L'amour d'un homme et d'une femme est un don de Dieu. Ce recueil de chants d'amour où les sentiments des deux amoureux s'expriment avec beaucoup de poésie mais sans fausse pudeur, est comme un écho émerveillé du récit de la Création (Genèse 2.23-25).
Sa présence dans la Bible a cependant étonné et choque même encore bon nombre de lecteurs. C'est pourquoi, depuis l'Antiquité, on a proposé de comprendre le Cantique comme un poème symbolique décrivant par exemple les relations de Dieu avec son peuple.
On peut répartir le Cantique en sept poèmes (1.2—2.7 ; 2.8-17 ; 3.1—5.1 ; 5.2—6.3 ; 6.4—7.11 ; 7.12—8.5a ; 8.5b-14), dialogues amoureux dont l'érotisme est discrètement caché sous des symboles champêtres. Ces dialogues d'un homme et d'une femme, qui se cherchent, se trouvent, se perdent et se remettent en quête l'un de l'autre, semblent parfois interrompus par des voix étrangères, qui ne sont pas toutes bienveillantes : les bergers (compagnons du jeune homme), la mère ou les frères de la jeune fille, voire les compagnes de celle-cia. A des titres divers ces personnes ou ces groupes prétendent pouvoir intervenir entre les deux partenaires. Mais cet amour ne leur appartient pas, il est le don de Dieu à ceux qui s'aiment. [a Selon certains le roi Salomon, mentionné effectivement à plusieurs reprises dans les poèmes du Cantique, interviendrait lui-même pour faire valoir ses droits sur la jeune fille.]
1 Le plus beau de tous les chants. Il appartient aux écrits de Salomonb. [b de tous les chants ou de tous les cantiques : c'est le sens de la tournure hébraïque, dont le titre traditionnel Le Cantique des cantiques a conservé la forme ; comparer Deut 10.17 le Dieu des dieux == le Dieu suprême ; le Seigneur des seigneurs == le plus grand ou le plus puissant des seigneurs. — écrits de Salomon : voir 1 Rois 5.12.]
2 Embrasse-moi,
embrasse-moi donc !
Ton amour m'enivre
plus que le vin,
3 plus que la senteur
de ton huile parfumée.
Tu es séduisant
comme un parfum raffiné ;
il n'est pas étonnant
que toutes les filles
soient amoureuses de toi !
4 prends-moi par la main,
entraîne-moi et courons.
Tu es mon roi,
conduis-moi dans ta chambre,
rends-nous follement heureux
tous les deux ;
célébrons ton amour
plus enivrant que le vin.
Elles ont bien raison, les filles,
d'être amoureuses de toi !
5 J'ai beau avoir le teint bronzé,
je suis jolie
comme les tentes des bédouins,
comme les tapisseries de luxe.
Filles de la capitale,
6 ne me regardez pas comme ça,
sous prétexte que je suis hâlée,
brunie par le soleil :
c'est que mes frères
se sont fâchés contre moi
et m'ont imposé
de surveiller les vignes.
Mais pour ma vigne à moi,
je ne veux pas de surveillance !
7 Toi que j'aime, dis-moi donc
où tu fais paître ton troupeau,
où tu le mets au repos, vers midi.
Ainsi je n'aurai pas l'air
de chercher l'aventurec
près des troupeaux de tes camarades.
8 Si tu ne le sais pas, la belle,
suis donc les traces des moutons,
et conduis tes chevrettes
près des cabanes de bergers.
9 Ma tendre amie,
tu as aussi belle allure
que le cheval de parade
attelé au char du Pharaon.
10 Des pendants d'oreille rehaussent
la beauté de tes joues,
et un collier de coquillages
l'élégance de ton cou.
11 Nous te ferons faire des pendants d'or
avec des incrustations d'argent.
12 Pendant que mon roi est à son festin,
mon parfum de nard répand sa senteur.
13 Mon bien-aimé est pour moi
comme un sachet de myrrhe odorante
qui repose entre mes seins,
14 comme une grappe de fleurs de henné
aux vignes d'En-Guédid.
15 Que tu es belle,
ma tendre amie,
que tu es belle !
Tes yeux ont le charme des colombes.
16 Toi aussi, mon amour,
tu es beau, tu es superbe.
Nous avons un lit de verdure,
17 les branches des cèdres
forment les poutres de notre maison,
les genévriers en sont les cloisons.