Vigouroux – Psaumes 109
(Hébreu : 109).
Le Psalmiste implore le secours du Seigneur contre ses ennemis, qui l’outragent de mille manières. Les Pères ont regardé ce psaume comme une prophétie du malheur qui devait arriver au traître Juda et aux Juifs meurtriers de Jésus-Christ, dont les souffrances sont aussi parfaitement représentées dans la personne de David.
108 Pour la fin, psaume de David.
[108.1 Ce psaume, comme le 68e, demande à Dieu de châtier sévèrement les ennemis de David, ou de Jésus-Christ dont David est la figure. Celui contre qui s’élève ici le Psalmiste est sans doute Doëg, la figure de Judas Iscariote, voir Actes des Apôtres, 1, 20 ; Jean, 17, 12. ― Dans les versets 2 à 5 et 26 à 31, l’auteur parle de ses ennemis au pluriel, dans les autres au singulier, parce qu’il appelle les vengeances de Dieu contre tous les ennemis de son peuple, en même temps que contre son ennemi personnel. ― Versets 2 à 5 : Mal qu’ont fait au Psalmiste les méchants, en retour de ses bienfaits. ― Versets 6 à 10 : Que Dieu donc accable le traître de maux dans sa famille ; ― versets 11 à 15 : dans sa fortune, sa postérité et sa mémoire ; ― Versets 16 à 20 : à cause de ses iniquités. ― Versets 21 à 25 : Que le Seigneur au contraire ait pitié du Psalmiste affligé et malade ; ― Versets 26 à 31 : qu’il le délivre de ses ennemis, et il recevra ses remerciements.]
2 O Dieu, ne (vous) taisez pas (sur) ma louange, car la bouche du pécheur et la bouche de l’homme fourbe (d’un trompeur) sont ouvertes contre moi. 3 Ils ont parlé contre moi avec une langue perfide (trompeuse), ils m’ont (comme) assiégé par leurs discours haineux, et ils m’ont fait la guerre sans sujet (gratuitement). 4 Au lieu de m’aimer, ils me calomniaient ; mais moi, je demeurais en prière. 5 Ils m’ont rendu le mal (des maux) pour le (des) bien(s), et (de) la haine pour mon amour. 6 Livrez-le au pouvoir du pécheur, et que le démon (diable) se tienne à sa droite. [108.6 Sur lui. Ce singulier que le Psalmiste emploie dans ce verset et dans les suivants, jusqu’au 19e inclusivement, signifie chacun d’eux, c’est-à-dire chacun de ses ennemis, qu’il met dans tout le reste du psaume au pluriel. Ce changement de nombre, dans des récits semblables, n’est pas sans exemple chez les écrivains sacrés. Cependant, selon d’habiles interprètes, David désigne spécialement par ce singulier le principal de ses adversaires, que les uns prétendent être Doëg, l’Iduméen, qui était à la cour de Saül (voir 1 Rois, 21, 7), et les autres, Achitophel, le Gilonite, un des conseillers de David, lequel prit part à la conjuration d’Absalom (voir 2 Rois, 15, vv. 12, 31). ― Quant aux malédictions et aux imprécations qui suivent, voir la fin des Observations préliminaires.]7 Lorsqu’on le jugera, qu’il sorte condamné, et que sa prière même soit imputée à péché. [108.7 Que sa prière même, etc. ; c’est-à-dire que sa défense même, et les prières qu’il pourra adresser à ses juges, ne servent qu’à les irriter davantage contre lui, et ne le rendent que plus coupable à leurs yeux, parce qu’elles manqueront des qualités qui pourraient les rendre efficaces et méritoires.]8 Que ses jours soient abrégés, et qu’un autre reçoive sa charge (son épiscopat). [108.8 Qu’un autre reçoive son épiscopat. Saint Pierre cite ces paroles dans Actes des Apôtres, 1, 20, et les applique à Judas Iscariote. Le mot grec épiscopat, conservé ici, signifie, comme le mot hébreu original, surveillance, charge, fonction. Doëg, dont parle le Psalmiste, était chargé de la garde des troupeaux de Saül. Il est la figure de Judas, qui trahit son maître, comme Doëg trahit David.]9 Que ses enfants (fils) deviennent orphelins, et que sa femme devienne veuve. 