Vigouroux – Sagesse 11
La sagesse a conduit les Israélites dans le désert. Miracle de l’eau tirée du rocher par Moïse. Sagesse de Dieu marquée dans les plaies dont il frappa l’Egypte. Bonté de Dieu pour ses créatures.
11 C’est elle qui a dirigé leurs œuvres par les mains d’un saint prophète. [11.1 Voir Exode, 16, 1. ― D’un saint prophète ; c’est-à-dire de Moïse, appelé en effet prophète dans plusieurs passages de l’Ecriture. Voir Nombres, 12, 6-7 ; Deutéronome, 18, 15 ; 34, 10.]2 Ils ont marché par des lieux inhabités, et ont dressé leurs tentes dans les déserts. [11.2 Par des déserts, dans le Sinaï.]3 Ils ont tenu bon contre le(ur)s ennemis, et se sont vengés de leurs adversaires. [11.3 Voir Exode, 17, 13. ― Contre leurs ennemis ; les Amalécites (voir Exode, chapitre 17), les Chananéens (voir Nombres, chapitre 21), les Madianites (voir Nombres, chapitre 25 et 26), Og, roi de Basan, et Séhon, roi des Amorrhéens (voir Nombres, chapitre 21 ; Deutéronome, chapitres 3 et 29).]4 Ils ont eu soif, et ils vous ont invoqué, et vous leur avez donné de l’eau d’un rocher élevé, et vous avez désaltéré leur soif au moyen d’une pierre dure. [11.4 Et il leur a été donné, etc. Comparer à Exode, chapitre 27 ; Nombres, chapitre 20.]5 Car, de même que leurs ennemis avaient été punis en ne trouvant pas d’eau, alors que les enfants d’Israël étaient dans l’abondance et dans la joie (se réjouirent d’en avoir en abondance), [11.5 Dans la Vulgate, le sens de ce verset n’est achevé que dans le suivant. Les exigences de notre langue s’opposant à la traduction littérale, nous avons tâché cependant de nous écarter le moins possible de la lettre du texte sacré. L’auteur rappelle ici que les Egyptiens furent tourmentés par la soif, parce que toutes les eaux de leur pays furent changées en sang par Moïse et Aaron (voir Exode, 7, 19-20), tandis que les Israélites se réjouirent d’en avoir en abondance de potable. ― L’expression dans elles (in eis) est le complément ou le régime du verbe ils se réjouirent (lætati sunt) ; et le pronom elles (eis), en particulier, remplace le mot eaux (aquis) représenté dans le verset même par boisson (potus).]6 au contraire, ceux-ci furent privilégiés (bien traités) lorsqu’ils se trouvèrent dans le besoin. [11.6 Eux-mêmes ; les Israélites. ― Furent bien traités ; puisque le Seigneur leur donna de l’eau toutes les fois qu’ils en manquèrent.]7 En effet, au lieu des eaux d’un fleuve intarissable, vous avez donné du sang humain aux méchants (hommes injustes). [11.7 D’un fleuve ; du Nil. ― Qui coulait toujours ; cela est dit par opposition aux torrents et aux lacs qui tarissent et ne durent que peu.]8 Et tandis que leur nombre diminuait, en punition du meurtre des enfants, vous donniez à votre peuple une eau abondante, d’une manière inespérée, [11.8 Les Egyptiens diminuèrent en nombre, parce qu’il en mourait beaucoup par la soif.]9 montrant, par la soif qu’il endura alors, comment vous relevez ceux qui sont à vous, et vous faites périr leurs adversaires. 10 Car après avoir été éprouvés, mais par un châtiment mêlé de miséricorde, ils surent (comprirent) de quelle manière sont tourmentés les impies quand vous les jugez avec colère. 11 (A la vérité) Vous avez éprouvé les uns comme un père qui avertit ; et (mais) vous avez condamné les autres comme un roi sévère qui demande des comptes (interroge). 