10 Judith, ayant cessé d'invoquer le Seigneur, se leva du lieu où elle était prosternée contre terre devant le Seigneur.
2 Elle appela sa servante, descendit dans sa maison, ôta son cilice, quitta ses habits de veuve,
3 Se lava le corps, se parfuma de myrrhe précieuse, orna sa chevelure et mit une parure magnifique sur sa tête*. Elle se revêtit d'habits de joie, mit des sandales à ses pieds, prit des bracelets, des lis, des pendants d'oreilles, des anneaux, et se para de tous ses ornements.
Le texte porte qu'elle se mit sur la tête une mitre. C'était un ornement de laine, de soie, de lin, avec une lame d'or ou d'argent, destiné à relever et à soutenir la chevelure. La mitre des femmes était souvent enrichie de perles et de pierres précieuses. Nous trouvons ici l'énumération des principaux ornements dont les femmes juives se servaient alors pour rehausser leur beauté.
4 Dieu même augmenta sa beauté, parce que toute cette parure n'avait pas pour principe la passion, mais la vertu. Ainsi le Seigneur augmenta sa beauté, afin de la faire paraître aux yeux de tous dans un éclat incomparable.
5 Elle donna à sa servante un petit vase de vin, un vase d'huile, de la farine, des figues sèches, du pain et du fromage*, et partit.
Elle faisait porter de quoi se nourrir, parce que les Juifs craignaient de se souiller en mangeant des mêmes aliments que les infidèles ; la plupart de leurs viandes étaient d'abord offertes aux idoles, ou c'étaient des viandes impures défendues aux Juifs.
6 Arrivée avec sa servante à la porte de la ville, elle trouva Ozias et les anciens de la ville qui l'attendaient.
7 En la voyant ils furent étonnés, et admirèrent sa beauté.
8 Ils ne lui adressèrent cependant aucune demande, et la laissèrent passer, en disant : Que le Dieu de nos pères vous accorde sa grâce, et qu'il affermisse par sa force toutes les résolutions de votre cœur, afin que Jérusalem se glorifie en vous, et que votre nom soit au nombre des saints et des justes.
9 Et tous ceux qui étaient présents répondirent d'une seule voix : Ainsi soit-il, ainsi soit-il.
10 Cependant Judith, priant Dieu, franchit les portes, elle et sa servante.
11 Comme elle descendait de la montagne vers le point du jour, les gardes avancées des Assyriens la rencontrèrent et la prirent, en disant : D'où venez-vous ? et où allez-vous ?
12 Elle répondit : Je suis une fille des Hébreux ; j'ai fui parce que j'ai reconnu que vous devez prendre et piller leur ville, puisqu'ils vous ont méprisés et n'ont pas voulu se rendre à vous volontairement, afin que vous leur fissiez miséricorde.
13 C'est pourquoi j'ai dit en moi-même : J'irai trouver le prince Holoferne pour lui découvrir leurs secrets, et lui donner un moyen de les prendre sans perdre un seul homme de son armée.
14 En entendant ces paroles, les soldats considéraient son visage, et leurs yeux étaient surpris, tant ils admiraient sa beauté.
15 Et ils lui dirent : Vous avez sauvé votre vie en prenant cette résolution de venir trouver notre prince.
16 Or sachez que lorsque vous serez devant lui, il vous traitera bien, et que vous lui serez très-agréable. Ils la menèrent donc à la tente d'Holoferne, en l'annonçant.
17 Dès qu'elle parut devant Holoferne, il fut aussitôt pris par les yeux.
18 Ses officiers lui dirent : Qui pourrait mépriser le peuple des Hébreux ? ils ont des femmes si belles, que pour elles nous devons bien les combattre.
19 Judith, voyant donc Holoferne assis sous son pavillon, qui était de pourpre brodée d'or, relevée d'émeraudes et de pierres précieuses,
20 Et ayant jeté les yeux sur son visage, se prosterna en terre, et l'adora* ; et les gens d'Holoferne la relevèrent par ordre de leur maître.
Elle lui rendit les respects qu'on avait coutume de rendre aux princes.