10 Que ses enfants errent vagabonds (fils ballottés soient transférés d’un autre dans un autre) et qu’ils mendient, et qu’ils soient chassés de leurs demeures (habitations). 11 Que (Qu’un) l’usurier recherche et enlève (scrute) tout son bien, et que les étrangers ravissent le fruit de ses travaux. 12 Que personne ne l’assiste, et que nul n’ait compassion de ses orphelins. 13 Que tous ses enfants périssent, et que son nom soit effacé au cours d’une seule génération. 14 Que l’iniquité de ses pères revive dans le souvenir du Seigneur, et que le péché de sa mère ne soit point effacé. 15 Qu’ils soient toujours présents devant le Seigneur, et que leur mémoire disparaisse (entièrement) de dessus la terre ; 16 parce qu’il ne s’est point souvenu de faire miséricorde, 17 qu’il a poursuivi l’homme pauvre et indigent, et l’homme au cœur brisé, pour le faire mourir. 18 Il a aimé la malédiction, et elle tombera sur lui ; il n’a pas voulu de la bénédiction, et elle sera éloignée de lui. Et il s’est revêtu de la malédiction comme d’un vêtement ; elle a pénétré comme l’eau au-dedans de lui, et comme l’huile dans ses os. 19 Qu’elle lui soit comme le vêtement qui le couvre, et comme la ceinture dont il est toujours ceint. 20 C’est ainsi que le Seigneur punira (Telle est, auprès du Seigneur, l’œuvre de) ceux qui me calomnient, et qui profèrent le mal contre mon âme. [108.20 Telle est, etc. ; telle sera auprès du Seigneur la récompense de ceux qui etc.]21 Et vous, Seigneur, Seigneur, prenez ma défense à cause de votre nom, parce que votre miséricorde est pleine de douceur (douce). Délivrez-moi, 22 car je suis pauvre et indigent, et mon cœur est tout troublé au-dedans de moi. 23 Je disparais comme l’ombre à son déclin, et je suis secoué (chassé) comme les sauterelles. [108.23 Chassé, littéralement agité, secoué.]24 Mes genoux se sont affaiblis par le jeûne, et ma chair est toute changée, parce qu’elle est privée d’huile. [108.24 A été changée ; desséchée ; c’est-à-dire j’ai beaucoup maigri. ― Qui m’a manqué. Ces mots sont évidemment sous-entendus ; le contexte le démontre. D’un autre côté, la particule hébraïque, traduite dans les Septante et dans la Vulgate par à cause, signifie entre autres choses, faute de, à défaut de. Comme nous l’avons déjà remarqué les anciens croyaient que les onctions d’huile faites sur le corps étaient presque aussi nécessaires que la nourriture.]25 Je suis devenu pour eux un sujet d’opprobre ; ils m’ont vu, et ils ont branlé (secoué) la tête. 26 Secourez-moi, Seigneur mon Dieu ; sauvez-moi selon votre miséricorde. 27 Et qu’ils sachent que c’est votre main, et que c’est vous, Seigneur, qui faites ces choses. [108.27 Cela (eam). Les Hébreux, n’ayant pas le genre neutre, et le remplaçant par le féminin, mettent aussi quelquefois le féminin pour le neutre.]28 Ils (me) maudiront, mais vous, vous (me) bénirez. Que ceux qui se lèvent contre moi soient confondus, tandis que votre serviteur se réjouira (sera dans l’allégresse). 29 Que ceux qui me calomnient soient couverts de honte, et qu’ils soient revêtus de leur confusion comme d’un manteau (double). 30 Ma bouche célébrera le Seigneur de toute sa force, et je le louerai (chanterai ses louanges) au milieu d’une grande assemblée (multitude), 31 parce qu’il s’est tenu à la droite du pauvre, pour sauver mon âme de ceux qui la persécutent.