12 Soit absents, soit présents, ils étaient également tourmentés. [11.12 Absents, etc. Ils furent tourmentés, non seulement par les plaies dont Dieu les frappa, lorsque les Israélites étaient encore parmi eux, mais aussi par la douleur qu’ils continuèrent à éprouver, même après leur départ, à cause des grandes pertes qu’ils avaient faites.]13 Car, au souvenir du passé, ils trouvaient un double sujet d’ennui et de gémissement. 14 (Car) En apprenant que ce qui avait fait leur tourment était devenu un bien pour les autres, ils se ressouvinrent du Seigneur, et admirèrent l’issue des choses. 15 Car celui qui avait été le sujet de leurs railleries, à cause de la cruelle exposition à laquelle il avait été abandonné, fut à la fin l’occasion de leur étonnement, quand leur soif fut (si) différente de celle des justes. [11.15 Leur soif n’étant pas semblable à celle des justes ; celle des Egyptiens, dans leur propre pays, dura longtemps, et les décima ; celle des Hébreux cessa dans le désert, dès qu’ils demandèrent de l’eau au Seigneur. ― Celui qu’ils tournèrent en dérision est Moïse.]16 Pour punir les pensées extravagantes de leur iniquité, et l’égarement qui leur faisait adorer des serpents muets et des bêtes méprisables (inutiles), vous avez envoyé contre eux, par vengeance, une multitude d’animaux muets, [11.16 Voir Sagesse, 12, 24. ― Adoraient des serpents muets et des bêtes inutiles (supervacuas) ; le grec porte de peu de valeur, viles. On sait que les Egyptiens rendaient un culte à toutes sortes d‘animaux qu’ils entretenaient dans leurs temples, bœufs, chats, crocodiles, etc.]17 afin qu’ils sussent (par là) que l’on est tourmenté par où l’on a péché. 18 Car il n’était pas difficile (impossible) à votre main toute-puissante, qui a créé l’univers (le globe de la terre) d’une matière informe, d’envoyer contre eux une multitude d’ours, ou des lions féroces (pleins d’audace), [11.18 Voir Lévitique, 26, 22 ; Sagesse, 16, 1 ; Jérémie, 8, 17. ― Informe ; c’est le sens du grec ; la Vulgate porte qui ne se voit pas (invisa).]19 ou des bêtes d’une espèce nouvelle et inconnue, pleines de fureur, respirant une vapeur de feu, ou répandant une fumée infecte, ou lançant par leurs yeux d’horribles étincelles, 20 capables non seulement de les exterminer par leur morsure, mais de les faire mourir (de frayeur) par leur seul aspect. 21 Et même sans cela ils pouvaient périr d’un seul souffle, poursuivis par leurs propres crimes et renversés par le souffle de votre puissance ; mais vous avez réglé toutes choses avec mesure, et avec nombre, et avec poids. 22 Car la souveraine puissance est à vous seul, et vous demeure toujours ; et qui pourra résister à la force de votre bras ? [11.23 Ce qui fait pencher une balance ; le moindre poids, un grain léger.]23 Car le monde est devant vous comme le grain (ce) qui fait incliner la balance, et comme la goutte de rosée qui tombe sur la terre avant l’aurore (le jour). 24 Mais vous avez pitié de tous, parce que vous pouvez tout ; et vous dissimulez les péchés des hommes, pour qu’ils fassent pénitence (à cause du repentir). 25 Vous aimez tout ce qui est, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait ; car, si vous l’aviez haï, vous ne l’auriez pas établi ni créé (ce n’est pas inspiré par la haine que vous établi quelque chose, ou que vous l’avez fait). 26 Comment une chose pourrait-elle subsister, si vous ne le vouliez pas (l’aviez pas voulu) ? ou comment ce que vous n’auriez pas appelé à la vie serait-il conservé ? 27 Mais vous pardonnez à tous parce que tout est à vous, Seigneur, qui aimez les âmes.