a Sur l’attribution à Salomon, cf. l’Introduction.
LA BIEN-AIMÉEb
2 Qu’il me baise des baisers de sa bouche.
Tes amours sont plus délicieuses que le vin ;
b Les vv. 2-4 donnent le thème général des poèmes qui vont suivre ; ils ont déjà le ton de tendresse passionnée qui dominera tout le recueil. Les passages brusques de la troisième à la deuxième personne sont caractéristiques aussi des chants d’amour égyptiens. Le bien-aimé est absent, mais il reste présent au cœur de son aimée, à laquelle s’associent ses compagnes, v. 4, qui sont les filles de Jérusalem du v. 5. L’ensemble a des parallèles dans l’épithalame royal de Ps 45.8-9, 15-16.
3 l’arôme de tes parfums est exquis ;
ton nom est une huilec qui s’épanche,
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
c Jeu poétique d’allitération avec shem « nom », shemen « huile » et d’autres mots comme shelomo « Salomon », yerushalem « Jérusalem ».
4 Entraîne-moi sur tes pas, courons !
Le roid m’a introduite en ses appartements ;
tu seras notre joie et notre allégresse.
Nous célébrerons tes amours plus que le vin ;
comme on a raison de t’aimer !
d Ce roi n’est pas YHWH, mais apparemment le nouveau Salomon (3.7-11 ; 8.11), le Messie, fils de David, le roi (v. 12) attendu par la communauté judéenne à l’époque du second Temple. Par ailleurs, les fiancés sont appelés « roi » et « reine » dans les chants de mariage syriens.
LA BIEN-AIMÉE
5 Je suis noiree et pourtant belle, filles de Jérusalem,f
comme les tentes de Qédar,
comme les pavillons de Salma.g
e Le teint basané (v. 6) devait être celui de l’épouse égyptienne du Salomon historique ; ici, c’est celui d’une fille hâlée par les travaux des champs et qui se compare aux tentes bédouines tissées avec du poil de chèvre. Les anciens poètes arabes opposent le teint clair des filles de bonne naissance (ici, les filles de Jérusalem) à celui des esclaves et des servantes occupées aux travaux extérieurs.
f Les filles de Jérusalem, ou les filles de Sion, 3.11, représentent une assistance que les amoureux interpellent, ici et 2.7 ; 3.5, 11 ; 5.8, 16 ; 8.4, ou qui intervient pour introduire ou relancer un développement poétique, 1.8 ; 5.9 ; 6.1 ; 7.1.
g « Salma » conj. ; « Salomon » hébr. — Salma et Qédar sont deux tribus d’Arabes nomades.
6 Ne prenez pas garde à mon teint basané :
c’est le soleil qui m’a brûlée.
Les fils de ma mère se sont emportés contre moi,
ils m’ont mise à garder les vignes.
Ma vigne à moi, je ne l’avais pas gardée !h
h Elle a donné son cœur à celui qu’elle aime.
7 Dis-moi donc, toi que mon cœur aime :
Où mèneras-tu paître le troupeau,i
où le mettras-tu au repos, à l’heure de midi ?
Pour que je n’erre plus en vagabonde,
près des troupeaux de tes compagnons.
i Réminiscence possible de Gn 37.16. Le thème de la séparation et de la recherche, si fréquent dans la littérature amoureuse, se retrouve dans 3.1s ; 4.8 ; 5.2s ; 6.1. Il apparaît souvent dans les textes prophétiques sous la forme « chercher-trouver » (cf. Os 5.6 ; Am 5.4 ; 2 Ch 15.2s, etc.).
LE CHŒUR
8 Si tu l’ignores, ô la plus belle des femmes,
suis les traces du troupeau,
et mène paître tes chevreaux
près de la demeure des bergers.
LE BIEN-AIMÉ
9 À ma cavale, attelée au char de Pharaon,
je te compare, ma bien-aimée.j
j Référence explicite à l’Égypte, ce qui ne surprend pas si l’on pense à la fille de Pharaon, épouse païenne de Salomon, 1 R 3.1 (cf. 1 R 10.29). Comparaison classique dans l’ancienne poésie arabe et dans Théocrite.
10 Tes joues restent belles, entre les pendeloques,
et ton cou dans les colliers.
11 Nous te ferons des pendants d’or
et des globules d’argent.
DUOk
12 — Tandis que le roi est en son enclos,
mon nard donne son parfum.
k Les amoureux sont ensemble, et les parfums rares et capiteux, nard, myrrhe, cypre, signifient le plaisir qu’ils éprouvent de cette rencontre, vv. 12-14. Ils sont enlacés, 2.6 (8.3). La bien-aimée qui parle dans 2.3-7 supplie qu’on ne réveille pas celui qu’elle aime (« mon amour »). Le refrain 2.7 est repris en 3.5 et en 8.3-4 (fin de poème).
13 Mon bien-aimél est un sachet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
l Premier emploi du terme dodî, « aimé », « chéri » qui rappelle le surnom de Salomon, yedidia « aimé de YHWH » (2 S 12.25), et aussi le nom de David (cf. 5.10).
14 Mon bien-aimé est une grappe de henné,
dans les vignes d’En-Gaddi.m
m La « Source du Chevreau », sur la rive ouest de la mer Morte, avec une oasis fertile où croissaient aussi, d’après d’autres textes, le baume et le palmier.
15 — Que tu es belle, ma bien-aimée,
que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes.
16 — Que tu es beau, mon bien-aimé,
combien délicieux !
Notre lit n’est que verdure.
17 — Les poutres de notre maison sont de cèdre,
nos lambris de cyprès.