Nouvelle Bible Segond – Genèse 10
Les peuples de la terre
1Ch 1.5-23
10 Voici la généalogie des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet. Des fils naquirent d'eux après le déluge. [Comme le montre le v. 32, ce chap. répartit l'humanité en trois groupes rattachés aux trois Fils de Noé, selon leur implantation géographique (voir « La grande famille d'Abraham : Israël et ses voisins ») et selon leur langue (v. 5,20,31), d'après les critères de l'époque : On distinguera ainsi : 1) les peuples situés au nord-ouest du pays d'Israël, autour de la Méditerranée, et notamment les Grecs (Japhet, v. 2-5) ; 2) les civilisations du « croissant fertile » (Cham, v. 6-20) ; 3) les peuples du Proche-Orient, dont Israël (Sem, v. 21-31 ; voir aussi 11.10-32). Cette « table des nations » comporte soixante-dix noms dans le texte hébreu traditionnel, soixante-douze dans LXX ; cf. Dt 32.8n ; Lc 10.1n ; voir aussi non-Juifs. – généalogie v. 32 ; 2.4n.]
2 Les fils de Japhet furent : Gomer, Magog, Médie, Grèce, Toubal, Méshek et Tiras. [Gomer : sans doute les Cimmériens d'Asie Mineure (Ez 38.6). – Magog : peut-être les Lydiens de Gygès (Ez 38.2n ; 39.6). – Médie : hébreu Madaï, qui désigne les Mèdes ou la Médie, au nord de la Perse (2R 17.6 ; 18.11 ; Es 13.17 ; 21.2 etc.). – Grèce : hébreu Yawân, désignation des Ioniens et, plus tard, des Grecs en général (Es 66.19 ; Ez 27.13 ; Za 9.13 ; Dn 8.21+). – Toubal et Méshek : sans doute en Asie Mineure, au sud de la mer Noire (Es 66.19n ; Ez 27.13 ; 32.26 ; 38.2s ; 39.1 ; Ps 120.5). – Tiras : probablement les Tyrrhéniens ou Etrusques, habitants primitifs de l'Italie.]3 Les fils de Gomer : Ashkenaz, Riphath et Togarma. [Ashkenaz : sans doute les Scythes (Jr 51.27). – Togarma : probablement une autre désignation (cf. v. 2) des Cimmériens ; voir Ez 27.14n ; 38.6.]4 Les fils de Grèce : Elisha et Tarsis, Chypre et Rhodes. [Elisha est traditionnellement identifié à Alashaïa, appellation babylonienne de Chypre ; certains croient cependant que ce nom désignerait plutôt Carthage ; d'autres pensent qu'il serait une déformation de celui d'Ulysse et s'appliquerait à des îles Ioniennes, en particulier Ithaque, dont l'Odyssée célèbre la pourpre (cf. Ez 27.6s). – Tarsis : port de la péninsule ibérique et, par extension, la péninsule elle-même (Es 23.6 ; 66.19 ; Jr 10.9 ; Ez 27.12 ; Jon 1.3n etc.). – Chypre : en hébreu Kittim (pluriel), qui désigne Chypre et ses habitants, et par extension tous les peuples navigants, y compris les Grecs (Nb 24.24 ; Es 23.1 ; Jr 2.10 ; Ez 27.6 ; Dn 11.30). – Rhodes : hébreu Rodanim, d'après certains mss hébreux et des versions anciennes (LXX p. ex.), comme en 1Ch 1.7 ; cf. Ez 27.15n. Le texte hébreu traditionnel porte ici Dodanim (les équivalents hébreux des lettres d et r se confondent facilement), que d'autres modifient différemment pour traduire les Dananéens.]5 C'est par eux qu'ont été peuplées les îles des nations dans leurs pays, chacun selon sa langue, clan par clan, dans leurs nations. [C'est par eux qu'ont été peuplées : litt. à partir d'eux furent réparties ; cf. v. 32. – îles : le mot hébreu désigne aussi les régions côtières, cf. Es 11.11+. – langue v. 20,31 ; cf. 11.1. – clan 8.19n.]
Un prisonnier hittite (cf. Gn 10.15n), avec les traits caractéristiques des Hittites dans plusieurs représentations égyptiennes : visage glabre, cheveux longs, nez aquilin.
D’après un bas relief de l’époque de Ramsès II (≈ 1290-1224 av. J.-C.) à l’entrée du grand temple d’Abou-Simbel, en Haute-Egypte).
