Amiot-Tamisier – Philémon 1
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL À PHILÉMON
Ce billet d'une délicatesse exquise fut confié par saint Paul à Tychique, en même temps que la lettre aux Colossiens : Colossiens IV, 7-9. L'apôtre annonce à Philémon, chrétien notable de Colosses, qu'il lui renvoie converti son esclave fugitif Onésime, venu probablement se réfugier à Rome, après avoir volé son maître (19). Le coupable risquait les travaux forcés si la police avait mis la main sur lui. Paul demande à Philémon, non seulement de lui pardonner, mais de le recevoir comme un frère et comme l'apôtre lui-même. Le christianisme prépare, ainsi, sans heurt ni violence inutile, l'abolition de l'esclavage. ♦ L'authenticité de cette lettre est incontestable. On admire universellement l'autorité aimable, la charité émue et enjouée de saint Paul, en même temps que son sentiment profond de la fraternité chrétienne.
À PHILÉMON ♦ ACTIONS DE GRÂCES ♦ INTERCESSION DE PAUL EN FAVEUR DE L'ESCLAVE ONÉSIME
1 Paul, prisonnier du Christ Jésus, et Timothée, son frère, à Philémon, notre bien-aimé collaborateur, 2 à notre sœur Appia, à notre compagnon d'armes Archippe et à l'Église qui se réunit chez toi ; 3 grâce et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !
4 Je rends grâces à mon Dieu en faisant sans cesse mention de toi dans mes prières, 5 car j'entends parler de la foi et de la charité dont tu fais preuve envers le Seigneur Jésus et tous les saints. 6 Puisse la foi à laquelle tu participes se montrer efficace et te faire connaître tout le bien qui s'accomplit parmi nous pour le Christ. [6. La pensée semble être que la foi de Philémon lui fera comprendre et l'engagera à imiter les bonnes œuvres inspirées par l'Évangile.] 7 Ta charité m'a fait éprouver grande joie et consolation, car par toi, mon frère, le cœur des saints a été réconforté.
8 C'est pourquoi, bien que j'aie dans le Christ toute liberté de te prescrire ton devoir, 9 je préfère faire appel à ta charité. Moi Paul, en ma qualité de vieillard et, qui plus est, de prisonnier du Christ, Jésus, 10 je viens te prier pour mon enfant que j'ai engendré dans les chaînes, pour Onésime, 11 qui jadis ne t'a guère été utile, mais qui désormais sera bien utile à toi comme à moi. [11. Jeu de mots sur le nom d'Onésime, qui signifie utile.] 12 Je te le renvoie, lui, je veux dire mon propre cœur. 13 J'aurais voulu le garder près de moi pour me servir à ta place dans les chaînes que je porte pour l'Évangile ; 14 mais je n'ai rien voulu faire sans ton assentiment, afin que le bien que tu feras ne soit pas en quelque sorte forcé, mais volontaire.
15 Peut-être bien n'a-t-il été momentanément séparé de toi que pour t'être rendu définitivement, 16 non plus comme un esclave, mais mieux qu'un esclave, comme un frère bien-aimé. Il l'est pour moi au plus haut degré, mais il le sera bien plus encore pour toi, et selon le monde et selon le Seigneur. 17 Si donc tu me tiens pour ton ami, accueille-le comme si c'était moi. 18 S'il t'a fait quelque tort ou te doit quelque chose, porte-le à mon compte. 19 Moi Paul, je l'écris de ma propre main, c'est moi qui paierai... pour ne pas te rappeler que tu es, toi aussi, mon débiteur, et de [tout] toi-même. 20 Allons, frère, donne-moi cette joie dans le Seigneur ; donne à mon cœur ce réconfort dans le Christ ! 21 Je t'écris plein de confiance en ta docilité, persuadé que tu feras même plus que je ne te demande.
22 Prépare-toi en même temps à me recevoir, car, grâce à vos prières, j'espère vous être rendu.
23 Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, 24 te salue, et aussi Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs.
25 La grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit ! Amen !