Ce livre est appelé L'ECCLÉSIASTIQUE, c'est-à-dire le Prédicateur, parce qu'on en faisait souvent usage dans les assemblées religieuses pour les entretiens sur la morale. L'auteur, comme nous l'apprend le traducteur grec, est Jésus, fils de Sirach, né à Jérusalem, qui vécut environ deux cents ans avant Jésus-Christ. L'Église a toujours considéré ce livre comme inspiré par l'Esprit-Saint, et l'a placé dans le Canon des divines Écritures
On peut voir dans la Loi, dans les Prophètes, et dans ceux qui les ont suivis, beaucoup de choses très grandes et très sages, qui rendent Israël digne de louange pour sa doctrine et pour sa sagesse, puisque non seulement les auteurs de ces discours out dû être très éclairés, mais que les étrangers mêmes peuvent devenir par leur moyen très habiles à parler et à écrire. Ainsi Jésus*, mon aïeul, après s'être appliqué avec grand soin à la lecture de la Loi et des Prophètes, et des autres livres que nos pères nous ont laissés, a voulu lui-même écrire de ce qui regarde la doctrine et la sagesse, afin que ceux qui désirent apprendre, s'étant instruits par ce livre, s'appliquent de plus en plus à la considération de leurs devoirs, et s'affermissent dans une vie conforme à la loi de Dieu. Je vous exhorte donc, vous qui voudrez lire ce livre, à y apporter une disposition favorable et une attention particulière, et à nous pardonner s'il semble qu'en quelques endroits, voulant rendre toute la beauté et toute la force de l'original, nous ne pouvons trouver des paroles qui en expriment tout le sens. Car les mots hébreux n'ont plus la même force lorsqu'ils sont traduits en une langue étrangère : ce qui n'arrive pas seulement pour ce livre, mais la Loi même, les Prophètes, et les autres livres sont fort différents dans leur version de ce qu'ils sont dans leur propre langue. Étant donc venu en Égypte la trente-huitième année du règne de Ptolémée Évergète*, et y ayant demeuré longtemps, j'y trouvai ce livre, qui y avait été laissé, et qui contenait une excellente doctrine. C'est pourquoi j'ai cru qu'il était utile, et même nécessaire, de travailler avec soin à le traduire. Ainsi, m'étant appliqué à cette traduction pendant quelque temps, avec beaucoup de veilles et de soin, je l'ai achevée enfin, et j'ai mis ce livre en état d'être publié, pour servir à ceux qui voudront penser à eux-mêmes, et apprendre de quelle manière ils doivent se conduire dans la résolution qu'ils auront formée de régler leur vie selon la loi du Seigneur.
1 Toute sagesse vient du Seigneur Dieu ; elle a toujours été avec lui, et elle est avant tous les siècles*.
Plusieurs croient que ce fut un des soixante-dix interprètes.
Ce Ptolémée Évergète est le deuxième de ce nom ; il fut surnommé Phiscon ; la date marquée ici se rapporte à l'année 131 avant Jésus-Christ.
Nous avons traduit littéralement la Vulgate. Il y a d'assez nombreuses variantes dans la version grecque ; ces différences proviennent, sans doute, de ce que l'auteur de l'ancienne Vulgate, antérieure à saint Jérôme, a traduit d'après le texte hébraïque. Les notes données par beaucoup d'interprètes ont pour but unique de mettre ces variantes en évidence.
2 Qui a compté le sable de la mer, les gouttes de la pluie, et les jours du monde ? Qui a mesuré la hauteur du ciel, l'étendue de la terre, et la profondeur de l'abîme ?
