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TOB – Nahum 1

NAHOUM

INTRODUCTION

Nahoum, le « consolateur »

Nahoum ou « le consolé », « le réconforté » qui peut donc apporter aux siens (2Co 1.4) le réconfort, la consolation permettant, dans une période très sombre, de tenir grâce à l'espérance (comparer Rm 15.4).

Cette espérance qui l'anime et qu'il affirme avec une grande vigueur de foi est celle de l'immanquable victoire du Seigneur, même si ses ennemis semblent très florissants (Na 1.12; 3.15-17), à la fois terribles comme des lions (Na 2.12-14) et pleins de séduction (Na 3.4).

Le livre de Nahoum

Son livre (Na 1.1) développera successivement ce thème fondamental sur trois modes différents :

1. D'abord un psaume (Na 1.2-8). Un peu à la manière de l'introduction à d'autres livres prophétiques (comparer Am 1.2; Mi 1.2-4 ; So 1.2-3), mais de façon plus insistante, il nous met en face de celui qui domine tout, le Seigneur, juge souverain du monde entier, à la fois terrible et bon (Na 1.7). Ce premier morceau se situe, dans son ensemble, sur un plan assez général et intemporel ; les allusions à l'histoire du salut y sont discrètes (voir Na 1.3-4). En finale, toutefois, semble poindre le contexte historique plus particulier du livre (Na 1.8).

2. Avec les oracles de la seconde partie (Na 1.9 — 2.3), ce contexte se précise: menaces contre une ville forte (Na 2.2 ; 1.11-12) et son roi (Na 1.14), bonne nouvelle de restauration (Na 2.3), de libération pour Juda (Na 2.1; 1.13) qui semblerait invité (Na 1.9-10,12) à renoncer à une politique trop humaine pour mettre désormais toute sa confiance en son Libérateur.

3. Enfin (Na 2.4 — 3.19), évocation (au sens fort et prophétique d'appel efficace) de la disparition de Ninive (Na 2.9; 3.7) au faîte de sa puissance, la ville qui dit: « Moi et rien que moi » (So 2.15), symbole de l'opposition à l'ordre divin, dont le châtiment doit être une leçon de portée universelle : « De toi, je vais faire un exemple » (Na 3.6).

Cette évocation comporte une série de tableaux particulièrement suggestifs ayant chacun son unité et mettant en relief différents aspects de la ville et de sa chute. En définitive, il apparaîtra que le Seigneur (Na 2.14 ; 3.5), dans sa fulgurante intervention, vient libérer les opprimés (Na 3.19), sauver les siens (Na 1.7,13 ; 2.1,3).

Nahoum, le prophète de la chute de Ninive

Nahoum voit, et la richesse variée de son langage permet de nous introduire dans sa vision (Na 1.1): vivacité des interpellations et descriptions des 2e et 3e parties, harmonieuse composition du psaume initial, poème construit de façon parfaitement symétrique autour du distique central (Na 1.5ab). De part et d'autre de ce centre se répondent d'abord deux séries de trois distiques (Na 1.3c-4 et 1.5c-6) pour constituer le noyau du poème: la théophanie (Na 1.3c-6); ce noyau est lui-même encadré d'une autre paire de trois distiques (Na 1.2-3b et 1.7,8) présentant en introduction et conclusion « le Seigneur terrible et bon ».

A travers les différents aspects de la beauté formelle de l'œuvre transparaît surtout la passion qui l'anime et lui donne cette vigoureuse beauté : l'ardeur de la foi. Nahoum affirme, avec la force d'une inébranlable conviction venue d'en haut, que, malgré les apparences, la victoire sera au Seigneur, qu'elle est déjà au Seigneur. Oui, en vrai prophète, dans une communion exceptionnelle au Dieu vivant, au Seigneur, maître de l'histoire et de tout homme, il voit déjà réalisé un lointain avenir; et, comme Jérémie évoquant la chute de Babylone 55 ans avant l'événement (Jr 51.59-64), Nahoum exprime alors avec audace sa vision, face à des compatriotes désemparés en une sombre période de domination étrangère et d'apostasie (2R 21). Il contribue ainsi, en y proclamant avec son charisme prophétique l'efficace Parole de Dieu, à incarner cette Parole dans l'histoire.

