TOB – 2 Maccabées 11
Première campagne de Lysias
(1M 4. 26-35)
11 Très peu de temps après, Lysias, tuteur et parent du roi, à la tête des affaires du royaume, très affecté par les derniers événements, [Lysias : voir 1 M 3.32 et la note.
— parent du roi, tout comme frère (v. 22) est un titre officiel ; voir 1 M 2.18 et la note.
— à la tête des affaires : voir la note sur 2 M 3.7.]2 rassembla environ quatre-vingt mille fantassins avec toute sa cavalerie et se mit en marche contre les Juifs, comptant faire de la ville une résidence pour les Grecs, 3 soumettre le sanctuaire à un impôt à l'instar des autres temples des nations et mettre en vente tous les ans la dignité de grand prêtre, 4 sans tenir aucun compte de la puissance de Dieu, mettant une confiance arrogante dans ses myriades de fantassins, dans ses milliers de cavaliers et ses quatre-vingts éléphants.
5 Arrivé en Judée, il s'approcha de Bethsour, place forte distante de Jérusalem d'à peu près cinq skhènes, et la pressa vivement. [Mesure de distance qui équivaut à 5,5 km environ.]6 Lorsque Maccabée et les siens apprirent que Lysias assiégeait les forteresses, ils supplièrent le Seigneur avec gémissements et larmes, de concert avec la foule, d'envoyer un bon ange à Israël pour le sauver. [ange protecteur Ex 14.19 ; 23.20 ; 33.2 ; voir Tb 5.4.]7 Maccabée lui-même, prenant les armes le premier, exhorta les autres à s'exposer avec lui au danger pour secourir leurs frères. Ceux-là s'élancèrent, poussés par une ardeur commune ; 8 alors qu'ils se trouvaient encore près de Jérusalem, un cavalier vêtu de blanc apparut à leur tête, agitant des armes d'or. [apparition 2 M 2.21+.]9 Tous à la fois bénirent alors le Dieu miséricordieux et se sentirent animés d'une grande force, prêts à transpercer non seulement des hommes, mais aussi les bêtes les plus sauvages et des murailles de fer. 10 Ils avancèrent en ordre de bataille, ayant un allié venu du Ciel, le Seigneur ayant eu pitié d'eux. 11 Fonçant sur les ennemis à la façon des lions, ils firent tomber onze mille fantassins et seize cents cavaliers et contraignirent toute l'armée des ennemis à fuir. 12 La plupart d'entre eux s'échappèrent blessés et sans armes, et Lysias lui-même se sauva par une fuite honteuse.
Paix avec les Juifs
(1M 6. 57-61)
13 Mais Lysias, ne manquant pas de sens, réfléchit sur la défaite qu'il venait d'essuyer et, comprenant que les Hébreux étaient invincibles puisque le Dieu puissant était leur allié, il envoya des messagers 14 leur proposer la réconciliation sous toutes conditions équitables et promit d'obliger aussi le roi à devenir leur ami. 15 Maccabée consentit à tout ce que proposait Lysias par souci du bien public, et tout ce que Maccabée transmit par écrit à Lysias au sujet des Juifs, le roi l'accorda.
16 La lettre écrite aux Juifs par Lysias était ainsi libellée : « Lysias à l'ensemble des Juifs, salut ! 17 Jean et Absalom, vos émissaires, m'ayant remis l'acte transcrit ci-dessous, m'ont prié de ratifier les articles qu'il contient. [Jean : c'est le nom d'un des frères de Judas Maccabée (1 M 2.2), mais on ignore si c'est de lui qu'il s'agit ici.