3 Qui a pénétré la sagesse de Dieu, laquelle précède toutes choses ?
4 La sagesse a été créée avant tout, et la lumière de l'intelligence est dès le commencement.
5 Le Verbe de Dieu, au plus haut des cieux, est la source de la sagesse, et ses voies sont les commandements éternels.
6 A qui la racine de la sagesse a-t-elle été révélée, et qui a pénétré ses mystères ?
7 A qui la conduite de la sagesse a-t-elle été révélée et manifestée, et qui a compris la multiplicité de ses voies ?
8 Le Très-Haut seul, le Créateur tout-puissant, le Roi fort et redoutable, assis sur son trône, le Dieu dominateur.
9 C'est lui qui l'a créée dans le Saint-Esprit, qui l'a vue, qui l'a pesée et mesurée.
10 Il l'a répandue sur tous ses ouvrages et sur toute chair, selon ses dons, et il l'a accordée à ceux qui l'aiment.
11 La crainte du Seigneur est la gloire et le triomphe ; c'est la joie et une couronne d'allégresse.
12 La crainte du Seigneur réjouira le cœur ; elle donnera la joie, l'allégresse et une longue vie.
13 Celui qui craint le Seigneur se trouvera heureux à la fin de sa vie, et il sera béni au jour de sa mort.
14 L'amour de Dieu est la sagesse digne d'honneur.
15 Ceux à qui elle se découvre l'aiment dès qu'ils l'ont vue et qu'ils ont connu la magnificence de ses œuvres.
16 La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse ; elle est créée avec les hommes fidèles dès le sein de leur mère ; elle accompagne les femmes choisies ; elle se reconnaît dans les justes et dans les fidèles.
17 La crainte du Seigneur est la sanctification de la science*.
La piété sanctifie la science, et rend l'homme religieux dans la science. (S. AUGUSTIN.)
18 Cette sanctification gardera le cœur et le justifiera ; elle le remplira de joie et d'allégresse.
19 Celui qui craint le Seigneur sera heureux, et il sera béni au jour de sa mort.
20 Craindre Dieu est la plénitude de la sagesse ; elle rassasie de ses fruits ceux qu'elle possède.
21 Elle comble leur maison des biens qu'elle produit, et leurs celliers de ses trésors.
22 La crainte du Seigneur est la couronne de la sagesse ; elle donne la plénitude de la paix et les fruits du salut.
23 Elle connaît la sagesse et le nombre de ses merveilles : l'un et l'autre sont un don de Dieu.
24 La sagesse répand la science et la lumière de la prudence, et elle élève en gloire ceux qui lui sont attachés.
25 La crainte du Seigneur est la racine de la sagesse, et ses branches sont d'une longue durée.
26 L'intelligence et la science religieuse se trouvent dans les trésors de la sagesse ; mais la sagesse est en exécration aux pécheurs.
27 La crainte du Seigneur chasse le péché ;
28 Car celui qui est sans crainte ne pourra devenir juste, parce que l'émotion de la colère qu'il a dans le cœur est sa ruine.
29 L'homme patient attendra jusqu'au temps marqué ; ensuite la joie lui sera rendue*.
L'homme qui souffre avec patience les maux que Dieu lui envoie, est peu après consolé. La joie succède à l'affliction, si ce n'est en cette vie, au moins dans le siècle futur.
30 L'homme de bon sens retiendra en lui-même ses paroles pendant un certain temps, et les lèvres de plusieurs publieront sa prudence.
31 Les règles de la conduite sont dans les trésors de la sagesse ;
32 Mais le culte de Dieu est en exécration au pécheur.
33 Mon fils, si vous désirez la sagesse, conservez la justice, et Dieu vous l'accordera.
34 Car la crainte du Seigneur est la sagesse et la science véritable ; et ce qui lui est agréable,
35 C'est la foi et la douceur, et il remplira les trésors du juste.
36 Ne soyez point rebelle aux impressions de la crainte de Dieu, et ne vous approchez point de lui avec un cœur double.
37 Ne soyez point hypocrite devant les hommes, et que vos lèvres ne vous soient point un sujet de chute.
38 Soyez attentifs à vos paroles, de peur de tomber et de déshonorer votre âme,
39 Et que Dieu ne découvre ce qui est caché en vous, et ne vous brise au milieu de l'assemblée,
40 Parce que vous vous êtes approché du Seigneur avec malice, et que votre cœur est plein de déguisement et de tromperie*.
L'auteur sacré parle ici de cette hypocrisie qui est plus dans le cœur que dans l'esprit, lorsqu'on donne à soi-même et au monde tout le dedans et tous les effets réels, et qu'on ne donne à Dieu que le dehors et les apparences.