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6 Les fils de Cham furent : Koush, Egypte, Pouth et Canaan. [Koush ou Nubie : cf. v. 8n ; voir 2.13n. – Egypte : hébreu Mitsrayim (12.10 etc.). – Pouth : sans doute la Libye (Es 66.19n ; Jr 46.9 ; Ez 27.10 ; 30.5 ; 38.5 ; Na 3.9). – Canaan 9.18n,25, voir v. 15-19.]7 Les fils de Koush : Seba, Havila, Sabta, Rama et Sabteka. Les fils de Rama : Saba et Dedân. [Tous les noms de ce v. désignent de petits royaumes d'Arabie (cf. v. 28s). – Seba Es 43.3n ; 1Ch 1.9. – Havila 2.11n. – Rama Ez 27.22. – Saba : hébreu Sheva' v. 28 ; 25.3 ; 1R 10// ; Es 60.6n ; Jr 6.20 ; Ez 27.22s ; 38.13 ; Jl 4.8 ; Ps 72.10,15 ; Jb 1.15 ; 6.19. – Dedân 25.3 ; Jr 25.23 ; 49.8 ; Ez 25.13 ; 27.15,20 ; 38.13.]8 Koush engendra aussi Nemrod ; c'est lui qui, le premier, fut un héros sur la terre. [Koush : certains pensent qu'à la différence du v. 6n, ce nom désigne ici l'éponyme ou ancêtre des Kassites, un peuple qui a dominé Babylone entre le XVIe et le XIIe s. av. J.-C. – Nemrod ou Nimrod : ce nom, qui pourrait signifier en hébreu nous nous révolterons, rappelle probablement celui du principal dieu de Babylone, Mardouk, ou celui de Ninourta, dieu de la guerre et de la chasse ; il pourrait conserver le souvenir d'un roi assyrien ou babylonien dont le nom incluait celui de la divinité ; voir aussi Mi 5.5. – héros : cf. 6.4 ; c'est le même mot hébreu qui sera traduit par vaillant au v. 9 ; il est souvent rendu par guerrier ; cf. Jg 6.12+.]9 Il fut un vaillant chasseur devant le SEIGNEUR ; c'est pourquoi l'on dit : « Comme Nemrod, vaillant chasseur devant le SEIGNEUR. » [vaillant : cf. v. 8n. – chasseur 25.27 etc. Les rois de Mésopotamie apparaissent souvent sur les fresques aux prises avec des lions ; leurs exploits de chasse leur confèrent un statut de bienfaiteurs et fondent leur pouvoir politique. – devant le SEIGNEUR : cf. Jon 3.2n.]10 Il régna d'abord sur Babylone, Erek, Akkad et Kalné, au pays de Shinéar. [Il régna d'abord : litt. le commencement (cf. 1.1n) de son royaume (comme en 20.9) fut. – Babylone : hébreu Babel (11.9n). – Erek ou Ourouk, en Babylonie méridionale. – Akkad peut désigner une ville au nord de la Babylonie et, plus généralement, la région de Babylone. – Kalné : cf. Es 10.9 ; Am 6.2 (?). – Shinéar (11.2 ; 14.1,9 ; Jos 7.21 ; Es 11.11 ; Za 5.11 ; Dn 1.2) est également une désignation de la Babylonie, peut-être plus particulièrement en usage parmi les peuples situés à l'ouest de l'Euphrate.]11 De ce pays-là il sortit vers l'Assyrie ; il bâtit Ninive, la ville de Rehoboth, Kalah [De ce pays-là... : traduction incertaine ; on pourrait aussi comprendre : De ce pays-là sortit Assyrie (hébreu 'Ashour, nom habituel de l'empire assyrien et de sa première capitale), cf. v. 22 ; 2.14n ; voir aussi Nb 24.22n. – il bâtit 11.4ss. – Ninive, capitale de l'Assyrie 2R 19.36 ; Es 37.37 ; Jon 1.2 etc. ; Na 1.1 etc. ; So 2.13. – Rehoboth : Largeurs ou Places, cf. 26.22n. – Kalah : Puissance (?), aussi appelée Kalhou en akkadien, identifiée à Tell Nimroud sur le Tigre, à environ 35 km en aval de Ninive ; cf. v. 12.]12 et Résen, entre Ninive et Kalah : c'est la grande ville. [c'est la grande ville : cette phrase pourrait s'appliquer à Résen, mais aussi à Kalah, capitale de l'Assyrie après Ashour (ou Assour) et avant Ninive (qui est aussi appelée grande ville en Jon 1.2 ; 3.2s ; 4.11).]13 Egypte engendra les Loudites, les Anamites, les Lehabites, les Naphtouhites, [Les noms énumérés ici désignent les habitants des différentes parties de l'Egypte. – Loudites Jr 46.9. – Naphtouhites : cf. Jos 15.9 ; 18.15.]14 les Patrosites, les Kaslouhites, d'où sont sortis les Philistins, et les Kaphtorites. [Patrosites : au sud de l'Egypte ; cf. Es 11.11 ; Jr 44.15 ; Ez 30.14. – Les Kaslouhites sont sans doute à rattacher aux Kaphtorites, car les Philistins (26.14,15,18 etc.) sont décrits comme originaires de Kaphtor, c.-à-d. de Crète ou de la côte sud de l'Asie Mineure, en Am 9.7 ; voir aussi Dt 2.23 ; Jr 47.4. A partir du XIIe s. av. J.-C., les Philistins étaient implantés dans la région côtière de l'actuelle Gaza. C'est de leur nom que vient celui de Palestine.]
