde ma détresse !
Mes entrailles bouillonnent,
mon cœur est bouleversé au dedans de moi,
car j'ai vraiment été rebelle.
Au dehors, l'épée a tué mes enfants,
au dedans, c'est la mort. [détresse : le même mot est traduit par adversaire au v. 5n. – Mes entrailles 2.11 ; Es 16.11 ; Jr 4.19. – a tué mes enfants : litt. a privé d'enfants ; cf. Dt 32.25n. – au dedans, c'est la mort : litt. dans la maison comme la mort ; cf. Jr 9.20.]
shîn ש
21 On m'a entendue gémir,
mais personne ne me console ;
tous mes ennemis ont appris mon malheur,
ils se sont égayés, parce que c'est toi qui l'as fait ;
tu as fait venir le jour que tu avais annoncé.
Qu'ils deviennent comme moi ! [tu as fait venir : Syr porte fais venir. – le jour... : cf. Jl 1.15 ; Am 5.18.]
taw ת
22 Que tout le mal qu'ils ont fait vienne devant toi.
Traite-les
comme tu m'as traitée
à cause de toutes mes transgressions !
Car nombreux sont mes gémissements,
et mon cœur est souffrant. [le mal qu'ils ont fait : autre traduction leur méchanceté ; cf. Jr 51.35. – souffrant : cf. v. 13n.]