Segond 21 – Lamentations 1
Lamentations
Le Livre des Lamentations est attribué au prophète Jérémie par la tradition juive, et notamment par la version grecque des Septante. Composé de 5 lamentations ou élégies qui évoquent la chute de Jérusalem et la destruction de son temple par les Babyloniens en 587/586 av. J.-C., ainsi que la déportation d’une grande partie de la population du royaume du sud d’Israël, il est lu à l’occasion du jeûne commémorant la destruction du temple.
Le malheur de Jérusalem
Lm 2; 4; Ps 79
1 Comment! Elle est assise solitaire, cette ville si peuplée, elle est pareille à une veuve! Elle qui était grande parmi les nations, elle qui était une princesse parmi les provinces, la voilà maintenant astreinte à la corvée! [Poème alphabétique : chaque v. commence par la lettre suivante de l’alphabet héb.] 2 Elle pleure durant la nuit et ses joues sont couvertes de larmes. Parmi tous ceux qui l’aimaient, pas un ne la console : tous ses amis l’ont trahie, ils sont devenus ses ennemis. [Ses joues sont couvertes de : litt. sur ses joues. Pas un ne la console : litt. absence pour elle de consolant (ou réconfortant). Amis : ou amants. L’ont trahie : ou lui sont infidèles.]
3 Juda est en exil, accablé par la misère et un grand esclavage. Il habite au milieu des nations sans y trouver de repos. Tous ses persécuteurs l’ont rattrapé au beau milieu des détresses. [Juda : nom du royaume du sud d’Israël, après le schisme, qui avait Jérusalem pour capitale; présenté au fém. en héb. dans ce v. Accablé par : ou à cause de ou suite à, litt. à partir de. Ses persécuteurs : ou ceux qui la poursuivaient. Au beau milieu des : litt. entre les. Détresses : mêmes consonnes que «Egyptiens» en héb.]
4 Les chemins de Sion sont dans le deuil, car on ne va plus aux fêtes. Toutes ses portes sont désertes, ses prêtres gémissent, ses jeunes filles sont pleines de chagrin et elle-même est remplie d’amertume. [Sion : l’une des collines sur lesquelles Jérusalem a été construite; elle désigne souvent, par extension, l’ensemble de la ville (cf. 2R 19.21; etc.). Fêtes : cf. Lv 23. Jeunes filles : litt. vierges. Pleines de chagrin : texte massor.; Sept. «emmenées»; Vulg. «misérablement habillées».] 5 Ses adversaires ont pris le dessus, ses ennemis sont tranquilles, car c’est l’Eternel qui l’a plongée dans le chagrin à cause du grand nombre de ses transgressions. Ses enfants ont marché en déportés devant l’adversaire. [Ont pris le dessus : litt. sont pour tête. Transgressions : ou actes de révolte ou révoltes.]
6 La fille de Sion a perdu toute sa splendeur. Ses chefs sont pareils à des cerfs qui n’ont rien trouvé à brouter et qui fuient, sans force, devant celui qui les pourchasse. [La… a perdu : litt. de la… est sortie.]
7 Durant ces jours de misère et d’errance, Jérusalem s’est souvenue de tous les biens précieux dont elle jouissait par le passé. Quand sa population est tombée entre les mains de l’adversaire, il n’y a eu personne pour l’aider : ses ennemis l’ont regardée et ont ri de sa chute. [Durant… errance : litt. (dans) les jours de sa misère et de son errance. Dont elle… passé : litt. qui étaient à partir des jours de devant.]
8 Jérusalem a gravement péché. Voilà pourquoi elle inspire le dégoût. Tous ceux qui l’honoraient la méprisent, car ils ont vu sa nudité. Elle-même gémit et tourne le dos. 9 Son impureté se trouve dans les pans de sa robe. Elle n’avait pas imaginé sa fin; elle est tombée d’une manière étonnante et personne ne la console. «Vois ma misère, Eternel, face à l’arrogance de l’ennemi!» [N’avait pas imaginé : litt. ne s’est pas souvenue de. Tombée : litt. descendue. Face… l’ennemi : litt. car (ou quand) l’ennemi fait grand.]