Une série d'indices, en effet, nous invitent à situer la proclamation des oracles et la composition du livre peu après le sac de Thèbes (663), mentionnés en 3.8-10.

Certains, en revanche, ne verraient dans ce livre que la simple annonce, peu avant 612, d'événements facilement prévisibles. D'autres même ont cru y trouver le livret d'une liturgie célébrant à l'automne 612 à Jérusalem, à l'occasion de la fête du Nouvel An, avec la chute toute récente de Ninive, un aspect particulièrement marquant du triomphe du Seigneur sur ses ennemis.

Quelques éléments de la description de la chute de Ninive semblent avoir été utilisés par Joël pour annoncer un événement de portée encore plus universelle, celui du « jour du Seigneur » (voir Jl 2.4-9 et Na 2.4-5,11 ; 3.2-3); Joël reprend en particulier l'image des criquets et sauterelles (Na 3.15-17) pour évoquer l'épreuve par excellence.

Quant à Jonas, il découvrira chez le Dieu d'Israël un dessein si universel de salut qu'il en viendra à proclamer que même les Ninivites peuvent, moyennant conversion, bénéficier du pardon de celui qui est lent à la colère (Jon 4.2 ; Na 1.3); on s'aperçoit alors avec émerveillement qu'à cette condition tous peuvent jouir de la céleste consolation, même une Ninive qui pour Nahoum reste inconsolable (Na 3.7).

Et c'est encore un salut aux plus vastes horizons qu'annonce Es 52.7 avec des expressions semblables à celles de Na 2.1.

Un commentaire de Nahoum trouvé à Qumrân et datant d'une centaine d'années avant notre ère, témoigne, à sa façon, que des croyants ont su trouver dans Nahoum une Parole de Dieu susceptible d'éclairer tout moment de l'histoire.

NAHOUM

1 Proclamation sur Ninive.
Livre de la vision de Nahoum l'Elqoshite. [Proclamation Es 13.1.
— Ninive. capitale de l'empire assyrien, qu'elle symbolise et personnifie tout entier ; Gn 10.11 ; 2 R 19.36 ; Jon 1.2 ; Ct 2.13.
— vision Ez 7.26 ; Ab 1.1.
— Elqoshite. le sens de ce qualificatif est discuté ; originaire d'Elqosh (village non identifié) ? ou celui qui est comme la pluie d'arrière-saison ?]

HYMNE AU SEIGNEUR TERRIBLE ET BON

Alef

2 Le Seigneur est un Dieu jaloux et vengeur.
Le Seigneur est vengeur ; sa colère est terrible.
Le Seigneur se venge de ses adversaires ;
il s'enflamme contre ses ennemis. [(Alef). voir Ps 25.1 et la note.
— jaloux. voir Ex 20.5 et la note.
— le Seigneur vengeur Dt 7.10 ; Es 59.17 ; Jr 5.9 ; Si 12.6 ; Ap 19.2 ; voir Ex 34.7.
— il s'enflamme contre ses ennemis. autre traduction il garde rancune à ses ennemis.]

3 Certes, le Seigneur est lent à la colère et d'une grande puissance,
mais le Seigneur ne laisse rien passer.
. . Beth
Il s'avance dans la tourmente et la tempête ;
la nuée, c'est la poussière que soulèvent ses pas.
. . Guimel [lent à la colère Ex 34.6-7 ; Nb 14.18 ; Jl 2.13 ; Ps 103.8 ; 145.8 ; Ne 9.17.
— dans la tempête Jr 23.19 ; Ez 13.13 ; Ps 50.3 ; Jb 38.1.
— la nuée Ex 13.21-22 ; 19.9 ; 33.9-10 ; 1 R 8.10-11 ; Ps 99.7 ; voir Jl 2.2 ; So 1.15 ; Ps 18.10 ; 97.2.]

