Vigouroux – Psaumes 102
(Hébreu : 102).
Ce psaume est un des sept de la pénitence. Le Psalmiste y implore le secours de Dieu avec les sentiments de la plus vive componction et de la plus profonde humilité. Quelques Pères y voient une prière de Jésus-Christ à son Père, prière dans laquelle il lui recommande son Eglise.
101 Prière (Oraison) du pauvre. Lorsqu’il sera (est) dans l’affliction (l’anxiété), et qu’il (quand il) répand(ra) sa supplication en présence du Seigneur.
[101.1-29 Ce pauvre n’est pas un individu, c’est le peuple d’Israël, affligé, probablement en captivité. ― Voici la suite des idées : versets 2 et 3 : Invocation à Dieu, versets 4 à 12 : pour qu’il ait pitié de l’affliction de son peuple ; tableau de cette affliction. ― Versets 13 à 23 : Raisons qu’à Dieu de le secourir. ― Versets 24 à 29 : Contraste entre l’éternité de Dieu et la brièveté de la vie de l’homme, motif pour obtenir la prolongation de nos jours. ― Ce psaume est le 5e des Psaumes de la pénitence.]
2 Seigneur, exaucez ma prière, et que mon cri aille jusqu’à vous. 3 Ne détournez pas de moi votre visage ; en quelque jour que je sois affligé (dans la tribulation), inclinez vers moi votre oreille. En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi promptement. 4 Car mes jours se sont évanouis comme la fumée, et mes os se sont desséchés comme le bois du foyer (une broutille). 5 J’ai été frappé comme (une) l’herbe, et mon cœur s’est desséché (flétri), parce que j’ai oublié de manger mon pain. 6 A force de pousser des (la voix de mes) gémissements, mes os se sont attachés à ma peau. [101.6 A la voix de mon gémissement ; c’est-à-dire à cause de mon gémissement, à force de gémir. ― Peau ; littéralement chair, mot qui ne convient nullement ici ; car il n’y a rien d’étonnant à ce que les os tiennent à la chair. D’un autre côté, le terme arabe correspondant à l’hébreu s’emploie pour exprimer peau, épiderme, cuir, pellicule, écorce. Ainsi, le Psalmiste veut dire que, dans son extrême affliction, sa chair s’est tellement consumée, que ses os n’ont pu adhérer qu’à sa peau.]7 Je suis devenu semblable au pélican du désert ; je suis devenu comme le hibou des maisons (dans sa demeure). [101.7 Par ces comparassions et les suivantes, le Psalmiste veut dépeindre la tristesse. ― Le pélican, se nourrissant de poissons, vit au bord de la mer ou des fleuves, loin de la demeure des hommes. ― Le hibou dans sa demeure, en hébreu le hibou des ruines, qui habite les ruines. Ces deux oiseaux étaient dans la loi mosaïque des animaux impurs. Voir Lévitique, 11, 17-18.]8 J’ai veillé, et je suis devenu comme le passereau qui se tient seul sur le toit. 9 Tout le jour mes ennemis me faisaient des reproches (m’outrageaient), et ceux qui me louaient (auparavant) conspiraient avec serment (faisaient des imprécations) contre moi. 10 Parce que je mangeais (de) la cendre comme du pain, et que je mêlais mon breuvage avec mes larmes (pleurs) ; 11 à cause (l’aspect) de votre colère et de votre indignation, car après m’avoir élevé vous m’avez écrasé (brisé). 12 Mes jours se sont évanouis comme l’ombre, et je me suis desséché comme l’herbe. 13 Mais vous, Seigneur, vous subsistez éternellement, et la mémoire de votre nom s’étend de race en race. [101.13 Toutes les générations. Voir Psaumes, 88, 2.]14 Vous vous lèverez, et vous aurez pitié de Sion, car il est (le temps est venu, le) temps d’avoir pitié d’elle, et le temps est venu. 15 Car ses pierres sont aimées de vos serviteurs, et (la vue de) sa terre les attendrit. [101.15 Parce que ses pierres, etc. Les ruines de Sion ont été agréables aux serviteurs de Dieu, Zorobabel, Esdras et Néhémie. Les Juifs, dit Bossuet, aimaient jusqu’aux ruines de leur patrie et du temple et en chérissaient la poussière, où ils venaient offrir leurs dons.]16 Et les nations craindront (révéreront) votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre votre gloire, [101.16 Et les nations, etc. C’est dans l’Eglise de Jésus-Christ que ces paroles ont eu leur parfait accomplissement.]17 parce que le Seigneur a bâti Sion, et qu’il sera vu dans sa gloire. 18 Il a regardé la prière des humbles, et il n’a point méprisé leur prière (demande). 19 Que ces choses soient écrites pour la génération future, et le peuple qui sera créé (naîtra) louera le Seigneur 20 parce qu’il a regardé du haut de son lieu saint. Le Seigneur a regardé du ciel sur la terre, 21 pour entendre les gémissements des captifs (détenus dans les fers), pour délivrer les fils de ceux qui avaient été tués, 22 afin qu’ils annoncent dans Sion le nom du Seigneur, et sa louange dans Jérusalem, 23 lorsque les (des) peuples et les (des) rois s’assembleront pour servir (conjointement) le Seigneur. [101.23 Lorsque des peuples, etc. C’est après la venue de Jésus-Christ que ces prophéties ont été accomplies. Comparer au verset 15. ― Le Psalmiste demande dans ces versets que tous les peuples chantent la gloire de son Dieu : « Il est exaucé, dit le comte de Maistre, après avoir appelé cette prière ; parce qu’il n’a chanté que l’Eternel, ses chants participent de l’éternité ; les accents enflammés confiés aux cordes de sa lyre divine retentissent encore, après trente siècles, dans toutes les parties de l’univers. La synagogue conserva les Psaumes ; l’Eglise se hâta de les adopter ; la poésie de toutes les nations chrétiennes s’en est emparée, et depuis plus de trois siècles le soleil ne cesse d’éclairer quelques temples dont les voûtes retentissent de ces hymnes sacrées. On les chante à Rome, à Genève, à Madrid, à Londres, à Québec, à Quito, à Moscou, à Pékin, à Botany-Bay ; on les murmure au Japon. »]24 Il lui (a) dit dans (le temps de) sa force : Faites-moi connaître le petit nombre de mes jours. [101.24 Il a dit. C’est ici le vrai sens du verbe hébreu que la Vulgate a rendu, d’après les Septante, par il a répondu (respondit). Quant au sujet de ce verbe, c’et probablement le pauvre (pauper) mentionné dans le titre du psaume. ― Lui ; c’est-à-dire au Seigneur, nommé au verset précédent. ― Dans le temps de sa force ; littéralement dans la voie de sa force ; lorsqu’il était dans la vigueur, à la fleur de l’âge.]25 Ne me rappelez pas au milieu de mes jours ; vos années durent d’âge en âge. 26 Dès le (Au) commencement, Seigneur, vous avez fondé la terre, et les cieux sont l’œuvre de vos mains. 27 Ils périront, mais vous, vous demeurez (toujours), et ils vieilliront tous comme un vêtement. Vous les changerez comme un manteau (un habit dont on se couvre), et ils seront changés ; [101.27-28 Saint Paul, dans Hébreux, 1, 10-12, applique les paroles de ces trois versets au Fils de Dieu.]28 mais vous, vous êtes toujours le même, et vos années ne passeront point. 29 Les fils de vos serviteurs auront une demeure permanente, et leur postérité sera stable (dirigée) à jamais. [101.29 Sera dirigée ; selon l’hébreu, sera fermement établie.]