chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible de Jérusalem – Jérémie 10

Idoles et vrai Dieu.f

10 Écoutez la parole que Yahvé vous adresse, maison d’Israël !

f Ce passage, qui ne semble pas être de la main du prophète, développe des thèmes proches de la seconde partie d’Isaïe néant des faux dieux, cf. Isa 40.20, exaltation de Yahvé Créateur, cf. Isa 42.8. Le texte est surchargé. Les vv. 6-8 et 10 manquent dans le grec, dont l’ordre est différent. Le v. 11 est une glose araméenne du v. 12. Les vv. 12-16 sont repris en 51.15-19.

2 Ainsi parle Yahvé :
N’apprenez pas la voie des nations,
ne soyez pas terrifiés par les signes du ciel,
même si les nations en éprouvent de la terreur.
3 Oui, les coutumesg des peuples ne sont que vanité ;
ce n’est que du bois coupé dans une forêt,
travaillé par le sculpteur, ciseau en main,

g Littéralement « les décrets », ou « les lois », mais le mot est pris ici en mauvaise part ce sont les règles auxquelles obéissent les peuples païens, cf. 2 R 17.8.

4 puis enjolivé d’argent et d’or.
Avec des clous, à coups de marteau, on le fixe,
pour qu’il ne bouge pas.
5 Comme un épouvantail dans un champ de concombres, ils ne parlent pas ;
il faut les porter, car ils ne marchent pas !
N’en ayez pas peur : ils ne peuvent faire de mal,
et de bien, pas davantage.

6 Nul n’est comme toi, Yahvé,
tu es grand,
ton Nom est grand dans sa puissance.
7 Qui ne te craindrait, roi des nations ?
C’est bien cela qui te convient !
Car parmi tous les sages des nations
et dans tous leurs royaumes,
nul n’est comme toi.

8 Tous tant qu’ils sont, ils sont bêtes, stupides :
l’instruction que donnent les Vanités, c’est du bois !
9 C’est de l’argent en feuilles, importé de Tarsis,
c’est de l’or d’Ophir,h
une œuvre de sculpteur ou d’orfèvre ;
on les revêt de pourpre violette et écarlate,
ce sont tous œuvre d’artisan.

h Hébr. « Ouphaz »; ce mot revient dans Dn 10.5, mais il est sans doute une mauvaise graphie de Ophir, lu par syr. et Targ. Ophir, site incertain de la côte occidentale de l’Arabie, est le pays de l’or, Gn 10.29 ; 1 R 9.28, etc. Sur Tarsis qu’on a parfois voulu identifier à Tartessos, au sud de l’Espagne, cf. 1 R 10.22.

10 Mais Yahvé est le Dieu véritable,
il est le Dieu vivant et le Roi éternel.
Quand il s’irrite, la terre tremble,
les nations ne peuvent soutenir sa colère.
11 (Voici ce que vous direz d’eux : « Les dieux qui n’ont pas fait le ciel et la terre seront exterminés de la terre et de dessous le ciel. »)
12 Il a fait la terre par sa puissance,
établi le monde par sa sagesse
et par son intelligence étendu les cieux.
13 Quand il donne de la voix,
c’est un mugissement d’eaux dans le ciel ;
il fait monter les nuages du bout de la terre,
il produit les éclairs pour l’averse
et tire le vent de ses réservoirs.
14 Alors tout homme se tient stupide, sans comprendre,
chaque orfèvre rougit de ses idoles ;
ce qu’il a coulé n’est que mensonge,
en elles, pas de souffle !
15 Elles sont vanité, œuvre ridicule ;
au temps de leur châtiment, elles disparaîtront.
16 La Part de Jacob n’est pas comme elles,
car il a façonné l’univers
et Israël est la tribu de son héritage.
Son nom est Yahvé Sabaot.

Panique dans le pays !

17 Ramasse à terre ton bagage,
toi l’assiégée !i

i La nation israélite personnifiée est de nouveau interpellée. La menace semble plus proche qu’en 9.9-21.

18 Car ainsi parle Yahvé :
Voici, je vais lancer au loin
les habitants du pays,
cette fois-ci,
et les mettre dans l’angoisse
pour qu’ils me trouvent.j

j « me trouvent » syr. ; « trouvent » hébr. Une correction dans la vocalisation permettrait de lire « pour qu’ils soient trouvés », c’est-à-dire atteints par leurs ennemis, mais le thème du retour à Dieu provoqué par la souffrance est courant chez les prophètes, cf. 29.12-13 ; 31.16-19 ; Isa 17.4-7 ; 30.20 ; Ba 2.30-32 ; Os 5.14-15 ; Mi 4.10-11 ; Za 10.9, cf. aussi Dt 4.29.

19 — « Malheur à moi !k Quelle blessure !
ma plaie est inguérissable.
Et moi qui disais :
Ce n’est que cela ma souffrance ? Je la supporterai !

k Lamentation de la nation personnifiée.

20 Or ma tente est détruite,
toutes mes cordes sont coupées.
Mes fils m’ont quitté : ils ne sont plus ;
plus personne pour remonter ma tente,
pour tendre mes toiles. »
21 — C’est que les pasteurs furent stupides :
ils n’ont pas cherché Yahvé.
Aussi n’ont-ils point réussi
et tout le troupeau a été dispersé.
22 Un bruit se fait entendre ! Le voici !
Un grand vacarme vient du pays du Nord
pour réduire les villes de Juda
en solitude, en repaire de chacals.

23 Je le sais, Yahvé,
la voie des humains n’est pas en leur pouvoir,
et il n’est pas donné à l’homme qui marche
de diriger ses pas !
24 Corrige-moi, Yahvé, mais dans une juste mesure,
sans t’irriter, pour ne pas trop me réduire.

25 Déverse ta fureur sur les nations
qui ne te connaissent pas,
et sur les familles
qui n’invoquent pas ton nom.
Car elles ont dévoré Jacob,
elles l’ont dévoré et achevé,
elles ont dévasté son domaine.

chapitre précédent retour chapitre suivant