15 Canaan engendra Sidon, son premier-né, et Heth ; [Sidon : une des villes des Phéniciens, port sur la Méditerranée (v. 19 etc.). – Heth est probablement considéré comme l'ancêtre des Hittites (15.20 ; 23.3ss etc.) qui ont envahi le Proche-Orient à partir de l'Asie Mineure, aux XIVe et XIIIe s. av. J.-C. Plus tard le terme hittite a été étendu, dans l'usage mésopotamien, de façon à inclure toute la région à l'ouest de l'Euphrate, la Syrie et le pays d'Israël.]16 et les Jébusites, les Amorites, les Guirgashites, [A partir d'ici et jusqu'au v. 19, les noms sont au singulier (collectif) dans le texte, comme régulièrement dans une telle liste de peuples : le Jébusite, l'Amorite, etc. – Jébusites : habitants de Jébus, qui deviendra Jérusalem (Jos 15.8 ; 18.28 ; Jg 1.21 ; 19.10 ; 2S 5.6-9). Cette population était réputée être d'origine amorite et hittite (Ez 16.3,45). – Le terme Amorites désignait sans doute à l'origine les habitants de l'Amourrou, nom de la région située à l'ouest de l'Euphrate (Syrie et pays d'Israël) dans les textes babyloniens depuis le IIIe millénaire ; dans la Bible il s'applique en particulier à la région montagneuse centrale de Canaan (Nb 13.29 ; Dt 1.7,19s,44 ; Jos 11.3), et en général à l'ensemble de la population préisraélite (Gn 15.16 ; 48.22 ; Jos 10.12 ; Am 2.9s). – Les autres peuples cités jusqu'au v. 18 sont vraisemblablement d'anciens habitants de la Syrie ou de Canaan, mais il est difficile de les identifier plus précisément. Cf. Ex 3.8n.]17 les Hivvites, les Arqites, les Sinites, [Hivvites 34.2 ; 36.2 ; Ex 3.8 ; Jos 9.7 ; Jg 3.3.]18 les Arvadites, les Tsemarites, les Hamatites. Ensuite, les clans des Cananéens se dispersèrent. [Arvadites : cf. Ez 27.8n,11.]19 Le territoire des Cananéens s'étendit depuis Sidon, du côté de Guérar, jusqu'à Gaza, et, du côté de Sodome, de Gomorrhe, d'Adma et de Tseboïm, jusqu'à Lésha. [Le territoire : autre traduction la frontière. – Sur la côte méditerranéenne, Sidon (10.15) marque la limite nord, Guérar (20.1ss ; 26.1ss) et Gaza (10.14n) la limite sud. – Adma et Tseboïm sont au sud de la mer Morte, près de Sodome et Gomorrhe (13.10 ; 14.2,8 ; Dt 29.22 ; Os 11.8). – Lésha n'a pas été identifiée.]20 Ce sont là les fils de Cham, clan par clan, langue par langue, dans leurs pays, dans leurs nations. [V. 5n.]
