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Vigouroux – Philippiens 1

Lettre de saint Paul aux Philippiens

Introduction

Philippes est la première ville d’Europe où saint Paul ait prêché la foi. C’était une place de moyenne importance, mais à laquelle le père d’Alexandre avait donné son nom et qu’Auguste éleva au rang de colonie romaine après la victoire qu’il avait remportée sous ses murs. L’Apôtre s’y rendit en venant de Troade, au début de sa seconde mission, l’an 57. Il s’y arrêta pour célébrer la Pâque, dans son dernier voyage à Jérusalem, en 58. A l’exemple de Lydie, qui se montra si généreux à son égard dès le moment de sa conversion, les fidèles de cette Eglise lui témoignèrent leur reconnaissance en lui envoyant des secours, d’abord à Thessalonique et à Corinthe, puis à Rome, dans sa première captivité. C’est de cette dernière ville, et par l’intermédiaire d’Epaphrodite, leur évêque, qui lui avait apporté leur offrande, que saint Paul leur adressait cette Lettre.

On n’y trouve ni exposition doctrinale proprement dite, ni discussion polémique, ni enchaînement d’idées bien marquées. C’est une simple Lettre, assez courte, une effusion de cœur, une communication spontanée et toute paternelle, pleine de détails intimes, d’encouragements, de bons conseils, d’exhortations et d’actions de grâces. En la lisant, on sent quelle est la tendresse de saint Paul pour ses enfants en Jésus-Christ, et combien leur foi, leurs vertus, leurs progrès dans la sainteté lui sont chers. Quand il parle de leur affection pour lui, son âme déborde de consolation et de tendresse. Il espère recouvrer bientôt sa liberté ; mais en attendant, il n’a pas lieu de se plaindre de son état : Dieu fait servir au progrès de l’Evangile sa captivité même. Quoiqu’il n’ait pas pris en commençant son titre d’Apôtre, il ne néglige pas de profiter de cette occasion pour affermir ses disciples dans la foi en Notre-Seigneur et les animer à la ferveur et l’on peut remarquer que ses exhortations ne sont mêlées d’aucun reproche. L’Eglise de Philippes est sa joie et sa couronne. Il ne paraît pas que la zizanie s’y mêlât au bon grain. L’Epître a bien quelques mots à l’adresse des judaïsants, mais rien ne prouve leur présence à Philippes. Aussi voyons-nous dans les Actes que les Juifs y étaient peu nombreux. Ils n’y avaient pas même de synagogues, et l’Evangile ne dut pas faire beaucoup de conquêtes dans leurs rangs.

On n’a jamais contesté l’authenticité de cette Epître. Elle est nommée dans le Canon de Muratori et citée par les Pères les plus anciens, saint Irénée, Clément d’Alexandrie, Tertullien, etc. Saint Polycarpe en fait une mention expresse dans sa Lettre à l’Eglise de Philippes. Elle offre au lecteur moins de difficultés que de sujets d’édification. On la divise en deux sections : 1° Félicitations et actions de grâces, chapitre 1 ; 2° Avis et exhortations, du chapitre 2 au chapitre 4.

Affection de saint Paul pour les Philippiens. Les liens de saint Paul fortifient les fidèles. Vérité prêchée par esprit d’envie. Confiance de saint Paul. Il est partagé entre Dieu et ses frères. Grande grâce de souffrir pour Jésus-Christ.