10 L’adversaire a étendu la main sur tout ce qu’elle avait de précieux. En effet, Jérusalem a vu les nations pénétrer dans son sanctuaire, alors que tu leur avais interdit d’entrer dans ton assemblée. [D’entrer dans ton assemblée : cf. Dt 23.4ss.] 11 Toute sa population gémit, elle cherche du pain. Ils ont donné tout ce qu’ils avaient de précieux pour de la nourriture afin de retrouver des forces. «Vois, Eternel, regarde, car je suis méprisée! [Retrouver des forces : litt. faire revenir une âme.] 12 Que cela ne vous arrive pas, à vous qui passez sur le chemin! Regardez et voyez s’il y a une souffrance pareille à la mienne, à celle qui me fait si mal, à celle que l’Eternel m’a infligée le jour où il a déversé toute l’ardeur de sa colère. [Que cela… sur le chemin : ou n’est-ce pas à vous qui passez sur le chemin que je m’adresse, litt. pas à vous tous passant de chemin. Où il… l’ardeur : litt. de la fureur.] 13 D’en haut il a lancé un feu dans mes os et il les piétine. Il a tendu un piège sous mes pieds, il m’a fait tomber en arrière. Il m’a livrée à la dévastation, je suis constamment souffrante. [Et il les piétine : litt. et il la domine, texte massor.; Sept. «il l’a fait descendre»; Vulg. «et il m’a formé». M’a fait tomber : litt. m’a fait revenir. Livrée à la dévastation : litt. donnée dévastée. Je suis… souffrante : ou j’ai… mes règles. Constamment : litt. tout le jour.] 14 Sa main a fait de mes transgressions une charge, elles se sont entremêlées, hissées sur ma nuque. Il a brisé ma force. Le Seigneur m’a livrée entre des mains auxquelles je suis incapable de résister. [Sa main… entremêlées : litt. il est lié dans sa main un joug de mes transgressions (ou actes de révolte) elles se sont tissées, texte massor. (le mot joug peut être lu «sur» dans de nombreux mss héb.); Sept. «il a été éveillé à mes impiétés dans mes mains elles se sont tissées». Livrée : litt. donnée. Auxquelles… résister : litt. je ne peux pas me lever.] 15 Le Seigneur a terrassé tous les guerriers qui étaient avec moi, il a convoqué contre moi un rassemblement pour briser mes jeunes hommes. Le Seigneur a écrasé au pressoir la jeune fille, la fille de Juda. 16 C’est pour cela que je pleure. Mes yeux fondent en larmes car il s’est éloigné de moi, celui qui pourrait me consoler, celui qui aurait pu me redonner des forces. Mes fils sont désespérés car l’ennemi est puissant.» [Fondent en larmes : litt. descendent (en) eaux. Celui… consoler : litt. un consolant (ou réconfortant). Celui… forces : litt. un faisant revenir mon âme.]
17 Sion a tendu les mains et personne ne l’a consolée; l’Eternel a donné ses ordres contre Jacob aux adversaires qui l’entouraient et Jérusalem est devenue un objet d’horreur au milieu d’eux. [A donné… l’entouraient : litt. a commandé pour Jacob autour de lui ses adversaires. Jacob : patriarche ancêtre du peuple d’Israël. Objet d’horreur : litt. souillure.]
18 «L’Eternel est juste, car je me suis révoltée contre ses ordres. Ecoutez donc, vous, tous les peuples, et voyez ma douleur! Mes jeunes filles et mes jeunes hommes sont partis en déportation; [Ses ordres : litt. sa bouche.] 19 j’ai appelé mes amis et ils m’ont trompée; mes prêtres et mes anciens ont expiré dans la ville, alors qu’ils cherchaient de la nourriture pour retrouver des forces. [Anciens : fonction présente dans la plupart des peuples de l’Orient ancien, dont Israël (première mention en Ex 3.16), qui consistait notamment à diriger et conseiller le peuple. Pour… forces : litt. et ils faisaient revenir leur âme.] 20 Regarde, Eternel, car je suis dans la détresse! Je suis profondément tourmentée, profondément bouleversée, car j’ai été vraiment rebelle. Dehors, l’épée m’a privée d’enfants; dedans, c’est la mort. [Je suis… détresse : litt. détresse pour moi. Je suis… bouleversée : litt. mes organes internes bouillonnent, mon cœur est retourné à l’intérieur de moi.] 21 On a entendu mes gémissements et personne ne m’a consolée. Tous mes ennemis ont appris mon malheur, et ils se sont réjouis de ce que tu en étais l’auteur. Tu as fait venir le jour que tu avais annoncé. Qu’ils deviennent eux aussi pareils à moi! [On a… gémissements : litt. ils ont entendu quand j’étais gémissante. Tu en étais l’auteur : litt. toi tu faisais. Tu as fait… moi : litt. toi tu as fait venir le jour (que) tu as appelé et qu’ils soient comme moi.] 22 Que toute leur méchanceté vienne devant toi! Traite-les comme tu m’as traitée à cause de toutes mes transgressions, car mes soupirs sont nombreux et mon cœur est souffrant!» [Transgressions : ou actes de révolte.]