10 Je suis dégoûté de ma vie !
Je vais donner libre cours à ma plainte,
je vais parler dans mon amertume. [à ma plainte : le texte hébreu ajoute sur moi, peut-être au sens de sur mon sort, LXX sur lui, c.-à-d. sur (ou contre) Dieu. – amertume 7.11+.]
2 Je dis à Dieu : Ne me condamne pas !
Fais-moi savoir de quoi tu m'accuses ! [6.24+. – Ne me condamne pas : autre traduction ne me déclare pas méchant ; cf. v. 7 ; 9.20n.]
3 Te paraît-il bien d'exercer l'oppression,
de rejeter le produit de ton travail
et de faire briller ta lumière sur les projets des méchants ? [rejeter : autre traduction mépriser ; cf. 5.17 ; 7.16n. – le produit de ton travail : litt. la fatigue de tes mains ; cf. 39.11,16n ; Gn 31.42n ; Ag 1.11. – faire briller... : c.-à-d. favoriser les projets des méchants.]
4 As-tu des yeux de chair,
vois-tu comme voit un mortel ? [Cf. 21.4 ; 1S 16.7 ; Os 11.9. – mortel 4.17n.]
5 Tes jours sont-ils comme les jours d'un mortel,
et tes années comme les jours d'un homme,
6 pour que tu cherches ma faute,
pour que tu t'enquières de mon péché, [14.16.]
7 sachant bien que je ne suis pas un méchant,
et que personne ne délivre de ta main ? [un méchant v. 2n,15 ; 9.29. – personne ne délivre Dt 32.39.]
8 Tes mains m'ont façonné, elles m'ont fait
tout entier... Et tu m'engloutirais ! [façonné Gn 2.7 ; Ps 119.73. – tout entier : traduction conjecturale (litt. ensemble, tout autour) ; certains, s'inspirant de LXX et Syr, modifient le texte hébreu traditionnel pour lire et, changeant d'avis, tu m'engloutirais ? Cf. 2.3n.]
9 Souviens-toi, je t'en prie, que tu m'as fait comme avec de l'argile ;
voudrais-tu me faire retourner à la poussière ? [argile 33.6 ; Es 64.7. – à la poussière Gn 3.19.]
10 Ne m'as-tu pas coulé comme du lait ?
Ne m'as-tu pas caillé comme du fromage ? [Cf. Sagesse 7.1s : « Je suis moi aussi un homme mortel, égal à tous, descendant du premier qui fut modelé de terre. Dans le ventre d'une mère, j'ai été sculpté en chair durant dix mois, ayant pris consistance dans le sang à partir d'une semence d'homme et du plaisir qui accompagne le sommeil. »]
11 Tu m'as revêtu de peau et de chair,
tu m'as tissé d'os et de tendons ; [Jr 1.5 ; Ps 139.13.]
12 tu m'as accordé vie et vigueur,
tes soins ont gardé mon souffle. [vigueur : selon un des sens possibles du terme hébreu traduit le plus souvent par fidélité ; autres traductions éclat ; ta fidélité ; cf. Es 40.6n. – mon souffle ou mon esprit.]
13 Mais voilà ce que tu réservais dans ton cœur,
je sais ce qui était dans ta pensée : [Voir cœur. – ce qui était... : litt. que ceci (est) avec (ou chez) toi.]
14 si je pèche, tu m'observes,
et tu ne me tiens pas pour innocent de ma faute. [7.21.]
15 Si je suis un méchant, quel malheur pour moi !
Si je suis un juste, je n'ose lever la tête,
rassasié de mépris et absorbé dans mon affliction. [9.20. – Voir justice. – mépris Pr 3.35+. – absorbé : le mot hébreu n'apparaît qu'ici ; certains comprennent ivre d'affliction. – affliction ou humiliation, cf. 22.29 ; 30.11,16,27 ; 36.8,15,21 ; 37.23 ; voir aussi Dt 8.2n.]
16 Et si j'ose la redresser, tu me pourchasses comme un lion ;
tu fais encore à mes dépens des exploits étonnants, [si j'ose la redresser : litt. s'il se redresse (le mot tête est du masculin en hébreu). Des versions anciennes ont lu je suis épuisé. – comme un lion 16.9.]
17 tu m'opposes de nouveaux témoins,
ta contrariété à mon sujet augmente,
une armée prend la relève pour m'assaillir. [une armée... pour m'assaillir : litt. relèves et armée avec moi ; cf. 15.24 ; 16.14.]
18 Pourquoi m'as-tu fait sortir du ventre de ma mère ?
J'aurais expiré, aucun œil ne m'aurait vu ; [3.1+,11. – du ventre de ma mère : autre traduction du sein maternel.]
19 je serais comme si je n'avais jamais existé,
j'aurais été porté du ventre de ma mère à la tombe. [3.16+.]
20 Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ?
Qu'il me laisse !
Qu'il se retire de moi,
et que je reprenne un peu courage, [Mes jours... 7.7+ ; autre traduction le petit nombre de mes jours ne va-t-il pas cesser ? – Qu'il se retire... : cf. 7.19+.]
21 avant que je m'en aille, pour ne plus revenir,
au pays des ténèbres et de l'ombre de mort, [ténèbres / ombre de mort : cf. 3.5n.]
22 pays de ténèbres profondes, d'obscurité totale,
ombre de mort, où ne règne aucun ordre,
où la lumière est comme l'obscurité ! [d'obscurité totale : litt. comme l'obscurité, comme à la fin du v. le texte hébreu accumule les synonymes. – où la lumière est comme l'obscurité : litt. et brille (v. 3) comme l'obscurité, traduction incertaine ; cf. 38.17.]