Le livre de RUTH est comme un épisode du livre des Juges. Il contient l'histoire de Ruth, mère d'Obed, l'aïeul de David. Samuel en est généralement regardé comme l'auteur.
1 Aux jours où les Juges* avaient l'autorité sur Israël, sous le gouvernement de l'un d'eux, il arriva dans le pays une famine*, pendant laquelle un homme partit de Bethléhem de Juda, et s'en alla avec sa femme et ses deux fils au pays des Moabites pour y passer quelque temps.
Cette histoire, une des plus gracieuses de l'Écriture, arriva au temps des Juges ; mais on ne peut en déterminer l'époque précise. Elle sert à nous montrer la suite de la généalogie de Jésus-Christ par Booz et Obed, aïeuls de David. Ruth la Moabite, et Noémi, sa belle-mère, sont de beaux modèles de piété et de vertu. La conduite de la divine Providence à leur égard paraît d'une manière sensible et touchante.
Probablement la famine occasionnée par les ravages des Amalécites et des Madianites. (Juges, VI, 3.) Dieu fait ainsi servir la famine dont il punit les péchés de son peuple, au salut d'une étrangère engagée dans les liens de l'idolâtrie.
2 Cet homme s'appelait Élimélech, et sa femme Noémi. L'un de ses fils s'appelait Mahalon, et l'autre Chélion ; et ils étaient d'Éphrata* de Bethléhem, en Juda. Étant donc venus au pays des Moabites, ils y demeurèrent.
L'ancien nom de Bethléhem était Éphrata. LesHébreux continuèrent d'appeler ses habitants Éphratéens. Le prophète Michée la désigne comme le berceau du Messie sous le nom de Bethléhem-Éphrata. (Mich., V, 2.)
3 Élimélech, mari de Noémi, mourut, et elle resta avec ses deux fils.
4 Ils prirent pour épouses des vierges de Moab, dont l'une s'appelait Orpha, l'autre Ruth. Après avoir passé dix ans en ce pays,
5 Ils moururent aussi tous les deux, savoir Mahalon et Chélion ; et Noémi resta seule, ayant perdu son mari et ses deux fils.
6 Elle résolut donc, elle et ses deux belles-filles, de sortir du pays de Moab et de retourner dans sa patrie, parce qu'elle avait appris que le Seigneur avait regardé son peuple, et qu'il lui avait donné de quoi se nourrir.
7 Après donc être sortie avec ses deux belles-filles de cette terre étrangère, et étant déjà en chemin pour retourner au pays de Juda,
8 Elle leur dit : Allez dans la maison de votre mère ; que le Seigneur use de sa bonté envers vous, comme vous en avez usé envers ceux qui sont morts* et envers moi.
Envers vos maris défunts.
9 Qu'il vous donne de trouver le repos dans la maison des maris que vous prendrez. Et elle les embrassa. Ses deux belles-filles, élevant la voix, se mirent à pleurer, et lui dirent :
10 Nous irons avec vous vers votre peuple.
11 Noémi leur répondit : Retournez, mes filles ; pourquoi venez-vous avec moi ? Ai-je encore des enfants dans mon sein pour vous donner lieu d'attendre de moi des maris* ?
Qui puissent contracter le mariage d'obligation, prescrit par la loi de Moïse aux frères survivants.
12 Retournez, mes filles, et allez-vous-en ; car je suis déjà usée de vieillesse, et hors d'état de rentrer dans les liens du mariage. Quand même je pourrais concevoir cette nuit et mettre au monde des fils,
13 Si vous vouliez attendre qu'ils fussent grands et en âge de se marier, vous seriez devenues vielles avant de pouvoir les épouser. Non, mes filles, ne faites point cela, je vous prie ; car votre affliction ne fait qu'accroître la mienne, et la main du Seigneur s'est appesantie sur moi.
NOÉMI ET SES BELLES-FILLES.
14 Élevant la voix, elles commencèrent de nouveau à pleurer. Orpha embrassa sa belle-mère, et s'en retourna ; mais Ruth s'attacha à Noémi sans vouloir se séparer d'elle.
15 Noémi lui dit : Voilà votre sœur qui est retournée à son peuple et à ses dieux, allez avec elle.
16 Ruth lui répondit : Ne vous opposez point à moi, en me portant à vous quitter et à m'en aller ; car en quelque lieu que vous alliez, j'irai avec vous, et partout où vous demeurerez, je demeurerai aussi : votre peuple sera mon peuple, et votre Dieu sera mon Dieu*.
Foi comparable à celle d'Abraham. Comme lui, Ruth abandonne son pays, ses parents et ses dieux, pour suivre Noëmi pauvre et s'attacher au vrai Dieu. Elle en sera récompensée au centuple. Le Messie naîtra de sa race. (S. JÉRÔME.)
17 La terre où vous mourrez me verra mourir ; et je serai ensevelie où vous le serez. Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si jamais autre chose que la mort me sépare de vous.
18 Noémi, voyant donc Ruth dans une résolution si déterminée d'aller avec elle, ne voulut plus s'y opposer, ni lui persuader davantage de retourner vers les siens.
19 Et, étant parties ensemble, elles arrivèrent à Bethléhem. Aussitôt qu'elles y furent entrées, le bruit s'en répandit de toutes parts, et les femmes disaient : Voilà cette Noémi.
20 Noémi leur dit : Ne m'appelez plus Noémi, c'est-à-dire belle, mais appelez-moi Mara, c'est-à-dire amère ; parce que le Tout-Puissant m'a toute remplie d'amertume.
21 Je suis sortie d'ici pleine de biens, et le Seigneur m'y ramène pauvre. Pourquoi donc m'appelez-vous Noémi, moi que le Seigneur a humiliée, et que le Tout-Puissant a comblée d'affliction ?
22 C'est ainsi que Noémi, étant revenue de la terre étrangère avec Ruth la Moabite, sa belle-fille, rentra à Bethléhem, lorsqu'on commençait à faire la moisson des orges*.
Au printemps, vers la fête de Pâque.