Le livre de la Sagesse a probablement vu le jour dans la communauté juive d'Alexandrie en Égypte une trentaine d'années avant notre ère. L'auteur s'exprime en un grec assez littéraire mais, comme le titre l'indique, son œuvre s'inscrit dans la ligne des « écrits de sagesse », tels les livres hébreux des Proverbes, de Job et de l'Ecclésiaste ou certains Psaumes. Il connaît bien la Genèse, l'Exode, le livre d'Ésaïe, les Proverbes, mais aussi la grande littérature grecque, Homère, Platon. Il cherche à témoigner de sa foi juive avec les moyens de la pensée grecque. Il s'adresse ainsi à des Juifs que la culture grecque peut détourner de la foi de leurs ancêtres, et peut-être aussi à des lecteurs grecs, et il veut les convaincre de la valeur de l'héritage spirituel d'Israël.
— La première section du livre (chap. 1—6) est consacrée à une réflexion sur la destinée humaine. Dieu, en créant l'homme, l'a voulu immortel (2.23). C'est le mal qui conduit à la mort ! En comparant le sort final des fidèles et des méchants, l'auteur invite à fuir le mal et à rechercher la Sagesse.
— Une deuxième section (chap. 7—9) fait l'éloge de la Sagesse. Celle-ci est indispensable à tous, mais particulièrement à ceux qui ont la responsabilité de diriger les nations. Pour l'expliquer l'auteur s'identifie au roi Salomon, que la tradition israélite considérait comme le Sage par excellence (comparer 1 Rois 3.4-15 ; 5.9-14). C'est à Dieu qu'il faut demander la Sagesse.
— La troisième section (chap. 10—19) pourrait être intitulée « la Sagesse dans l'histoire sainte ». Sous la forme d'une prière de Salomon, elle passe en revue les récits de la Genèse et surtout de l'Exode. L'auteur parle à l'occasion des religions païennes pour souligner la miséricorde du Seigneur même envers ceux qui pratiquaient des cultes insensés.
L'auteur propose ainsi une réinterprétation des textes bibliques à travers la mentalité grecque, mais aussi comme on le faisait de son temps dans certaines communautés juives. Il n'est donc pas étonnant de voir apparaître ici des conceptions inconnues de l'Ancien Testament hébreu, comme la séparation de l'âme et du corps (9.15) ou l'immortalité de l'âme (3.14 ; 8.17 ; 15.3 ; etc.).
1 Vous qui gouvernez la terre, aimez ce qui est juste ! Dirigez vos réflexions vers le Seigneur avec droiture, recherchez-le d'un cœur sincère.
4 La Sagessea n'entre pas dans un cœur malfaisant, elle n'habite pas chez un être que domine le péché. [a Voir Prov 1.20 et la note.]
6 La Sagesse est bien disposée envers les humains, mais elle punit celui qui offense Dieu par ses paroles. Dieu voit jusqu'au fond du cœur de l'homme, il connaît exactement ses sentiments et entend tout ce qu'il dit.
12 Ne courez pas à la mort en vivant d'une façon déréglée, n'attirez pas sur vous la ruine par vos actions.
16 Les gens qui méprisent Dieu appellent la mort par leurs actes et leurs paroles. Ils brûlent de désir pour elle, car ils la croient leur amie, et ils font alliance avec ellee. Oui, ils sont bien dignes d'être de son parti ! [e alliance avec elle : comparer És 28.15.]