1 Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, ainsi qu’aux évêques et aux diacres. [1.1 A tous les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.]2 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ. 3 Je rends grâces à mon Dieu toutes les fois que je me souviens de vous, [1.3 En plein souvenir ; c’est-à-dire avec un souvenir incessant, ne vous oubliant pas un seul instant.]4 ne cessant pas, dans toutes mes prières pour vous tous, de prier avec joie 5 au sujet de la part que vous avez prise à l’Évangile du Christ depuis le premier jour jusqu’à maintenant ; [1.5 A l’Evangile du Christ ; c’est-à-dire à la foi et à la doctrine évangélique, aussi bien qu’aux peines et aux tribulations que j’ai éprouvées dans la prédication de l’Evangile.]6 ayant la confiance que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la perfectionnera jusqu’au jour du Christ Jésus. [1.6 La bonne œuvre, « l’œuvre de votre conversion et de votre sanctification. ― La perfectionnera : vous donnera par sa grâce d’y persévérer jusqu’à la fin de votre vie, ou jusqu’au retour glorieux du Christ, que l’on croyait plus ou moins prochain. » (CRAMPON)]7 Et il est juste que j’aie ce sentiment de vous tous, parce que je vous ai dans mon cœur, vous qui, soit dans mes liens, soit dans la défense et l’affermissement de l’Évangile, participez tous à ma joie. 8 Car Dieu m’est témoin combien je vous chéris (soupire après vous) tous dans les entrailles de Jésus-Christ. 9 Et ce que je demande, c’est que votre charité abonde de plus en plus en connaissance (science) et en toute intelligence, 10 pour apprécier ce qui est meilleur, afin que vous soyez purs et irrépréhensibles pour le (jusqu’au) jour du Christ, 11 étant remplis du fruit de justice par Jésus-Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. 12 Je veux que vous sachiez, mes frères, que ce qui m’est arrivé a plutôt contribué au progrès de l’Évangile, 13 en sorte qu’il est reconnu, dans tout le prétoire et partout ailleurs, que je suis dans les fers pour le Christ, [1.13 Les Pères grecs et la plupart des commentateurs entendent ici par prétoire, le palais de l’empereur, qui était alors Néron. Il est certain qu’on donnait ce nom à l’hôtel des gouverneurs des provinces, où l’empereur lui-même logeait dans ses voyages. On a donc pu le donner aussi au palais où il demeurait étant à Rome.]14 et que plusieurs des frères, rassurés dans le Seigneur par mes chaînes, ont redoublé d’assurance pour annoncer sans crainte la parole de Dieu. 15 Quelques-uns, il est vrai, prêchent le Christ par un esprit d’envie et de dispute, mais d’autres le font avec des dispositions bienveillantes : 16 les uns le font par affection (charité), sachant que j’ai été établi pour la défense de l’Évangile ; 17 les autres annoncent le Christ par esprit de parti (contention), avec une intention qui n’est pas pure (et non sincèrement), avec la pensée de me susciter de l’affliction dans mes liens. 18 Qu’importe ? Pourvu que, de quelque manière que ce soit, le Christ soit annoncé, soit par occasion, soit sincèrement (par un vrai zèle), je m’en réjouis et m’en réjouirai encore. 19 Car je sais que cela tournera à mon salut, grâce à votre intercession (par vos prières) et à l’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ, 20 selon l’attente et l’espérance où je suis que je ne serai confondu en rien ; mais que, parlant avec toute assurance, je verrai, maintenant comme toujours, le Christ glorifié dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort. 21 Car, pour moi, la vie c’est le Christ, et la mort m’est un gain. 22 Mais si vivre dans la chair est utile pour mon œuvre (j’ai le fruit de mon travail ; et ainsi), j’ignore ce que je dois choisir. [1.22 L’Apôtre veut dire que bien que mourir pour Jésus-Christ soit un gain pour lui, en le mettant tout de suite en possession du ciel, il doute néanmoins de ce qu’il choisirait, parce qu’en demeurant plus longtemps dans la chair, c’est-à-dire dans son corps, il pourrait encore être utile au salut de ses frères.]23 Je suis pressé des deux côtés : j’ai le désir d’être dégagé des liens du corps, et d’être avec le Christ : ce qui est de beaucoup le meilleur (pour moi) ; [1.23 D’être dissous, délié des liens du corps.]24 cependant il est nécessaire à cause de vous que je demeure dans la chair. 25 Et, dans cette persuasion, je sais que je resterai et que je demeurerai avec vous tous, pour votre avancement et pour la joie de votre foi, 26 afin que votre action de grâces (félicitation) abonde en Jésus-Christ à mon sujet, par mon retour auprès de vous. 27 Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Évangile du Christ, afin que, soit que je vienne vous voir, soit que je demeure absent, j’entende dire de vous que vous demeurez fermes dans un même esprit, combattant tous d’une même âme pour la foi de l’Évangile, [1.27 Voir Ephésiens, 4, 1 ; Colossiens, 1, 10 ; 1 Thessaloniciens, 2, 12. ― Pour que la foi de l’Evangile se propage parmi ceux qui lui sont étrangers.]28 sans vous laisser effrayer en rien par les adversaires ; ce qui est pour eux un signe de ruine (cause de perdition), mais pour vous un signe de salut (cause de ), et cela de la part de Dieu, 29 car il vous a fait, à vous, la grâce, non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui, 30 en soutenant le même combat où vous m’avez vu, et où vous apprenez que je suis encore. [1.30 Et que maintenant vous entendez de moi ; c’est-à-dire et dans lequel vous entendez dire que je suis encore maintenant engagé.]

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