Vigouroux – Nahum 1
Nahum
Introduction
Nahum (consolation ou celui qui console), le septième des petits prophètes, était originaire d’Elqôsch, petit village de Galilée. Il prophétisa contre Ninive, avec une telle vivacité de couleurs, que plusieurs critiques ont cru qu’il avait vu de se yeux la capitale de l’Assyrie, ce qui est néanmoins fort peu probable. Il vivait en Palestine, et il écrivait après la ruine du royaume des dix tribus et l’invasion de Sennachérib. La date de son livre, qui a été contestée jusque dans ces derniers temps, nous est maintenant donnée d’une manière certaine par les documents assyriens. Il fut rédigé peu après la ruine de la ville de No Amon, c’est-à-dire Thèbes, appelée dans la Vulgate, Alexandrie, voir Nahum, 3, 8 ; or cet événement eut lieu vers l’an 665 avant Jésus-Christ. ― L’authenticité de la prophétie de Nahum est admise par tout le monde.
Nahum avait une imagination vive et riche, son style, malgré quelques emprunts aux écrivains antérieurs, se distingue par son originalité ; il est remarquable par sa pureté et sa clarté.
La prophétie de Nahum porte le titre de Massâ, malheur accablant, comme les prophéties d’Isaïe contre les nations étrangères. Elle annonce la ruine de Ninive et de la puissance assyrienne, qui non seulement avait anéanti Samarie, chapitre 2, verset 2, mais avait aussi profondément abaissé Juda, chapitre 1, versets 9, 11 et 12. Ninive est alors dans tout l’éclat de sa gloire, chapitre 1, verset 12 ; chapitre 2, versets 11 et 12 ; chapitre 3, verset 9 ; mais à cause de ses péchés, chapitre 3, versets 1 et 4, elle périra, chapitre 1, verset 13 ; chapitre 2, verset 10 ; chapitre 3, verset 7.
Nahum divise son oracle en trois parties, chapitre 1, versets 1 à 14 ; du chapitre 1, verset 15 au chapitre 2 ; chapitre 3. La première fait connaître le jugement que Dieu a prononcé contre la capitale de l’Assyrie ; la seconde, la prise, le pillage et la destruction de cette ville ; la troisième, ses crimes et sa ruine irréparable. Cette prédiction a été si littéralement accomplie que jusqu’en l’année 1842, on a ignoré jusqu’à l’emplacement qu’avait occupé Ninive.
Prophétie contre Ninive. Le Seigneur est juste, puissant et terrible dans ses vengeances. Il protège ceux qui espèrent en lui. Ruine de Ninive. Défaite des Assyriens. Délivrance de Juda.
1 Fardeau (Malheur accablant, note) de Ninive. Livre de la vision de Nahum, l’Elcéséen. [1.1 Malheur accablant. Voir, sur cette expression, Isaïe, 13, 1. ― L’Elcéséen ; c’est-à-dire, d’Elcès ou Elcésé, village de Galilée, selon Eusèbe et saint Jérôme. ― Ninive. Voir Jonas, 1, 2.]2 Le Seigneur est un Dieu jaloux et qui se venge. Le Seigneur se venge, et il éprouve de la fureur ; le Seigneur se venge de ses ennemis, et il s’irrite contre ses adversaires. 3 Le Seigneur est patient et grand en puissance, et il ne laisse pas impuni (pur et innocent le coupable). Le Seigneur marche dans la tempête et le tourbillon, et les nuages sont la poussière de ses pieds. [1.3 Il ne fera pas, etc. ; littéralement, purifiant, il ne fera pas innocent, et selon l’hébreu : purifiant, il ne purifiera pas, c’est-à-dire, il ne laissera pas le crime impuni.]4 Il menace (gourmande) la mer et la dessèche, et il change tous les fleuves en désert. (Le) Basan et le Carmel se flétrissent (ont langui), et la fleur du Liban se fane. [1.4 Basan. Voir Nombres, note 21.33. ― Le Carmel et le Liban sont nommés avec Basan à cause de leur riche végétation.]5 Les montagnes sont (ont été) ébranlées par lui, et les collines dévastées ; la terre, le monde, et tous ceux qui l’habitent tremblent devant sa face. 6 Qui résistera devant son indignation, et qui soutiendra la fureur de sa colère ? Son indignation se (s’est) répand(ue) comme le feu, et il (a) dissous les pierres. [1.6 La colère de sa fureur. Voir sur cette expression, Jérémie, 4, 8.]7 Le Seigneur est bon, il réconforte au jour de l’affliction, et il connaît ceux qui espèrent en lui. 8 Par un déluge qui passera il anéantira ce lieu, et les (des) ténèbres poursuivront ses ennemis. [1.8 Par un déluge, etc. Dans l’Ecriture, le déluge, l’inondation se prend souvent pour un fléau terrible, telle que l’invasion d’une ennemi qui ravage et détruit tout. Mais rien n’empêche de l’entendre ici à la lettre d’une inondation réelle du Tigre sur lequel Ninive était située.]9 Que méditez-vous contre le Seigneur ? C’est lui-même qui anéantira ; la tribulation ne viendra pas deux fois. 10 Comme des épines qui s’entrelacent, tel est le festin où ils s’enivrent (boivent) ensemble ; ils seront consumés comme de la paille tout à fait sèche. [1.10 Comme des épines, etc. Lorsque le feu prend à des épines bien entrelacées, tout est consumé de manière qu’on n’en puisse sauver la moindre partie ; ainsi en sera-t-il des Assyriens réunis ensemble dans leurs festins.]11 De toi sortira celui qui médite le mal contre le Seigneur, et qui agite dans son esprit des pensées de perfidie. 12 Ainsi parle le Seigneur : Quoique très forts et nombreux, même ainsi ils seront fauchés et disparaîtront. Je t’ai affligé, mais je ne t’affligerai plus. [1.12 Complets ; c’est le vrai sens du latin perfecti, expliqué par l’hébreu. ― Subiront des retranchements ; littéralement, seront tondus ; figure employée aussi par Isaïe (voir Isaïe, 7, 20), en parlant des Assyriens.]13 Et maintenant je vais briser sa verge (en l’éloignant) de dessus ton dos, et je romprai tes liens. [1.13 En l’éloignant est évidemment sous-entendu. Comparer à Osée, 1, 2.]14 Le Seigneur donnera des ordres à ton sujet, il n’y aura plus de rejeton de ton nom ; j’exterminerai de la maison de ton dieu les statues (l’image taillée au ciseau) et les idoles (la statue jetée en fonte) ; je préparerai (j’en ferai) ton sépulcre, parce que tu es méprisable (t’es déshonoré). [1.14 On ne sèmera, etc. ; c’est-à-dire, ton nom ne sera pas perpétué parmi tes descendants, tu n’auras pas de postérité ; ou bien, selon d’autres, le bruit de ton nom ne se répandra plus à l’avenir, on ne sèmera plus de nouvelles effrayantes à ton sujet.]