21 Des enfants naquirent aussi de Sem, père de tous les fils de Héber et frère de Japhet, l'aîné. [Sem v. 1n ; 11.10ss. – Héber (v. 24 ; 11.16) est sans doute à rattacher aux Hébreux (14.13 ; 39.14,17 ; 40.15 ; 41.12 ; 43.32). Selon certains, ce nom, qui viendrait d'une racine signifiant passer, traverser, les aurait désignés, d'un point de vue cananéen, comme ceux qui venaient d'au-delà (de l'est) du fleuve (l'Euphrate au temps des migrations d'Abraham, le Jourdain lors de la conquête ; Jos 3.14s ; 24.2s) ; il peut aussi être rattaché à la terminologie administrative des empires mésopotamiens, les désignant au contraire comme habitant au-delà (à l'ouest) de l'Euphrate ; on l'a souvent rapproché du terme Habirou ou ‘Apirou, qui s'appliquait, dans le Proche-Orient ancien, à un type de population sans attache géographique ou tribale fixe, et dès lors susceptible de se mettre au service de divers maîtres. Le mot hébreu s'applique encore à des esclaves en Ex 21.2 ; Dt 15.12 ; Jr 34.9,14 ; il n'apparaît que 34 fois dans la Bible hébraïque, le plus souvent dans la bouche d'étrangers ou du moins dans un contexte qui distingue les Hébreux de non-Israélites (voir aussi Ex 1.15s,19 ; 2.6,11,13 ; 3.18 ; 5.3 ; 7.16 ; 9.1,13 ; 10.3 ; 1S 4.6,9 ; 13.3,7,19 ; 14.11,21 ; 29.3 ; Jon 1.9). – l'aîné : on peut comprendre aussi bien frère aîné de Japhet (cf. 9.24,27) que frère de Japhet, celui-ci étant l'aîné (ainsi LXX).]22 Les fils de Sem furent : Elam, Assyrie, Arpakshad, Loud et Aram. [Elam : à l'est du Tigre, autour de la ville de Suse ; 14.1,9 ; Es 11.11n ; 21.2 ; 22.6 ; Jr 49.34ss ; Ez 32.24 ; Dn 8.2 ; Esd 4.9n. – Assyrie : cf. v. 11n. – Arpakshad : le nom d'Arpakshad désigne peut-être aussi une région à l'est du Tigre (Arrapah) v. 24 ; 11.10-13. – Loud pourrait être la Lydie (voir Es 66.19 ; Ez 27.10 ; 30.5 ; mais cf. Gn 10.13). – Aram : les Araméens, habitants soit de Mésopotamie (en hébreu 'Aram naharayim, Aram des deux fleuves, 24.10), soit de Syrie ('Aram Damméseq, Aram de Damas, 2S 8.5).]23 Les fils d'Aram : Outs, Houl, Guéter et Mash. [Outs : sans doute une région d'Arabie (22.21 ; 36.28 ; Jr 25.20 ; Jb 1.1 ; Lm 4.21).]24 Arpakshad engendra Shélah, et Shélah engendra Héber. [Entre Arpakshad (v. 22n) et Shélah LXX mentionne Kaïnan (hébreu Qénân), cf. 5.9 ; Lc 3.36 ; de même dans la généalogie de 11.10-17.]25 D'Héber il naquit deux fils : le nom du premier était Péleg, parce qu'en ses jours la terre fut partagée, et le nom de son frère était Yoqtân. [Péleg : du verbe traduit par fut partagée (ou divisée) ; allusion probable au récit de 11.1-9 ; cf. 11.18ss. – Yoqtân signifie il est petit.]26 Yoqtân engendra Almodad, Shéleph, Hatsarmaveth, Yerah, [Tribus arabes (jusqu'au v. 28). – Hatsarmaveth : peut-être l'Hadramaout au sud de la péninsule arabique.]27 Hadoram, Ouzal, Diqla, [Ouzal : cf. Ez 27.19n.]28 Obal, Abimaël, Saba, [Saba (hébreu Sheva') : cf. v. 7n.]29 Ophir, Havila et Yobab. Tous ceux-là sont les fils de Yoqtân. [Ophir (1R 9.28 ; 10.11 ; 22.49 ; Es 13.12 ; Ps 45.10 ; Jb 22.24 ; 28.16) et Havila (Gn 2.11) sont des pays producteurs d'or, sans doute en Arabie.]30 Leurs lieux d'habitation s'étendent depuis Mésha, du côté de Sephar, jusqu'aux montagnes de l'est. [Noms de lieux inconnus. – de l'est ou de l'orient 2.8n ; cf. Nb 23.7 ; Dt 33.15n.]
31 Ce sont les fils de Sem, clan par clan, langue par langue, dans leurs pays, nation par nation. [V. 5n.]32 Voilà les clans des fils de Noé, selon leur généalogie, dans leurs nations. C'est à partir d'eux que les nations se sont réparties sur la terre après le déluge. [généalogie 2.4n.]