— Absalom est un personnage important ; deux de ses fils exerceront des commandements militaires (voir 1 M 11.70 ; 13.11).]18 J'ai donc exposé au roi ce qui devait lui être soumis, après avoir moi-même accordé ce qui était possible. 19 Si donc vous conservez vos dispositions favorables envers l'Etat, je m'efforcerai aussi à l'avenir de travailler à votre bien. 20 Quant aux matières de détail, j'ai donné des ordres à vos émissaires et à mes gens pour en conférer avec vous. 21 Portez-vous bien. L'an cent quarante-huit, le vingt-quatre du mois de Dioscore. » [L'an cent quarante-huit : en 164 av. J.C. (voir la note sur 1 M 1.10).
— Dioscore : mois du calendrier crétois équivalent à Xanthique du calendrier séleucide, et à Adar du calendrier juif ; voir au glossaire CALENDRIER.]
22 La lettre du roi contenait ce qui suit : « Le roi Antiochus à son frère Lysias, salut ! [frère : voir la note sur 2 M 11.1.]23 Notre père ayant émigré vers les dieux, et nous-même voulant que les habitants de notre royaume soient exempts de trouble pour s'appliquer au soin de leurs propres affaires, [notre père : Antiochus Epiphane.
— émigré vers les dieux : cette façon de parler de la mort est traditionnelle chez les Séleucides qui avaient coutume de rendre un culte aux souverains défunts.]24 ayant appris que les Juifs, ne consentant pas à l'adoption des mœurs grecques voulue par notre père, mais préférant leur manière de vivre particulière, demandent qu'on leur permette l'observation de leurs lois, 25 désirant donc que ce peuple soit lui aussi exempt de trouble, nous décidons que le Temple leur soit restitué et qu'ils puissent vivre en citoyens selon les coutumes de leurs ancêtres. 26 Tu feras donc bien d'envoyer quelqu'un vers eux et de leur tendre la main afin que, connaissant le parti adopté par nous, ils aient confiance et passent leur temps à gérer en toute sérénité leurs propres affaires. »
27 A l'adresse de la nation des Juifs, la lettre du roi était ainsi conçue : « Le roi Antiochus au sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut ! [sénat ou Assemblée des Anciens : voir 1 M 12.35.]28 Si vous allez bien, cela est conforme à nos vœux, et nous-même nous sommes en bonne santé. 29 Ménélas nous a fait connaître votre désir de retourner chez vous pour vaquer à vos affaires. [Ménélas 2 M 4.23-25.]30 Tous ceux qui retourneront chez eux avant le trente du mois de Xanthique obtiendront l'assurance de l'impunité. 31 Les Juifs pourront faire usage de leurs aliments particuliers et de leurs lois comme par le passé, et personne d'entre eux ne sera molesté d'aucune façon pour des fautes commises par ignorance. 32 J'ai envoyé aussi Ménélas pour vous tranquilliser. 33 Portez-vous bien. L'an cent quarante-huit, le quinze du mois de Xanthique. » [Xanthique : voir la note sur 2 M 11.21.]
34 Les Romains de leur côté adressèrent aux Juifs une lettre de cette teneur : « Quintus Memmius, Titus Manilius et Manius Sergius, légats romains, au peuple des Juifs, salut ! [Titus... Sergius : traduction incertaine ; le texte grec omet les noms de Manilius et de Sergius, mais ces deux personnages sont connus.
— Quintus Memmius, lui, n'est pas connu, mais un membre de sa famille avait été légat, c'est-à-dire envoyé officiel, en 170 av. J.C.]35 Les choses que Lysias, parent du roi, vous a accordées, nous vous les concédons aussi. [Voir la note sur 2 M 11.1.]36 Quant à celles qu'il a jugé devoir soumettre au roi, envoyez-nous quelqu'un sans délai après les avoir examinées, afin que nous les exposions au roi d'une façon qui vous soit avantageuse, car nous nous rendons à Antioche. 37 Hâtez-vous donc de nous expédier des gens, afin que nous sachions, nous aussi, quelles sont vos intentions. 38 Portez-vous bien. L'an cent quarante-huit, le quinze du mois de Xanthique. »