4 Il fulmine contre la mer et la met à sec ;
il tarit toutes les rivières.
. . Daleth
Ils dépérissent, le Bashân et le Carmel ;
la flore du Liban dépérit.
. . Hé [la mer asséchée Ex 14.21 ; Es 50.2 ; 51.10 ; Ps 106.9 ; voir aussi Gn 1.9 ; Ps 18.16.
— Bashân Am 4.1 et la note.
— Carmel Es 33.9 ; 35 :2Am1 :2 et la note.
— le Liban Es 2.13 ; 10.34 et la note. L'A.T. mentionne souvent ces régions pour leur richesse.]

5 Les montagnes tremblent devant lui,
et les collines chavirent.
. . Waw
Devant sa face, la terre est bouleversée,
tout l'univers habité.
. . Zaïn [tremblement des montagnes Jr 4.24 ; Ps 18.8.
— est bouleversée. d'après trois versions anciennes ; hébreu : se soulève.]

6 Face à son indignation, qui tiendrait ?
Qui se dresserait quand s'embrase sa colère ?
. . Heth
Sa fureur déferle comme l'incendie ;
les roches s'éboulent devant lui.
. . Teth [Jl 2.11 ; Ml 3.2 ; Ps 76.8 ; 130.3 ; 143.2 ; Ap 6.17.]

7 Le Seigneur est bon ;
il est un abri au jour de détresse.
. . Yod
Il prend soin de ceux qui cherchent en lui leur refuge, [le Seigneur est bon Jr 33.11 ; Rm 11.22 ; voir Si 5.6.
— un abri au jour de la détresse Es 4.6 ; 25.4 ; Ps 46.2 ; 77.3 ; Ps 119.114 ; voir Ps 18.3 ; 61.5.
— chercher refuge en Dieu Ps 7.2.]

8 même quand passe le flot impétueux.
. . Kaf
Il rase les assises de la ville
et il expulse ses ennemis dans les ténèbres. [le flot impétueux. image du châtiment que Dieu envoie contre Ninive ; Ps 124.4-5.
— la ville : Ninive (v. 1).]

SUCCESSIVES INTERPELLATIONS DE JUDA ET DE NINIVE

Aux chefs de Juda

9 Que tramez-vous à l'encontre du Seigneur ?
Lui, il fait table rase ;
la détresse ne reparaîtra plus. [tramer contre le Seigneur Es 29.15 ; 30.1-2 ; Os 7.15.
— le Seigneur fait table rase Jr 30.11 ; 1 Co 1.19.]

10 Car ils ne sont plus que ronces entrelacées
- et dans leurs beuveries, ils sont ivres :
ils seront consumés comme du chaume bien sec, entièrement. [Les ennemis de Juda, c'est-à-dire les Assyriens ; de même aux v. 12-13]

A Ninive

11 De toi est sorti celui qui trame le mal contre le Seigneur,
un homme aux desseins infernaux. [2 R 19.4,16 ; Es 37.23-24.]

A Juda

12 Ainsi parle le Seigneur :
Même si leurs rangs sont au complet,
ils seront fauchés,
et ce sera fini.
Si je t'ai humiliée,
je ne t'humilierai plus. [Autre traduction Je t'humilierai et n'aurai plus à t'humilier de nouveau ; dans ce cas, la déclaration s'adresserait à Ninive.]

13 Maintenant, je brise son joug qui t'écrase
et je détache tes liens. [joug brisé Lv 26.13 ; Es 14.25 ; Jr 30.8 ; Ez 34.27 ; voir Ps 107.14.]

Au roi de Ninive

14 Le Seigneur décrète contre toi :
Nulle descendance ne perpétuera ton nom ;
du temple de tes dieux, je vais supprimer les idoles sculptées ou fondues ;
je prépare ta tombe
car tu ne fais pas le poids. [tu ne fais pas le poids Dn 5.27.]

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