C'est à Philippes que Paul, venant de Troas, en 49 ou 50, prêcha pour la première fois l'Evangile en « Europe ». La ville était ancienne, rebâtie par Philippe II de Macédoine qui lui avait donné son nom, et dotée par Auguste d'une importante colonie romaine. Paul prêcha d'abord parmi les Juifs et en baptisa plusieurs. A la suite d'incidents mouvementés, il dut s'éloigner brusquement (Ac 16.11-40). Avec la communauté, peu nombreuse et composée surtout d'anciens païens, il resta toujours (par la suite) en rapports fréquents et affectueux. C'est la seule Eglise fondée par lui dont il ait accepté, « à plus d'une reprise » (Php 4.15-16), des secours matériels, soit au départ de la Macédoine, soit plus tard dans sa captivité (2Co 11.8-9 ; voir aussi 1Th 2.9 ; 2Th 3.7-9 ; 1Co 4.12; 9.15). La lettre aux Philippiens est occasionnée par le retour à Philippes d'Epaphrodite, qui avait apporté les dons, et à qui Paul confie ce message chargé de remerciements, de recommandations et d'encouragements.
Au moment où Paul écrit cette lettre, il est en prison, incertain du sort qui l'attend. Cette lettre est donc rangée parmi les « lettres de la captivité », avec Ephésiens, Colossiens, Philémon. Outre la brève incarcération à Philippes (Ac 16), les Actes ne mentionnent que la captivité à Césarée, prolongée à Rome, et, comme l'épître fait allusion au prétoire (Php 1.13) puis à la « maison de César » (Php 4.22), il est tentant de la voir composée à Rome par un Paul assez âgé (Ac 28.16,30-31).
De nos jours cependant nombre d'exégètes pensent qu'elle a pu être envoyée d'Ephèse, vers le même temps que 1-2 Corinthiens. Les Actes racontent peu de chose des deux années passées par Paul en cette ville (Ac 19, surtout 8-10). Or il a été déjà plusieurs fois en prison (2Co 11.23) et a couru de graves dangers à Ephèse (1Co 15.32 ; 2Co 1.8 ; voir aussi 4.8-10 ; 6.9). Les allées et venues rapportées en Philippiens s'expliquent mieux sur la distance plus courte d'Ephèse à Philippes. De plus les projets esquissés par Paul en Philippiens rejoignent ceux d'1 Corinthiens (1Co 4.17-19 ; 16.5-10) et d'Actes (Ac 19.21 ; 20.1-2). Enfin les allusions « romaines » s'entendent aussi bien d'une ville colonisée, avec fonctionnaires, militaires et affranchis, telle qu'était Philippes.
Si nous avions le moindre indice d'une captivité de Paul à Ephèse, l'hypothèse de la composition de Philippiens en cette ville deviendrait presque une évidence. Du même coup la lettre serait assez ancienne, datant de 56-57 et non de 61-63. Le contenu de Philippiens montre aussi plus d'affinités avec 1-2 Th et les grandes épîtres qu'avec Ephésiens-Colossiens. Néanmoins, dans l'état présent de nos informations il est impossible de rien affirmer.
L'authenticité paulinienne de Philippiens n'est sérieusement contestée par personne. Mais son unité est mise en doute par ceux qui y retrouvent plusieurs billets d'abord indépendants, au moins deux (Php 1.1 — 3.1 et 4.10-23 et 3.2 — 4.9), peut-être davantage. Mais la transition abrupte entre Php 3.1 et Php 3.2 peut s'expliquer par une reprise de dictée ou même de pensée. Il n'est nullement déraisonnable de lire la lettre comme une unité et de commenter ses passages l'un par l'autre.
Le mouvement de la pensée y est libre et naturel. Dès le début Paul touche le thème de la communion, qui sera, comme sa conséquence la joie, présent d'un bout à l'autre. Il sait que sa captivité, quelle qu'en soit l'issue, servira l'Evangile, et il invite ses amis à poursuivre le combat. Qu'ils gardent l'unité dans l'humilité, à l'exemple du Christ qui s'est anéanti avant d'être exalté par le Père. Qu'ils soient aussi en garde contre les agitateurs judaïsants, qui ont causé tant de dommages en d'autres Eglises. Pour lui, pharisien sans reproche, il a renoncé à toute supériorité pour se laisser saisir par le Christ. Que tous tiennent bon dans la même voie vers le même terme. Ayant de nouveau recommandé à ses amis la concorde, la paix, la joie, Paul les remercie de leur aide qu'il apprécie et les rassure sur son sort. Et ainsi prend fin cette lettre, qu'aucune autre n'égale en cordialité familière.
1 Paul et Timothée, serviteurs de Jésus Christ, à tous les saints en Jésus Christ qui sont à Philippes, avec leurs épiscopes et leurs diacres : [Timothée Ac 16.1
— serviteurs (esclaves) de Jésus-Christ Rm 1.1 ; Ga 1.10 ; Ep 6.6 ; Jc 1.1 ; 2 P 1.1
— Philippes, à l'époque de Paul, était une importante colonie romaine de la Macédoine (Ph 4.15)
Selon Ac 16.12 Paul s'y arrêta lors de son deuxième voyage missionnaire. Voir 1 Th 2.2
— épiscopes, diacres : voir 1 Tm 3.1,8 et notes]
3 Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que j'évoque votre souvenir : [Action de grâce 1 Co 1.4 ; 1 Th 1.2 ; 2.13
accompagnant la requête Rm 1.8-10 ; Ep 1.16-17 ; Ph 1.9 ; 4.6 ; Col 4.2
— avec joie Ph 1.18,25 ; 2.2,17-18,28-29 ; 3.1 ; 4.1,4,10]
— jour de Jésus-Christ 1 Co 1.8 ; Ph 1.10 ; 2.16 ; 1 Th 4.15 voir Am 5.18]
— la grâce qui m'est faite Rm 1.5 ; Ep 3.1-2 ; voir Ph 1.29-30 :]
9 Et voici ma prière : que votre amour abonde encore, et de plus en plus, en clairvoyance et pleine intelligence, [ma prière Col 1.9-10]
— purs et irréprochables Ep 1.4 ; 1 Th 3.13 ; 5.23]
— gloire et louange Ph 2.11 ; Ep 1.6,12,14 à Dieu 1 Co 15.28,57 :]
12 Je veux que vous le sachiez, frères : ce qui m'est arrivé a plutôt contribué au progrès de l'Evangile.
— corps au service du Seigneur 1 Co 6.12-20]
— être avec Christ 2 Co 5.6-9 ; 1 Th 4.17 ; 5.10 ; 2 Th 2.1 voir Rm 14.8]
27 Seulement, menez une vie digne de l'Evangile du Christ, afin que, si je viens vous voir, ou si, absent, j'entends parler de vous, j'apprenne que vous tenez ferme dans un même esprit, luttant ensemble d'un même cœur selon la foi de l'Evangile, [Ou : que votre vie de citoyens soit en accord avec l'Evangile du Christ
— citoyens Ep 2.19 ; Ph 3.20
— une vie qui s'accorde à l'Evangile Ep 4.1-3]
— un même esprit Ep 4.3-4
— combat pour l'Evangile Ph 1.30 ; 2 Th 1.5-10]
— vous livrez le même combat Ph 1.7,27 ; 4.3]