Les Épîtres de saint Paul sont au nombre de quatorze. L'ÉPÎTRE AUX ROMAINS est placée la première, non d'après l'ordre des temps, mais à cause de l'importance du sujet et de la prééminence de l'Église de Rome, à qui elle est adressée. Elle fut envoyée de Corinthe vers l'an 58 de Jésus-Christ. Saint Paul l'écrivit en grec, suivant l'opinion commune ; on la traduisit ensuite en latin pour en faciliter la lecture aux Romains.
1 Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à l'apostolat, choisi pour annoncer l'Évangile de Dieu,
2 Qu'il avait promis auparavant par ses prophètes, dans les saintes Écritures,
3 Au sujet de son Fils, qui lui est né de la race de David selon la chair ;
4 Qui a été prédestiné Fils de Dieu* dans sa puissance, selon l'Esprit de sanctification, par sa résurrection d'entre les morts, Jésus-Christ Notre-Seigneur ;
Comme homme, Jésus-Christ est né de la race de David dans le temps, et a été de toute éternité prédestiné pour être le Fils de Dieu par son union personnelle avec le Verbe. Or trois choses prouvent qu'il est réellement le Fils de Dieu : la puissance avec laquelle il a opéré des miracles, la communication qu'il a faite de l'Esprit-Saint pour la sanctification des hommes, et sa résurrection.
5 Par qui nous avons reçu la grâce et l'apostolat, pour faire obéir à la foi toutes les nations en son nom,
6 Du nombre desquelles vous êtes aussi, vous appelés par Jésus-Christ :
7 A tous ceux qui sont à Rome, chéris de Dieu, appelés saints*. Grâce et paix soient à vous de la part de Dieu notre Père et de Notre-Seigneur Jésus-Christ*.
C'est-à-dire chrétiens. Le chrétien est saint par vocation.
Tel est le salut par lequel la lettre commence. L'Apôtre fait les vœux les plus excellents qu'il puisse faire ; car la grâce est le fondement du salut éternel, et la paix, le but final de toute la rédemption.
8 D'abord, je rends grâces à mon Dieu par Jésus-Christ, pour vous tous, de ce que votre foi est annoncée dans le monde entier.
9 Car le Dieu que je sers en esprit par l'Évangile de son Fils, m'est témoin que sans cesse je fais mémoire de vous
10 Dans toutes mes prières, lui demandant de m'ouvrir enfin, si c'est sa volonté, quelque voie favorable pour aller vers vous ;
11 Car je désire vous voir, pour vous communiquer quelque chose de la grâce spirituelle, afin de vous fortifier,
12 C'est-à-dire afin de nous consoler mutuellement par la foi qui nous est commune.
13 Aussi je ne veux pas que vous ignoriez, mes frères, que je me suis souvent proposé d'aller vers vous (mais j'en ai été empêché jusqu'à présent), pour obtenir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations.
14 Je suis redevable aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux simples.
15 Ainsi, autant qu'il est en moi, je suis prêt à vous évangéliser aussi, vous qui êtes à Rome.
16 Car je ne rougis point de l'Évangile, parce qu'il est la vertu de Dieu, pour sauver tous ceux qui croient, le Juif d'abord, puis le Grec.
17 C'est là, en effet, que nous est révélée la justice de Dieu, qui nait de la foi et s'augmente dans la foi, selon qu'il est écrit : Le juste vit de la foi*.
C'est par la foi que le juste vit ici-bas dans la vraie justice, et qu'il mérite de vivre éternellement dans la gloire.
18 C'est là aussi que se révèle la colère de Dieu, éclatant du ciel contre toute l'impiété et l'injustice de ces hommes qui retiennent la vérité de Dieu dans l'injustice* ;
Tenir la vérité captive, c'est la connaître sans la manifester ni la pratiquer.
19 Car ce qu'on peut connaître de Dieu leur est connu ; Dieu même le leur a manifesté.
20 En effet, ses perfections invisibles, rendues compréhensibles depuis la création du monde, par les choses qui ont été faites, sont devenues visibles aussi bien que sa puissance éternelle et sa divinité ; en sorte qu'ils sont inexcusables,
21 Parce qu'ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, ou ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont évanouis dans leurs pensées, et leur cœur insensé a été obscurci*.
Un cœur aveuglé par les passions obscurcit également l'intelligence. D'où vient, en effet, l'incrédulité, sinon d'un cœur corrompu ?
22 Ainsi, se disant sages, ils sont devenus insensés ;
23 Et ils ont transféré l'honneur qui est dû au Dieu incorruptible à une image représentant un homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des serpents.
24 C'est pourquoi Dieu les a livrés* aux désirs de leur cœur, à l'impureté ; en sorte qu'ils ont déshonoré leurs propres corps en eux-mêmes,
C'est-à-dire que, les ayant abandonnés à leur propre malice, il les a laissés tomber dans ces péchés honteux en punition de leur orgueil.
25 Eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et qui ont adoré et servi la créature plutôt que le Créateur, qui est béni dans les siècles. Amen.
26 Aussi Dieu les a livrés à des passions d'ignominie. Car leurs femmes ont changé l'ordre établi par la nature en un désordre contraire à la nature.
27 Pareillement, les hommes, abandonnant l'alliance naturelle des deux sexes, se sont embrasés de désirs les uns pour les autres, l'homme se livrant avec l'homme à des turpitudes, et ils reçoivent ainsi en eux-mêmes la juste peine due à leur égarement.
28 Et comme ils n'ont pas montré qu'ils avaient la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à un sens réprouvé ; en sorte qu'ils ont fait des actions qui ne conviennent pas :
29 Remplis de toute sorte d'iniquité, de malice, de fornication, d'avarice, de méchanceté ; pleins d'envie, de meurtre, de l'esprit de contention, de fraude, de malignité, semant de faux rapports,
30 Détracteurs, haïs de Dieu, insolents, superbes, hautains, inventeurs de crimes, désobéissants à leurs pères et à leurs mères,
31 Insensés, dissolus, sans affection, sans fidélité, sans miséricorde*.
Voilà une fidèle image de la décadence des mœurs dans le paganisme. Reconnaissons par là ce que devient l'homme quand il est laissé à sa propre corruption.
32 Après avoir connu la justice de Dieu, ils n'ont pas compris qu'en faisant de pareilles choses on mérite la mort ; et non seulement en les faisant, mais aussi en approuvant ceux qui les font.